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Une année sans achat de jeux de société : bilan et perspectives.

Au rayon des idées les plus stupides que 2020 a pu initier, il y a en a une bonne dizaine qui me viennent à l’esprit. Mais attardons nous sur celle qui aura fait de moi un ascète : une année sans aucun achat de jeux de société.

L’idée ne vient pas de moi, mais d’un fil Tric Trac où Antoinette parlait de son envie de ne plus consommer le jeu de société comme elle pouvait le faire. Elle a pu en tirer un bilan moins positif que le mien et ce ne sont pas les évènements de 2020 qui ont facilité la tâche. De mon côté, j’y ai vu l’opportunité de réfléchir sur mon besoin compulsif d’acheter tout ce qui me faisait de l’œil comme un rédac’ chef devant les jeux de la franchise Warhammer ou Ruvon chez le caviste. Pas de psychologie de comptoir ici puisque je sais exactement pourquoi je me suis retrouvé avec une centaine de jeux de société, sans compter les extensions depuis maintenant trois ans. Malgré quelques erreurs de casting ou des jeux arrivés trop tôt (Forbidden Stars attendra encore), je suis assez content de ma ludothèque actuelle et j’ai déjà quelques achats prévus pour 2021. Rien d’extravagant, mais du lourd, du très très lourd.

Et ce bilan alors ?

Et d’un.

Je peux m’enorgueillir d’avoir offert beaucoup de jeux de société à mon entourage, mais seulement deux voire trois pour moi en une année. L’extension Ascension et Corruption de l’excellent It’s A Wonderful World, le paquet de cartes rencontres alternatives de Tainted Grail et l’extension Stand Alone de Set a Watch sur Ulule. Trois achats raisonnés et raisonnables guidés par un seul argument pour craquer : j’adore les jeux de base. Point de culpabilité ou de flagellation à base de Monopoly version Fornite pour expier. Et si je devais donner une autre raison, elle serait que chaque éditeur a gagné mes faveurs par la qualité et le sérieux de leur démarche. Pas forcément que d’autres éditeurs déméritent, mais la proposition de La Boîte de Jeux, d’Awaken Realms et BoomBoom Games a fait écho chez moi. D’aucuns remarqueront que ce sont trois éditeurs très différents dans leur démarche, mais ont chacun à leur manière une approche du jeu de société qui me parle beaucoup plus que d’autres plus portés sur la com’ à outrance et le kiloplastique.

Un bilan qui se révèle relativement positif malgré des craquages assumés, des moments où j’ai dû embêter (pour rester poli) un certain nombre de personnes avec mes « je vais craquer », « il me le faut », « All-in » et compagnie pour tenter de résister autant que faire se peut et tenir mon engagement (NdHarvester : Quoi ? Noooon, du tout, du tout…). Je pourrais aussi ajouter tous ces paniers qui n’attendent que d’être validés depuis des mois sur différents sites au gré des promos, craquages envisagés et que je vais retrouver dans quelques temps.

Le positif/le négatif ?

Et de deux.

Le positif est d’avoir pu redécouvrir des jeux qui n’avaient pas eu le droit à une seconde chance parce que trop longs ou trop compliqués au premier abord. Dungeonology a eu le droit à un repêchage par ce biais, même si je continue à penser qu’il a été surproduit, qu’il y a trop d’iconographie et le livret de règles mérite une refonte (ce qui sera le cas). J’attends la vague 2 pour avoir la suite (comme pour Tainted Grail où j’ai déjà peur de la taille du carton avec mon all-in gameplay). Les jeux qui ont pu arriver au fil de l’année grâce aux achats sur Kickstarter de l’année 2019 ont aussi pu avoir une place de choix sur la table au lieu de la célèbre pile de la honte que tout bon joueur doit avoir dans un coin de son domicile. Au delà de l’économie non négligeable (les pâtes, c’est fini !), cela m’a aussi permis de découvrir que jouer est possible sur d’autres supports et notamment Board Game Arena où les jeux de plateau sont adaptés au format numérique. J’ai pu ainsi faire de belles découvertes (Lewis et Clarke, entre autres), mais aussi voir qu’adapter un jeu de plateau n’est pas aussi simple que cela (Rallyman GT n’est pas exempt de défauts, par exemple).

Le négatif est de voir passer tous ces jeux qui ne demandent qu’à venir gonfler une ludothèque bien trop fournie et de savoir qu’ils n’auront pas forcément de vie en boutique ou que le prix sera fortement dissuasif en dehors de Kickstarter (Nemesis, je pense à toi). C’est aussi ne plus vivre ces petits moments particuliers quand on ouvre sa boîte nouvellement acquise pour voir si tout est là, la découverte de ce que le jeu propose et les yeux qui brillent devant la profusion de matériel. L’arrivée de certains jeux issus de Kickstarter a bien aidé à avoir sa petite dose de déballage.

Qu’en retenir ?

Et de trois.

Qu’un défi un peu débile peut amener à réviser sa façon de consommer dans une société qui incite à toujours plus sans trop réfléchir. Je ne pense pas réitérer l’expérience de façon aussi extrême parce qu’elle a généré une énorme frustration à certains moments que je n’aurais pas vécu autrement. Me limiter à quelques achats risque de devenir mon credo (This is the Way) pour les prochaines années et surtout, accepter de me séparer de certains jeux pour épurer ma ludothèque.

Pour 2021, j’ai deux achats de prévus. Le premier est Under Falling Skies qui est accessible en PnP gratuit et sera localisé par Iello dans une version augmentée. Le second est Dune Imperium parce que j’aime Dune depuis presque 20 ans, date à laquelle j’ai plongé dans les écrits de Frank Herbert et qu’il sera traduit en VF par Lucky Duck Games. Il y aura probablement un ou plusieurs achats sur Kickstarter dont l’extension stand alone de Skulk Hollow, Maul Peak si elle est localisée. Raisonné et raisonnable.

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.