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It’s a Wonderful World : La 8ème Merveille du monde du jeu de société.

Comment ça trois mois d’avance sur l’arrivée prévue ? Et comment je vais faire pour trouver de la place si la boîte est énorme ? Voilà les deux principales questions qui me sont venues à l’esprit avant même d’avoir It’s a Wonderful World (IWW) entre les mains. Parce que La boîte de jeu / Origames ont prévu large pour la livraison de son jeu en annonçant le mois de février 2020. En plus ils ont toujours fait des campagnes sur Kickstarter simples et efficaces sans surenchère et des stretch goals maîtrisés (mais si, le millier de figurines en plus des campagnes kiloplastiques non testées). Je ne me suis même pas posé la question de la qualité du jeu. Si le principe de construire son empire avec un moteur de production à mettre en place et amasser des points de victoire ne vous rebute pas, ce jeu est pour vous.

La boîte est pleine.

Le thermoformage et moi.

Il n’y en a pas au sens strict du terme, mais il y a des rangements pour chaque objet du jeu. La boîte est littéralement énorme et bien remplie. Elle se compose du jeu de base et des deux campagnes prévues pour la version héritage.

L’intérêt des boîtes pour chaque ressource, celles pour les jetons, celle pour les cartes, celles pour les campagnes, les surprises et la sauvegarde des campagnes est discutable, mais la qualité d’édition est telle qu’il me semble difficile de se plaindre sur ce point. La mise en place est facilitée et il est très simple de tout ranger malgré le côté imposant de l’ensemble.

Mainmise sur les ressources.

Les petites coupelles pour les cubes de ressources sont parfaitement dispensables, mais source d’un magnifique fou rire quand joueur Nain 1 a voulu faire le malin en les mettant à l’envers parce que plus pratique selon lui. A la question » on fait comment pour prendre les cubes dans cette configuration ? » la réponse fut un grand silence suivi d’une légère étincelle dans les yeux au moment où il a compris son erreur.

Comment qu’on joue ?

Empire es-tu là ?

It’s a Wonderful World est un jeu où il faut construire son empire. Il est matérialisé par des cartes à placer au dessus de sa carte Empire (celle sur la photo ci dessus) dès qu’elles sont construites, c’est à dire que les ressources demandées en haut à gauche de la carte sont posées dessus. Le jeu se déroule en trois phases distinctes : la phase de draft, la phase de planification/recyclage et la phase de production. Tout cela répété sur quatre tours voire cinq pour ceux qui veulent faire durer le plaisir. Les règles sont disponibles sur le site de la Boîte de Jeu.

  • La phase de draft : chaque joueur va avoir sept cartes en main au départ, il/elle en choisit une à placer face cachée dans sa zone de draft et passe sa main à son/sa voisin(e) de droite ou de gauche suivant le tour, ainsi de suite jusqu’à que chacun(e) ait sept cartes dans sa zone de draft. Pour le mode deux joueurs, les cartes sont au nombre de dix.
  • La phase de planification / recyclage : chaque joueur/se révèle ses cartes et choisit ce qu’il va en faire. Soit la carte est mise dans la zone de construction (dans l’attente d’être construite et ainsi posée au dessus de la cart Empire), soit elle est recyclée pour gagner une ressource (au nombre de 6 différentes).
  • La phase de production : Lors de cette phase, les joueurs/ses collectent les ressources dans un ordre bien précis (c’est le truc très malin du jeu). En effet, à chaque collecte de ressources, il faut déterminer quel(le) joueur/se a la majorité, c’est à dire qui a collecté le plus de ressources de ce type. Dans le cas d’une majorité franche (sans égalité), il est possible de récupérer un jeton militaire ou financier (très bien indiqué sur le plateau central) qui offrira un point de victoire voire plus selon les cartes produites (certaines cartes ont un système de multiplicateur). Comme si cela ne suffisait pas, la collecte permet aussi de poser les ressources immédiatement sur les cartes dans la zone de production et de les construire immédiatement pour les ajouter à votre empire. Pour ceux et celles qui ont bien suivi, il est tout à fait possible d’augmenter sa production de certaines ressources au cours de cette phase. Si les ressources ne sont pas utilisées/posées sur les cartes pour les construire, elles peuvent être placées sur la carte empire. Quand il y en a cinq, elles sont automatiquement transformées en un cube de Krystallium. Cette ressource est considérée comme un joker. Elle peut être utilisée pour remplacer n’importe quelle ressource. Certaines cartes (puissantes) demandent du Krystallium.
  • La fin du jeu : Au bout de quatre ou cinq tours, on compte les points de victoire en fonction des cartes construites et rien d’autre. Pas de bonus par ressources, ni sur les cartes en construction. Tout se passe sur celles construites.
  • Le but du jeu pour gagner ou perdre: il est simple, il faut construire son empire pour qu’il soit le plus prospère possible. La prospérité se mesurant aux points de victoire (affichés en bas à gauche des cartes). La victoire n’ira pas forcément à celui qui a construit le plus, mais à celui ou celle qui aura amassé le plus de points de victoire au cours de la partie. En cela, il est important de ne pas négliger la phase de draft pour acquérir les cartes intéressantes, mais surtout empêcher les autres de prendre celles qui pourraient les avantager (par exemple, 3x le nombre de cartes vertes peut être très rentable si un joueur s’axe sur la construction de cartes vertes).

Un mode solo pour les gouverner tous

La mise en place est toujours la même peu importe la configuration.

Je suis tombé depuis peu dans le jeu de société moderne (deux ans et quelques) et l’idée de jouer solo m’est rarement venue à l’esprit. Depuis quelques temps, je m’intéresse à ce mode qui se retrouve de plus en plus intégré avec plus ou moins de succès. It’s a Wonderful World possède un mode solo qui fait office de course aux points. Pas d’adversaire virtuel pour mettre des bâtons dans les roues et surtout à devoir gérer sans oublier telle ou telle action. La mise en place est la même que pour le jeu de base.

On prend le gameplay du jeu en enlevant la phase de draft et en la remplaçant par la constitution de 8 paquets de 5 cartes chacun. Pendant la phase de planification et de recyclage, il faudra utiliser deux paquets à la suite. La subtilité vient du fait que le joueur a la possibilité de défausser deux cartes de sa main pour en piocher 5 et n’en garder qu’une. A ne pas oublier lorsqu’il faut atteindre les objectifs donnés. En effet, le mode solo intègre un système de médailles visant à récompenser les joueurs. Atteindre la médaille d’or demande de très bien connaitre le jeu.

Pour aider les débutants, la règle du jeu met à disposition plusieurs scénarii avec des cartes à construire pour découvrir différentes stratégies. Il existe même des scéanrii pour très grands débutants qui seront disponibles sur le site de l’éditeur bientôt. Bien pensés et intégrant le système de médailles, ces scénarii sont une bonne entrée en matière pour appréhender le jeu et ses subtilités tout en offrant un challenge bien corsé.

Le monde solo de It’s a Wonderful World a été pensé au même niveau que les autres et ne fait pas ajouté à la va vite pour satisfaire une demande des joueurs. A moins d’être allergique à la course aux points, il est passionnant et le challenge suffisamment intéressant pour ne pas lasser les joueurs.

Un mode multi pour gouverner seul

Une partie à deux (scénario 2 campagne 1)

Ma plus grande inquiétude dans ce mode de jeu était d’avoir une phase de draft très/trop longue, mais ce n’est pas le cas grâce à une iconographie permettant de très vite savoir les cartes qui nous intéressent. La phase de planification est rapide puisque tout le monde joue en même temps donc pas d’attente à ce niveau. La phase de production est elle aussi très rapide puisque l’on déroule les ressources et la majorité de façon très fluide et naturelle. Et ceci pendant 4 voire 5 tours. Une partie se plie en moins de 45 minutes sauf à avoir un(e) spécialiste de l’analysis paralysis.

Les faces A des cartes Empire sont faites pour les premières parties parce qu’elles sont volontairement asymétriques et aiguillent les joueurs pour la production des cartes. Au bout de quelques parties, elles peuvent devenir frustrantes et je conseille vivement de passer très rapidement aux faces B pour trouver tout le sel du jeu. Fini l’asymétrie et une liberté retrouvée. Les faces C et D sont prévues pour des joueurs confirmés qui veulent augmenter le challenge.

It’s a Wonderful World fonctionne très bien de deux à cinq joueurs et promet beaucoup entre joueurs confirmés. Quand joueur Nain 1 demande sa revanche dès la première partie, c’est très bon signe et encore plus quand joueur Nain 2 veut rejoindre la partie en mode campagne.

Des campagnes pour les plus urbains

Contenu campagne bleue

Au nombre de deux dans la version Kickstarter, la première sera vendue en boutique en 2020. Elle est considérée comme une extension et apporte de nouvelles cartes au jeu de base. La seconde n’est disponible que sur Kickstarter. Pour ceux et celles qui auront craqué en boutique, il est prévu un second kickstarter avec cette campagne + la troisième au mois de février 2020.

Pour ne pas gâcher la surprise, je vais essayer d’en dévoiler le moins possible et parler plus simplement du principe. Une campagne de It’s a Wonderful World est constitué d’un certain nombre de scénarii. Chaque scénario est dans une enveloppe dont le contenu est un paquet de cartes et une règle spécifique. Chaque scénario va apporter un petit twist pour varier la partie et un élément de lore. Les règles de la campagne prédominent toujours sur celles du jeu de base.

Une surprise !

Dès le début de la campagne Kickstarter, La Boîte de Jeu a communiqué sur l’aspect rejouable et non « destructif » des campagnes. En effet, il existe des cartes spécifiques et la récompense pour avoir été au bout est un certain nombre de cartes qui peuvent être ajoutées au jeu de base pour l’enrichir. La deuxième campagne ajoute une ressource supplémentaire, mais chut.

La campagne bleue est prévue pour être jouée après quelques parties. Elle est très accessible et bouscule peu les mécaniques de base tout en les enrichissant. La seconde est clairement plus ambitieuse et s’adresse à des joueurs qui sont à l’aise avec le jeu. Elles sont jouables de un à cinq joueurs et surtout rejouables avec les différents embranchements possibles (légers, mais appréciables). De plus, elles récompensent chaque joueur de manière différente suivant la victoire ou la défaite.

La règle de la première campagne.

D’un élément qui aurait pu apparaître accessoire ou gadget pour faire plaisir aux backers (ceux ou celles qui prennent le jeu sur Kickstarter), l’auteur, Fédéric Guérard et l’éditeur ont créé un jeu dans le jeu en développant le lore, des façons d’aborder le jeu différemment et des récompenses dans le thème tout en restant financièrement abordable (58€ tout compris). Pour quelques dizaines d’euros de plus, c’est quelques heures de bonheur supplémentaires.

Un thème merveilleux ?

Le thème est un aspect qui peut m’importer si le jeu est construit autour (Histoires de peluches, par exemple) et s’il se confond avec la mécanique. Pour IWW, le thème est présent sans être omniprésent. J’avoue que j’y ai fait peu attention sauf pour regarder les cartes de plus près (il y a beaucoup d’Easter eggs). L’illustrateur Anthony Wolff a fait un excellent travail et donne vraiment envie de manipuler les cartes. Le plateau est surtout fonctionnel et ne met pas en avant un thème précis. Construire un empire est plus une excuse qui en vaut une autre pour faire la course aux points.

C’est beau !!!

Pour modérer mon propos sur l’excuse, je précise que le thème de It’s a Wonderful World est la construction de son Empire et il est très bien rendu. Les cartes représentent des bâtiments, des technologies ou des « merveilles ». La direction artistique homogène et des cartes qui demandent des ressources en rapport avec la carte évite toute dissonance au point de trouver naturel d’utiliser telle ou telle ressource pour telle construction.

Je me permets une petite aparté sur les cartes exclusives à Kickstarter. Elles rendent hommage à différents jeux et à l’analysis paralysis de certain(e)s joueurs/ses. Je m’attendais à une intégration un peu forcée et malvenue comme cela arrive parfois pour ce genre d’hommage, mais elles s’intègrent parfaitement tant sur le plan artistique que dans le jeu.

Alors c’est bien ?

Sans dessus dessous pour un empire en fin de partie.

Aujourd’hui, je mets IWW dans mon top 5 des jeux de société. Il a pour lui un matériel agréable, un rangement qui permet une mise en place éclair et surtout des règles très rapidement assimilées. Cette simplicité dans les règles pourraient amener les joueurs/ses plus expérimenté(e)s à le bouder et ils/elles auraient tort (oui, il prend un T à la fin). Pour moi, c’est le genre de jeu qui cache sous son apparente simplicité une profondeur inattendue. Il est jouable en dilettante tout comme de façon sérieuse et procure une satisfaction dans les deux cas. De plus, il faut constamment jongler entre augmenter sa production et s’assurer des points de victoire à la fin du jeu.

Les campagnes sont un vrai plus, mais absolument pas indispensables pour profiter du jeu. Malgré cela, le travail autour ne semble pas avoir été bâclé et au contraire peaufiné pour en faire un argument supplémentaire avec une touche de scénarisation manquante dans le jeu de base.

IWW est un jeu avec une mécanique bien huilée et un travail d’édition remarquable qui mérite d’être souligné.

Nombre de joueurs : 1 à 5

Durée d’une partie : 45min environ  / Age : 14+ (moins si enfant joueur)

Auteur : Frédérice Guerard     / Illustrateur : Anthony Wolff

Editeur : La boîte de Jeu et Origames

Version KS achetée avec mes deniers

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.

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