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Tales From the Loop

Avant d’être une série, Tales From The Loop était un jeu de rôle. Et avant, c’était un livre, tous deux issus du financement participatif. Ils s’appuient sur l’inspiration de Simon Stålenhag, artiste suédois qui travaille sur les images rétro-futuristes en format numérique.

Les amateurs du jeu vidéo No Man’s Sky ignorent peut-être qu’il est l’auteur des illustrations du packaging. Je ne saurais vous encourager assez à rechercher ses travaux ou acheter ses livres, et ça mériterait un autre article sur notre beau site.

Un simple exemple du travail de Simon Stalenhag.

La série diffusée par Amazon a pour cadre une petite ville ordinaire dans l’Ohio des années 80, calme, fade, mais dont le décor quotidien est peuplé de structures insolites, de sphères métalliques de diverses tailles, d’épaves étranges, de robots et de véhicules futuristes.

Des robots circulent dans la place.

Nous sommes à un croisement entre le très ordinaire et une autre dimension technologique qui relève de la science fiction, et il en découle une atmosphère qui tient le spectateur de la série en éveil. 

A quoi ça sert ? Vous verrez.

Une fiction de la science

Le Loop est un bâtiment souterrain que l’on devine de grande envergure, dans lequel des expériences scientifiques sont menées depuis des années. Un accélérateur de particules ? Un accélérateur d’anomalies en tout cas !

Les tours omniprésentes dans le décor, le Loop est dessous.

Car ces expériences produisent des effets sur l’environnement proche, et certaines ont laissé des traces ici et là en surface. La sensation de bizarrerie est renforcée par le fait que ce monde est en vase clos, il n’y a pas de monde extérieur qui soit évoqué, pas de gouvernement, pas de ville ou d’Etat voisin.

Une petite balade dans le Wasteland local.

Chaque épisode repose sur une trouvaille, un objet ou une machine, et le personnage principal est différent. Ainsi un personnage secondaire, qui fait une apparition dans une scène anodine, peut être le personnage principal de l’épisode suivant. Je suis tombé dans le jeu de prédire qui pourrait être le héros d’un épisode futur et… j’ai parfois gagné. 

Des sphères qui doivent servir à … quoi ?

Mais la surprise est constante. Ainsi, le 3ème épisode introduit l’utilisation de la voix off et sera le seul à utiliser ce procédé.

De même, un épisode propose une façon originale de filmer une scène d’amour en extérieur entre deux des personnages : un véritable coup de génie ! Personne n’y avait pensé avant, vraiment ?

Au calme

L’atmosphère est parfois onirique. On se demande de temps en temps si les personnages rêvent ce que nous voyons.

Des acteurs enfants impressionnants et la neige qui va vers le haut.

Ils se déplacent très souvent à pied, ce qui est peu habituel dans les séries “modernes”. Cela permet de mettre en valeur les paysages. Ils sont vastes, et le ciel est bleu. Le rythme est paisible, parfois lent, un peu à l’instar de certaines séries nordiques dans lesquelles, comme ici, un regard ou un silence, une expression muette valent 1000 mots. Le contemplatif est présent, mais il a son utilité pour moi : centrer l’attention sur un personnage pour ressentir ses doutes, ses remords, son indécision face à ce qui le dépasse.

Parfois, les choses sont spéciales parce qu’elles ne durent pas

En cela c’est selon moi un bijou de narration. Une réplique, un regard appuyé d’un personnage insignifiant, un cadrage de l’image, autant d’éléments qu’on ne remarque pas plus que ça et qui, trois épisodes plus loin, prendront tout leur sens.

Beau comme un été près du Loop…

La série joue sur l’émotion et pas sur l’action. Il faut le savoir avant de s’y plonger.

Pas de sentiment de danger, pas d’ennemis, d’assassins, d’aliens ou de créature maléfique : si on ressent un vague lien avec Stranger Things, il est dû au cadre temporel et culturel : une bourgade US dans les années 80, des enfants (mais pas que…) et des choses anormales qui s’invitent dans la réalité. Mais ne vous attendez pas à des poursuites, des enlèvements ou des fusillades. Ceci dit des gens vont faire quelques bêtises qui auront des conséquences dramatiques. Pourront-elles être réparées ? 

Vous aimez jouer aux boules ?

Les références à Twilight Zone seraient plus évidentes, de par certains thèmes (no spoil mais vous aurez votre compte de SF) et l’influence directe des phénomènes mystérieux dans la vie de personnes ordinaires. Tales From the Loop réunit dans une zone commune une science avancée et la cambrousse, ce qui génère ces petits ou gros incidents qui conduisent à une réalité alternative. 

La boule de Noël ? Non.

Mais au-delà de la SF, les thèmes abordés sont ceux d’une réflexion sur la condition humaine : la solitude, l’intimité, l’adolescence, l’amour, le temps qui passe, la parentalité, la jalousie, le contrôle… 

Le fait que ces thèmes soient abordés dans une histoire qui repose sur une anomalie scientifique, un artefact, une machine inconnue est très efficace, bien que ce choix de narration ne soit pas nouveau (cf La Planète des Singes, roman et film des sixties).

Une symphonie déchirante

Les huit épisodes finissent par se compléter dans un final bouleversant qui ne sera pas spoilé ici, mais qui constitue un véritable aboutissement à l’ensemble, à travers un dernier épisode réalisé tout simplement par Jodie Foster. 

La réalisation est d’ailleurs superbe dans chacun de ces huit “contes”. Les lents zooms, travellings et panoramiques mettent admirablement les acteurs en valeur dans leur rôle respectif. La lumière et la musique (omniprésente et mélancolique) donnent parfois l’allure de tableaux réalistes à de simples scènes de repas ou de promenades.

Repas de famille dans un ambiance crépusculaire.

Je souligne d’ailleurs la très bonne direction artistique (pour ne pas dire le génie) des paysages, souvent “marqués” d’une tour du Loop, d’un kiosque étrange, ou d’un autre bidule qui nous rendent familier l’étrange cadre ruralo-fantastique de cette histoire.

« Bonjour, vous avez votre attestation de déplacement ? »

Les scénaristes et les réalisateurs (différents à chaque épisode) ont pris mon cerveau par le bout du nez et l’ont amené dans ce traquenard, celui dans lequel ma mâchoire se décroche et les bras m’en tombent (vous verrez..). Même si j’aime la SF et le fantastique et que je faisais partie du public facile, cette série rentre dans mon top 10 catégorie « baffe ». C’est, comment dire… une série qui vous domine.

Give me more.

Non ne cliquez pas ou vous serez fichus !

Titre original : Tales From The Loop

Création : Nathaniel Halpern

Genre : Science fiction

Acteurs principaux : Jonathan Pryce, Rebecca Hall, Paul Schneider…

1 saison de 8 épisodes

Durée : 52 minutes

7 réflexions sur “Tales From the Loop

  • Poussin Joyeux

    Un régal pour moi aussi cette série! 🙂

    Tu as lu le livre Tales from the loop? Je me demande si c’est une succession de petites histoires qui illustrent chacune des oeuvres de l’auteur ou bien si c’est une grande histoire complète.

    • Harvester

      Ah tu t’es enfin décidé, cool ! 🙂

      • Poussinet de Mai

        Oui, mais une fois n’est pas coutume! 😀

  • Je ne l’ai pas lu, et je pense que je vais me l’offrir !
    Sans doute une collection d’histoires, comme le titre est là aussi « Tales of… » . Très content de trouver ton commentaire ici, public de qualité sur Dystopeek !

    • Poussinet de Mai

      Alors achète un de ses livres et fais en vite en retour (que je sache si je me le fais offrir :p).
      Tous ses livres peuvent être sympa de ce que j’en aperçois. 🙂

  • Hyeud

    J’ai commencé hier la série, parce que dystoseal of quality, ne me décevez pas hein. ^^
    Le 2ème épisode m’a foutu le cafard, mais pour l’instant, j’adore l’ambiance et le reste est très propre.

  • Vas-y Hyeud enchaîne, tu nous diras à la fin ! Je pense que c’est dans tes goûts.

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