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Suzerain

Suzerain est un jeu qui m’avait fait de l’oeil durant le Steam Game Festival. Malgré mon intérêt restreint pour le texte à l’écran, j’aime la gestion et le parti pris du jeu de vous plonger dans la peau du nouveau dirigeant d’une nation fictive, Sordland, afin de gérer les différentes crises (économie en ruine, attentats, risques de guerre civile, réfugiés et tensions ethniques…) et d’amener le pays vers la réussite m’avait vraiment charmé.

Ah, le temps où les promesses électorales avaient encore de l’importance.

Votre histoire (enfin celle du personnage principal Anton Rayne) commence après que vous ayez déterminé le chemin qui vous a mené jusqu’à la présidence. Etiez-vous un étudiant réactionnaire qui a survécu aux purges ou un soutien indéfectible du parti ? Avez-vous laissé passer des réfugiés de guerre lors du dernier conflit ou au contraire avez-vous obéit scrupuleusement aux ordres ? Avant de prendre votre poste de président élu, vous devrez aussi déterminer les promesses électorales qui vous ont fait élire.

Ah ici on aussi on peut ne pas voter et se plaindre après ?

Le côté gestion du jeu est assez léger, pour ne pas dire caché. En effet Suzerain est avant tout une aventure narrative qui va vous mettre devant des informations et des choix qu’il faudra faire de la manière la mieux informée et sensée possible. La carte, très jolie et fort bien présentée avec chaque ville clé et les différents pays bordant le vôtre, permet de situer les actions et d’avoir une idée de quelle région a besoin le plus d’investissement ou d’attention, même si tout cela dépendra au final de l’approche que vous désirez prendre.

Vive le bloc note

En effet, le jeu se joue un peu comme un « rogue lite » vu qu’il n’est pas question de sauvegarder pour essayer tel ou tel choix. Vous avez un pays à relever dans tous les domaines, avec de gros chantiers en perspective (réécriture de la constitution, pourparlers de paix, accords commerciaux, projets d’infrastructure). Chaque choix sera définitif et aura un impact sur les événements futurs ou tout du moins sur la perception qu’ont les autres de vous. Car il vous faudra composer avec les différentes factions (Vieille garde, réformistes, centristes, parti des minorités, communistes), les intérêts personnels des plus nantis, les influences étrangères…

Car le jeu se situe dans les années 50 et a de forts relents de guerre froide. Vous associer avec une faction majeure peut avoir de gros avantages comme des sérieux inconvénients (tout le monde ne sera pas ravi de vous voir vous allier avec des communistes ou des libéraux, le pays étant très traditionnaliste par nature).

Un petit changement de la constitution pour le plaisir

Là où le bas blesse c’est que si le jeu vous présente assez bien la situation politique et judiciaire, les intervenants principaux et les pays limitrophes, il y a en revanche presque aucun feedback visuel sur vos actions, sur l’état de l’économie ou l’appréciation de l’opinion populaire. Le joueur ne lance pas d’actions mais suit le flux des événements en tentant de l’influencer. Il y a aussi assez peu d’impact à avoir un budget négatif (bon ce n’est pas un miracle que les investissements massifs sont important pour un pays mais j’ai trouvé un peu étrange de voir le budget national négatif une bonne partie du jeu et de malgré tout n’avoir aucune remarque négative sur mes actions économiques).

Petit retard de construction, comme par hasard.

Suzerain est plus une aventure, une sorte d’expérience, où vous décidez dès le départ des objectifs que vous allez tenter d’atteindre (faire du pays une dictature, une démocratie) et, de manière générale, avoir à gérer tous les obstacles sur votre chemin tout en jonglant avec votre vie de famille, le fait que votre vice président est un fêtard et accessoirement votre meilleur pote ainsi que toute une série d’événements. Niveau gameplay, il y a donc les différents points d’attention éparpillés sur la carte à consulter (le temps s’écoule lorsque vous effectuez certaines actions ou terminez un chapitre) et puis des cessions de « dialogues » avec différents choix (que ce soit pour un discours public ou en conseil des ministres).

Réussir à se faire réélire n’est pas suffisant pour gagner la partie

Malgré le peu de contrôle dont le joueur dispose (pas question d’appeler un ministre pour déclencher une action) on est malgré tout immergé dans cette histoire avec l’envie de réussir nos objectifs qui semblent parfois presque à portée de main mais échouent ou à l’inverse vous offre une victoire historique. Le tout étant majoritairement servi sous forme textuelle, le jeu offre quand même un bloc note pour vous aider à la prise de certaines décisions.

Qui va être juge de la cour suprême ? où ai-je entendu ça ?

Si certains événements semblent parfois incontournables et manquent parfois d’informations sur ce qui a mené à cet état de fait (comme une personne refusant de vous parler ou un pays qui menace de vous envahir) on sait que ce sont nos choix qui ont mené à ce résultat et le jeu donne alors la possibilité de tenter une autre approche dans son prochain run (comptez quand même une petite dizaine d’heures pour le premier run si vous lisez tout).

Petit topo de l’assemblée.

Suzerain est une immersion très réussie dans la peau d’un politicien fictif, la présentation du jeu est tout aussi efficace même si l’amateur de jeux de gestion velus que je suis aurait aimé un peu plus de tableaux Excel. Le côté humain des décisions est assez bien représenté (même si évidemment le tout est un peu en vase clos) et c’est une expérience que je ne peux que recommander avec un prix tout à fait en adéquation avec le contenu.

Développeur : Torpor Games

Editeur : Fellow Traveller

Date de sortie : 4 Décembre 2020

Genre : Jeu narratif, gestion

Prix : 12,49€

Site web

Page Steam

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.