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Spacebase Startopia

L’Arche d’Aliens

Le temps de la guerre inter-espèce est révolu. Dans Spacebase Startopia, tous les aliens cohabitent dans une station spatiale pacifiée. La paix et la tolérance, c’est bien beau, mais il ne s’agirait pas de voir tout ce beau monde s’aimer béatement dans l’oisiveté. Nous voilà donc recruté en tant que commandant. Notre mission : veiller avec zèle à la fructification de cette force de travail corvéable à merci. Mais… pourquoi c’est pas Harvester qui fait ce test ?

Comme le rappelait notre susmentionné rédacteur en chef lors de son passage sur la beta, Spacebase Startopia signe le retour de la licence Startopia, jeu éponyme sorti en 2001. À l’époque très occupé par les préparatifs de ma première communion, je n’avais hélas pas pu y jouer. L’association de Realmforge Studio (Dungeon) avec l’éditeur de la série Tropico, c’est déjà une promesse en soi : celle d’un jeu de gestion rigolo, et pas prise de tête.

spacebase startopia

La partie poilade, c’est VAL, l’IA de la station, qui s’en charge. Sceptique quant à nos aptitudes mentales de “forme de vie carbonée », sa voix synthétique joue la condescendance innocente. La taquinerie est bienvenue, pour peu qu’on tolère de se faire insulter dans son humanité. Ses remarques piquantes, on les imagine bien dans un XCOM, par exemple. “Commandant, vos capacités de raisonnement limitées ont mené au démembrement de toute votre escouade. Pas bravo.”

Les missions scénarisées se présentent comme autant de tutoriels pour appréhender les trois zones indépendantes de la base. Le pont principal contient les infrastructures vitales : recycleurs, usines, centres de soin et de sécurité. Le pont des loisirs est quant à lui dédié à tous les lieux non-essentiels : boîte de nuit, bars, salles d’arcades… Enfin, le pont biologique accueille les plantations. On ne s’attardera guère sur cet aspect ici. Les lecteurs qui souhaitent néanmoins un tutoriel sur la taille ou l’hydroponie peuvent écrire à la rédaction (préciser “Ruvon – placard du fond” en complément d’adresse).

Athlète du tri. C’est sur le pont principal qu’on passe la majorité du temps en début de partie, produire de l’énergie étant la priorité. Car en plus d’alimenter les bâtiments, cette dernière fait office de monnaie. Pour en générer, il faut transformer des déchets, beaucoup de déchets, ramassés au sol par nos robots. Chaque partie commence donc par un recrutement d’aliens dans un centre de recyclage. Les employés produisent des immondices, qui serviront à produire l’énergie qu’ils consomment. Le grand circuit fermé de la vie est en marche, c’est beau et émouvant comme The Human Centipede. 

La ruée vers l’ordure. Mais, avant que vous n’alliez vous même jeter vos poubelles par le balcon, je dois vous prévenir : ce n’est hélas pas si simple. Trop d’ordures au sol vont attirer la vermine (de grosses blattes vertes), puis les maladies. Mieux vaut donc prévoir assez de centres de soins. Cet équilibre saleté-hygiène est l’enjeu permanent de Spacebase Startopia. Si les détritus viennent à manquer (par défaut de peuplement ou d’acheminement) le développement de la base le sera d’autant. Mais pour faire de sa station une décharge à ciel ouvert, il faut vraiment le vouloir. Les robots-poubelles, peu coûteux, suffisent à préserver le sol immaculé d’un trottoir de Levallois-Perret.

Tu l’aimes ou tu la quittes. Pour débloquer de nouveaux bâtiments, il faudra dépenser du prestige. Ces points augmentent selon les résultats d’enquêtes de satisfaction très régulières auprès des visiteurs. Oui, “visiteurs”, car les aliens qu’on embauche ne sont pas nos habitants ad vitam. Si leurs besoins élémentaires ne sont pas satisfaits (faim, soif, hygiène, fatigue), ils démissionnent sans préavis.  À l’inverse, bien soignés, ils travailleront plus. Mieux vaut donc se comporter en gentil animateur du Club Med des étoiles plutôt qu’en contremaître de l’Empire. Quant aux simples touristes, il convient de faire durer leur séjour, car l’énergie qu’ils dépensent sur place nous est créditée. 

Énergie et satisfaction sont donc les deux indicateurs clés du jeu. La multiplication des attractions touristiques demandera simplement d’agrandir les capacités de production d’énergie. L’enjeu secondaire devient ensuite l’agencement de l’espace, dans les salles tout en longueur de la station. Pour le reste, on surveille les jauges de besoin à la moindre baisse de satisfaction générale, et on ajoute un élément en conséquence… La partie récolte du pont biologique requiert assez peu d’attention, idem pour les phases de combats.

Galaxy Balkany. Ceci dit, agrandir sa station est plaisant. Tout comme regarder grouiller la plèbe, un œil sur les sondages de satisfaction, tel un petit maire intergalactique. La gestion permissive permet de réagencer en un clin d’œil (on peut tout déplacer sans détruire). Il est parfois encouragé – pardon pour la vulgarité de ce qui va suivre – d’effectuer soi-même certaines tâches manuelles quand le personnel lambine. La vue aérienne originale façon “donut vu de l’intérieur”, si elle ne permet pas une vue d’ensemble, est tout à fait lisible. En bref l’ambiance est bienveillante, tout glisse bien, de manière assez gratifiante pour faire oublier le temps à qui aime poser des bâtiments.

Spacebase Startopia

Spacebase Startopia, c’est le jeu de gestion pop-corn par excellence. On le dévore par poignées pendant une dizaine d’heures, on passe un bon moment de shoot sucré. Jusqu’à l’inévitable soif… d’autre chose. L’envie d’y retourner ne titillera que ceux qui rêvent de quitter la Terre, mais qui trouvent les billets des fusées SpaceX un peu chers. Ou ceux qui voudraient s’affronter en multi, partie que nous n’avons pas testée.

spacebase startopia

Site Officiel

Développeur : Realmforge Studios (Allemagne)

Éditeur : Kalypso Media

Sortie : 26 mars 2021

PC / Playstation / Xbox

50€

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Bofang

J'écris pour justifier le temps perdu à jouer pendant que d'autres montent des start-up.