Neurodeck
Aujourd’hui je vous parle de Neurodeck, le deckbuilder roguelike, premier jeu du petit studio français Tavrox Games. Quand Harvester m’a proposé de le tester, j’avoue avoir tout de suite voulu aimer ce jeu. Après tout, il rentre parfaitement dans l’un de mes genre de prédilection : du roguelike, du deckbuilding, un style visuel agréable et un thème à priori intéressant. Oui, mais qu’en est il du résultat ?
Côté design, Neurodeck est très réussi. Le style graphique est propre, à la fois mignon et sombre (oui, je sais, ça semble incompatible), et les animations sont soignées. La bande sonore est agréable et s’accorde parfaitement avec ce type de jeux. Bref, de ce côté là, rien à redire.
Pour ce qui est du gameplay, c’est somme toute du très classique dans le genre. Le jeu se définit lui même comme un Slay the Spire like et ceux qui ont poncé ce dernier ne seront en aucun cas dépaysés. Certes, il y a quelques variations et nouvelles idées, mais cela reste très similaire.
Ici, le joueur dispose d’une jauge d’énergie et une autre de santé mentale. La santé mentale agit comme les points de vie et si elle atteint zéro, le patient s’évanouit et le run est terminé. L’énergie quand à elle détermine quelles cartes vous pouvez jouer durant votre tour (en complément des points d’actions).
Un total de six decks sont disponibles (en fonction du patient et de l’émotion de départ choisis). Il vous faudra les débloquer en terminant dans vos parties successives. Les interludes entre les combats permettent d’acquérir de nouvelles cartes ou différents bonus pour votre partie en cours. Pour ce qui est des ennemis, vous serez confrontés à 14 phobies différentes. Ou plutôt je devrais dire 13 plus la masculinité, dont on se demande bien ce que ça vient faire là.
Malheureusement, ce nombre restreint d’ennemis risque de rapidement rendre le jeu répétitif. Globalement, d’un point de vue mécanique, Neurodeck fait ce que l’on attend d’un jeu du genre. Ni mauvais ni révolutionnaire, il se situe quelque part dans le milieu du panier.
Si la version à laquelle j’ai joué n’est pas définitive, elle contient encore un certain nombre de bugs. Certaines mécaniques de jeu sont même complètement cassées. Une partie de ces bugs sera corrigée d’ici la sortie. De l’admission de l’un des développeurs, il en restera toutefois encore quelques uns pour un futur patch. La liste des bugs connus est disponible ici et mise à jour par un des développeurs.
Oui mais voila, il y a quelque chose qui m’a plus dérangée avec Neurodeck. Si le thème de la santé mentale était ce qui avait attiré mon intérêt, la façon dont celui-ci est traité m’a posé un problème. Si je pense que les développeurs avaient de bonnes intentions, je crois aussi qu’ils abordent un sujet qu’ils ne maîtrisent pas et trivialisent des problèmes tels que les phobies et l’anxiété, au risque de faire passer le mauvais message.
Les cartes aidant à combattre les phobies sont presque des clichés de ce que quelqu’un qui n’a jamais eu de soucis du genre conseille pour résoudre lesdits problèmes. Une tranche de pizza, une tasse de thé, un bain chaud ou encore un câlin devraient donc suffire pour résoudre toutes vos phobies, vous devriez être contents. Certaines cartes émettent quand même un étrange jugement de valeur (par exemple la carte tatouage, qui si elle cause des dommages à la phobie cause autant de dommages à votre santé mentale).
Bref, pour moi on reste malheureusement au niveau de la psychologie de comptoir. C’est très dommage quand le thème du jeu est vraiment ce qui aurait pu lui permettre de faire la différence face à ses concurrents.
Au final, Neurodeck n’est pas un mauvais jeu mais pas une franche recommandation non plus. Il aborde maladroitement un sujet délicat pour un résultat mitigé. Si tout ce que vous cherchez est un bon roguelike deckbuilder, il y en a de meilleurs sur le marché. Si vous avez déjà essoré Slay the Spire ou Monster Train, et que les problèmes évoqués ne vous dérangent pas, alors peut être que ce jeu vous conviendra. Dans tous les cas, gardez en tête que le thème n’est ici qu’un gimmick et ne représente pas la réalité.
A noter que pour les curieux qui veulent se faire leur propre idée, vous pouvez jouer à la version bêta (en anglais) via votre navigateur via Trail.
Développeur : Tavrox Games
Éditeur : Goblinz Publishing
Plateforme : Steam, Switch
Date de parution : 18 mars 2021
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur