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Star Traders: Frontiers

Critique de Star Traders: Frontiers, jeu d’aventure / RPG / gestion tactique par les Trese Brothers

Je vais vous faire un aveu : malgré mon grand âge, je n’ai jamais joué à un Wing Commander. Par contre, qu’est-ce que j’ai pu passer comme temps sur le spin-off Privateer… Faire du commerce entre les systèmes, parcourir la galaxie en empruntant les points de saut et flinguer des pirates sur une musique que je connais encore par cœur…

J’y ai découvert l’immensité de l’espace, la liberté de se balader, d’être un honnête marchand, un mercenaire pacificateur ou un pirate au grand cœur… Il y avait bien un scénario mais je n’ai jamais pu aller bien loin ; j’étais trop occupé à trouver des routes commerciales rentables. Quel plaisir de suréquiper mon vaisseau pour le faire passer d’une brique de l’espace à une machine de guerre…

Depuis, j’ai cet amour pour les jeux qui permettent ce genre d’expérience : Mount & Blade, Battle Brothers, Elite, X3… Quand un ami m’a rappelé que Star Traders: Frontiers cochait toutes ces cases, j’ai profité de soldes pour le rajouter à ma ludothèque débordante. Je l’avais déjà découvert dans les vidéos de Tchey, sans jamais sauter le pas jusqu’ici.

Le premier contact avec son interface me rappelle que l’ergonomie n’est pas encore un concept intégré par tous. En vrac, on nous balance des chiffres, des noms, des valeurs, dans un bordel touffu et intimidant au premier abord. J’ai mis du temps à comprendre que le jeu se déroule dans un faux tour par tour où toute action coûte du temps. Et la signification des icônes qui entourent les planètes n’est pas encore très claire.

Par contre j’ai vite abandonné l’espoir de me souvenir des noms. Entre les systèmes, les planètes, les bases orbitales, les factions et les personnages, ils sont légion et se ressemblent quand même pas mal, merci la génération procédurale.

C’est donc en tâtonnant que j’ai découvert les voyages inter-systèmes dans une vue du dessus pas toujours lisible. Aborder les combats entre vaisseaux en tour par tour et leurs nombreuses possibilités tactiques est plus aisé. Et ceux entre soldats, pas moins profonds et punitifs, rappellent Darkest Dungeon.

Dès le départ, une faction nous propose des missions, histoire de nous mettre dans le bain. Elles sont assez variées, allant du Fedex pur et simple à l’exploration de planètes sauvages, en passant par le transport de prisonnier et l’élimination d’ennemis. Toute action aura un effet sur notre réputation auprès de plusieurs factions qui se livrent à des vendettas millénaires. On se retrouvera vite avec des ennemis qui nous fermeront l’accès à leurs bases, rendant la traversée de certains systèmes périlleuse sans possibilité de se ravitailler.

Les combats sont donc une part non négligeable du jeu sans pour autant en être le cœur. Je les trouve très réussis, malgré une tendance à la répétitivité au départ. Ce défaut est vite gommé par la montée en expérience de nos hommes qui offriront des possibilités tactiques de plus en plus étendues.

Car oui, notre équipage montera en niveau et obtiendra des compétences plus ou moins utiles. Mais ce sont bien plus les missions scénarisées qui nous laissent la possibilité de faire des choix qui viendront constituer la composante RPG du titre.

Nos actions auront un effet sur la grande histoire de l’univers. Elle connaitra les différentes ères de tension ou de prospérité, sans parler des menaces xéno. Le lore est assez développé mais pas toujours facile d’accès, la faute à l’interface peu adaptée et à sa richesse qui tourne parfois à l’indigestion.

Difficile d’aborder tous les éléments de gameplay sans y passer des heures, mais je suis tombé dans l’engrenage. Ce Star Traders: Frontiers des frères Trese (Templar Battleforce, une bonne référence) est particulièrement addictif.

Je rencontre de nombreux personnages de toutes les factions qui me proposent des missions diverses et variées. Ça m’oblige à soigner ma réputation en modifiant mon vaisseau en profondeur pour optimiser sa puissance. Je blinde mes cales de marchandises plus ou moins légales, ce qui m’oblige à corrompre des patrouilles. En explorant les territoires xéno, je déclenche des bastons imprévues et je pleure la perte de certains membres de mon équipage…

Si on se fait vite à la qualité inégale des graphismes, la musique et les effets sonores n’ont aucun intérêt. Mais ce qui m’a fait arrêter après plusieurs dizaines d’heures, ce sont les limites de la progression et l’absence de conditions de victoire. C’est évidemment lié mais c’est plus subtil que ça.

Dans un X2 ou X3 ou X4, on se fait une flotte de transporteurs, des escortes, on construit carrément des usines ou des fermes spatiales. Dans ST:F, on reste à son « petit » niveau de négociant / contrebandier / mercenaire / taxi, on voit évoluer légèrement la galaxie en faisant pencher la balance dans un sens ou dans un autre. Mais on reste à la tête d’un seul vaisseau, malgré nos millions de crédits en poche.

La montée en puissance atteint une limite qui nous empêche de rouler sur tout le monde, mais on garde un petit goût d’inachevé. Pour l’absence de fin, j’ai déjà tout dit. Les événements et les ères s’enchaînent, les années passent, mais il manque un accomplissement final.

Pour découvrir ça en vidéo, rien de tel que Tchey et ses jeux indécents.

La phase de découverte est éprouvante et l’interface n’est pas là pour vous aider. Après quelques concepts intégrés, la magie opère et les heures défilent, ponctuées par de gros bénéfices commerciaux, d’éclatantes victoires au combat et de montée en gamme de son vaisseau. Puis la routine s’installe, on avance machinalement, répétant quelques trajets rentables ; on s’attache à soigner sa réputation auprès des factions, avant que le goût de relancer l’aventure ne finisse par passer.

Malgré tout j’ai passé de nombreuses heures de plaisir aux commandes de mon vaisseau ; la profondeur et la qualité de son gameplay y sont pour beaucoup. L’entrée en matière n’est pas évidente, la montée est enivrante… Mais il manque le climax, l’apothéose pour que ça devienne une expérience magistrale.

Mais Star Traders: Frontiers n’est pas abandonné : les Trese Brothers continuent de le patcher régulièrement pour ajouter des éléments. Peut-être finiront-ils par proposer une conclusion de qualité. Cela ferait passer leur titre de très bon jeu à petite merveille indé qui vous bouffera toute vie sociale.

Genre : RPG Tactique, Gestion spatiale

Site officiel

Développeur : Trese Brothers

Éditeur : Trese Brothers

Plateforme : Steam

Prix : 17,99€

Date de sortie : 1er août 2018

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.