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Crew 167: The Grand Block Odyssey

Le thème principal du jeu pour accompagner votre lecture

Crew 167: The Grand Block Odyssey est le premier projet du studio canadien oddbreeze fondé en 2016 par Jonathan Chouinard, son principal développeur. Fruit d’une toute petite équipe, le jeu est passé par une session d’early access entre octobre 2019 et le 8 avril 2020, date de sa sortie officielle sur Steam.

Source – Un monde où il fait bon vivre pour peu qu’on aime le soufre

Source est l’équivalente de notre Terre dans le futur : surpeuplée, asphyxiée par la pollution générée par l’irresponsabilité des Hommes. Plusieurs vaisseaux en sont partis il y a plus de cent ans à la recherche d’un nouvel habitat potentiel. Crew 167 – le petit nom de notre héros, merci d’avoir suivi – qui a été choisi par l’humanité pour se rendre sur la planète Espoir 9, approche de sa destination finale. Accompagné par une IA qui prendra corps sous la forme d’une poupée robot nommée Machine Triste, le protagoniste sera sinon bien seul pour explorer cet astre.

Evacuons tout de suite le principal écueil rencontré : dès la première cinématique réalisée avec le moteur du jeu, graphiquement le jeu est loin d’être agréable à voir avec des textures grossières et des animations rigides. Heureusement, ce point est assez secondaire puisque l’on sera la majorité du temps en vue de dessus assez éloignée des décors et des personnages.

Une IA comme seule partenaire en ces temps difficiles, très confinement-friendly

Une histoire Crew-stillante ?

Présenté par ses créateurs comme une « aventure psychologique », The Grand Block Odyssey illustre les problèmes mentaux de Crew 167 ou en tout cas sa relation problématique avec la réalité à l’aide de casse-têtes de type Sokoban ou « pousse-caisses ». En effet, outre son addiction au café, il souffre d’hallucinations régulières faisant apparaître des blocs un peu partout, et seul un bon shoot de résolution de puzzle semble pouvoir le faire avancer (« aller, encore au moins 2 et je passe à la suite », on croirait un joueur de Civilization).

Les règles initiales sont ainsi les suivantes : dans un décor vu du dessus, il s’agit d’amener un ou plusieurs blocs sur un/des interrupteur(s) pour ouvrir une porte ou passer au niveau suivant. La contrainte principale est que l’on ne peut que pousser les blocs, jamais les tirer. Particularité ici, un élément poussé glisse en ligne droite sur le sol et ne s’arrête qu’après avoir rencontré un obstacle.

Crew 167 a besoin de sa dose pour aller de l’avant

A ces bases classiques vont s’ajouter des variantes bienvenues. Il faudra ainsi gérer des blocs de couleurs différentes et correspondant donc à un interrupteur spécifique, d’autres qui disparaîtront au bout d’un certain temps, certains qui ne pourront être déplacés qu’un certain nombre de fois, des blocs liés entre eux, etc.

Il s’agira donc d’analyser la situation initiale pour savoir dans quel ordre faire bouger chaque élément, échouer, recommencer, découvrir les nouvelles mécaniques proposées, essayer, échouer, recommencer… Les mises en situation vont progressivement se complexifier comme tout puzzle game qui se respecte et demanderont de se gratter la peinture parfois pendant un bon bout de temps.

Amusez-vous à résoudre celui-ci, c’est cadeau ! La première personne à indiquer la solution dans les commentaires sera récompensée 😉

Crew 167 va donc passer son temps à donner des coups de latte dans ces blocs tel un Ryo Hazuki véner après une journée de travail à l’entrepôt, tout en gérant ses angoisses et ses problèmes psychologiques. Visiblement l’implant qui a été intégré à son cerveau pour l’aider à contenir son stress souffre de dysfonctionnement après une centaine d’années d’utilisation (seulement ? obsolescence programmée quand tu nous tiens !), et son IA ne lui sera pas toujours d’un soutien indéfectible, préférant parfois l’enfoncer plus bas que terre lors de ses délire psychotiques.

On pourra alors souligner l’utilisation habile de la caméra et de son subtil zoom qui m’a parfois mis mal à l’aise et des effets visuels assez rustres mais efficaces pour ressentir la tension subie par Crew 167.

Un Crew dans l’eau ?

L’équilibre est assez finement trouvé entre une première partie de jeu principalement basée sur la résolution des puzzles avec des variations dans le gameplay, et une seconde qui s’oriente vers une ambiance (légèrement) à la Silent Hill, teintée de délires psychiatriques de plus en plus prononcés. Les dialogues et cinématiques se font alors plus nombreux, délaissant un peu le côté casse-tête pour accentuer le scénario. Il est malheureusement dommage que ce dernier tombe finalement un peu à plat avec une résolution finale qui répond un peu trop à nos questions au lieu de laisser en suspens les thèmes abordés tout au long de l’histoire. Un petit regret également : l’impossibilité d’accéder aux puzzles depuis le menu de jeu afin de les refaire ou de compléter ceux qui n’auraient pas été résolus lors de l’aventure.

Saluons néanmoins les efforts de l’équipe qui a fait le choix d’agrémenter son jeu de casse-tête d’un scénario afin de se démarquer de la concurrence. Bien que le bilan final soit mitigé, cette première réalisation du studio oddbreeze m’incite à garder un œil sur leurs futurs jeux. Qui sait s’ils ne pourraient pas nous surprendre avec une équipe plus expérimentée et plus de moyens ?

Un jeu (un poil cher au lancement – 14.99€) à recommander aux amateurs de puzzles qui y trouveront un défi relativement corsé lors de certains tableaux, les non céphaloclastophiles pourront eux passer leur chemin sans regret.


Ca y est, une super Crew

La partie musicale s’en sort avec les honneurs avec des boucles qui accompagnent en toute discrétion nos longs moments de réflexion. De la même façon la bande son de Samuel Desrosiers sait accroître la tension lorsqu’on sent le protagoniste prêt à perdre pied. Dès le thème principal j’y ai apprécié les sonorités rappelant les excellentes bandes sons de Deus Ex ou Tomb Raider.

Elle est disponible en écoute intégrale sur Spotify et Deezer, ou partiellement sur le compte Soundcloud de l’artiste, et proposée à 5.69€ en DLC sur Steam.

Crew 167 : The grand Block OdysseySite officiel : http://www.crew167.com

Développeur : oddbreeze

Editeur : oddbreeze

Plateforme : Steam

Date de parution : 8 avril 2020

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Rouxbarbe

Ponctualité, vivacité d'esprit, humour acéré, charisme magnétique... Tant de qualités requises pour faire partie de la grande famille Dystopeek et dont il est totalement dépourvu. A croire qu'il n'est publié que parce qu'il a couché avec le boss ! Ou ferait-il du chantage avec des dossiers compromettants ?

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