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Still There

Critique de Still There, jeu d’aventure par GhostShark Games

Depuis que l’homme voyage, il a érigé des points de repère, des étapes, des phares, pour savoir où il est et où il va. Sur Terre, l’ère des explorateurs et des cartographes est loin derrière nous ; mais dans l’espace, où tout se meut suivant des lois que l’on commence à peine à comprendre à l’échelle de l’humanité, ces bornes seront d’autant plus nécessaires.

C’est dans l’une de ces stations spatiales immobiles que Karl Hanba émerge difficilement d’un rêve dérangeant. En 2374, les réveils-matin sont toujours aussi pénibles. Son alarme sonne depuis trop longtemps et Gorky, l’IA espiègle et casse-couilles qui a décidément beaucoup de points communs avec Harvester, l’engueule parce qu’il est en retard. Son travail dans cette boite en métal est répétitif, morne, déprimant, on se croirait chez Dystopeek.

Réception de la livraison en cours.

Calculer des coordonnées, activer des relais, ajuster des réglages… Le tout sous la supervision de Gorky qui semble prendre beaucoup trop de plaisir à le houspiller pour un simple programme informatique. Son espace vital est vite résumé : un lit, une kitchenette, une salle de bains, un sas pour recevoir du ravitaillement. Sans oublier son poste de travail, un immense tableau truffé de manettes et de boutons. Et surtout, il est seul, à ressasser son passé, totalement coupé du monde.

L’interface, toute en simplicité, nous permet de nous déplacer dans la station en faisant glisser les panneaux à la souris et pour interagir avec les objets et les commandes, seul le clic gauche sera nécessaire. Karl est dans son phare depuis quelques temps déjà et nos premiers pas seront l’occasion de l’accompagner dans son quotidien ; appuie là, tourne ce bouton, note ces coordonnées, envoie un email. Une bonne excuse pour nous familiariser autant avec l’interface qu’avec Karl via ses commentaires.

Tout va bien, la cuisinière me lâche.

Le premier jour passe, on assimile qu’il s’agit d’un jeu de puzzle avec une composante narrative intéressante mais linéaire. On recommence donc le lendemain, après un bon petit déj préparé avec l’eau qui provient de notre pipi recyclé avec d’autres tâches qui nécessitent d’utiliser d’autres fonctions du tableau. Pour cela, on peut solliciter l’aide de Gorky qui donne des indices, mais le manuel d’utilisation nous dit, une fois qu’on a compris comment le lire, exactement ce qu’il faut faire.

Il se passe des trucs dehors…

Puis l’histoire s’emballe après la réception d’un message de détresse ; commence alors une course pour sauver ce qui peut encore l’être, quitte à se mettre soi-même en danger. Il faudra bidouiller sa station au risque de compromettre son fonctionnement et donc sa survie via de nouveaux puzzles parfois bien velus mais toujours logiques.

Bonjour madame.

Vous l’aviez compris, Still There, le bébé de GhostShark Games est donc un jeu d’aventure. Le studio italien de trois personnes avait avant cela réalisé (entre autres) Blockstorm et contribué à Dex, Night Call ou encore Robocraft. Pas des débutants donc, mais c’est leur premier point&click. Ils ont su lui donner une personnalité propre et un propos qui n’est ni caricatural ni philosophicochiant.

La conclusion de cette histoire est touchante et le twist final, sans être d’une originalité folle, est bien construit. Sous ses airs de point&click avec son interface qui aurait mérité d’être parfois plus intuitive pour la manipulation d’objets, Still There est une aventure de quelques heures d’une grande qualité de finition.

La démocratie dans l’espace du futur, tout un concept à réinventer.

GhostShark nous fournit un petit jeu indé qui mérite le détour pour un prix abordable. Et je ne dis pas ça uniquement parce que j’ai mon nom dans les remerciements. Une belle balade spatiale dans l’immobilité d’une boîte de conserve qui subit l’assaut du temps, de la solitude et des souvenirs douloureux, dans des décors réussis et truffés de clins d’œil.

J’aurais souhaité parfois plus d’interactions avec les nombreux éléments qui encombrent la station. Peut-être aussi plus de contrôle sur les événements ; le scénario est linéaire, notamment le destin de notre petit animal de compagnie qui semble déjà écrit. Je ressors quand même de Still There avec un regret : que l’aventure soit déjà terminée tant j’ai apprécié son intrigue et son gameplay.

Genre : Jeu d’aventure / Point&Click

Site officiel

Développeur : GhostShark Games

Éditeur : Iceberg Interactive

Plateforme : SteamGoG

Prix : 12,49€

Date de sortie : 20 novembre 2019

Testé sur une version Steam fournie par les développeurs

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.