Legendary Encounters: The X-Files
Notre maître à tous ici, le tenancier de Dysto, m’a révélé un fait marquant : je succombe facilement à la séduction des cartes à jouer. Quel expert : c’est vrai ! Si depuis 4 ans je me passionne pour le jeu de société, c’est souvent les cartes à la main que je me bagarre : Flamme Rouge, 7 Wonders Duel, Compagnons, Tides of Time, Corsair Leader, Welcome To…, Hostage Negotiator et plein d’autres. Bon, reconnaissons que c’est souvent le matériel de base d’un jeu. La vérité est ailleurs ! Legendary Encounters: The X-Files Deck Building Game rentre dans cette catégorie, en mode gros matos. 500 cartes sont disponibles pour faire vivre vos parties. Prêts pour une petite leçon de deckbuilding ? Mais avant on se met d’accord, je le renomme LE : The X-Files ok ?
Le dessous des cartes
Votre mission : en tant qu’agent du FBI, seul ou en équipe, vous allez affronter et éliminer des ennemis variés issus de 3 saisons des X-Files (1-3, 4-6, ou 7-9). Puis vous devrez vaincre une carte fin du Monde.
Imaginez-vous tout d’abord la structure du terrain de jeu : 3 decks et 3 zones : l’Académie (le repaire de vos poulains du FBI), les Ombres (le pays des méchants), et entre les deux le Terrain, (là où ça clashe).
Comme d’autres jeux de la gamme Legendary, LE : The X-Files repose sur un mécanisme « d’achat de cartes » au cours de la partie. Vous démarrez avec un petit nombre de cartes basiques (12). Ici, des agents du FBI lambda et des forces d’assaut. Chaque carte a une force de 1 : 1 « étoile » ou 1 « strike » (représentée par un trace de griffure). A chaque tour de jeu, vous piochez les 6 premières cartes de votre deck (votre paquet). Vous avez donc une combinaison de ressources étoiles et strikes que vous pouvez utiliser sur ce tour de jeu. Mais vous ne perdez pas ces cartes de départ, elles reviendront lors de la reconstruction de votre deck : quand il est épuisé, on mélange les cartes déjà jouées avec celles obtenues et ça repart.
Ces points servent à révéler (scanner) des cartes disposées face cachée dans la zone de l’Académie. Une fois les cartes visibles, vous pouvez alors les « acheter », toujours avec vos ressources. Ces cartes intègrent votre paquet lors du prochain mélange avec vos cartes de départ, qui ne sont pas perdues mais défaussées. Les 12 cartes « faibles » du début seront bientôt mélangées aux 30 ou 40 que vous allez récupérer peu à peu. Plus variées, plus fortes, porteuses de pouvoirs spéciaux pour certaines, mais toujours disponibles aléatoirement par le fait des mélanges fréquents. Et c’est comme ça que vous allez améliorer votre deck !
C’était pour les étoiles ? Les griffes, elles, permettent de scanner, puis de combattre des cartes dans une autre zone de jeu : les Ombres. Ce sont les ennemis.
Et quels ennemis ! Vous regardiez les X-Files ? Ou mieux, vous étiez fans ? Roulez-vous par terre, car ils sont tous là : les aliens, les créatures bizarres, les traîtres, les conspirateurs, les esprits dérangés, les anomalies génétiques, les tueurs à la solde du Syndicat, les médiums… avec chacun ses PV, sa capacité spéciale (à vous emm…). Le jeu est fortement thématique, allant jusqu’à donner une place importante au secret et au mystère puisqu’il ne vous a pas échappé que les cartes apparaissent face cachée : c’est à vous de les révéler, et ce n’est pas gratuit.
C’est thématique à tel point que vous vivrez votre partie dans le rôle d’un des héros de la série. Mulder, Scully, Skinner, Reyes, Dogget sont les personnages de départ au choix.
Ce qui les différencie, en dehors des points de vie, porte sur deux traits : la croyance et le doute (Belief et Doubt). Un belief, jouable à plusieurs reprises dans la partie, procure un avantage à l’équipe. Un doubt va par contre ajouter un handicap immédiat.
Résumé : vous incarnez une des célébrités du Bureau, doté d’un deck initial de 12 cartes que l’on améliore petit à petit, tout en combattant des ennemis tirés des saisons 1 à 9 des X-Files.
Deck’ Art
Et c’est là où le truc est fort. Le deck Conspiration, qui à chaque tour ajoute un ennemi (face cachée !) dans les Shadows, est construit aléatoirement à chaque partie : il contient des cartes prises au hasard parmi celles qui représentent 3 saisons de la série que vous vivez, et se termine par un des Endgame également tiré au sort en début de partie.
Le Endgame, c’est le Boss final. Il faut le battre pour gagner la partie.
Mais dans ce deck figurent aussi des ressources : des alliés, qui rejoignent votre deck, des informateurs, qui donneront un coup de main certain tant qu’ils seront dans les Ombres, et… les pistes.
Ces pistes (leads) vous proposent un challenge à réaliser avant la disparition de la carte, par exemple recruter deux agents dans un tour de jeu, ou bien jouer 8 cartes en un tour. Sa réussite permet de découvrir, puis de collecter une pièce à conviction. Les pièces à conviction qui restent en jeu ajoutent un boost au Endgame ! Il est donc important de les éliminer.
Un des ressorts du jeu, c’est donc le besoin urgent de révéler les cartes cachées dans les Ombres. Pour les combattre ou pour bénéficier de leur apport. Sachant que chaque nouvelle carte « pousse » les autres et les rapproche de leur disparition, ou de leur entrée dans la zone du Terrain, d’où elles pourront vous frapper.
Me concernant, le système est au point : chaque tour propose un dilemme. J’ai des points à dépenser : je scanne des cartes dans l’Académie ? Ou j’achète ce Dogget bien puissant qui, en plus, me permettra de révéler gratuitement une carte ? Je scanne des cartes encore inconnues dans les Ombres ou j’élimine le Shaman avant qu’il ne rentre dans le Terrain et me fracasse ?
En effet, un ennemi qui rentre dans le Terrain vous cogne à la fin de chaque tour : chaque joueur tire une carte « Dégâts » et encaisse, ses PV baissent.
Si l’un d’eux arrive à zéro, la partie est perdue et tout s’arrête. Impossible donc de désigner un sac de frappe, un tank qui paiera de sa vie la victoire de la team.
I want to believe que je vais gagner !
Et je vous fais grâce de quelques couches malines d’effets secondaires (les informateurs, les alliés, les événements, les agents du syndicats infiltrés dans vos recrues). Ils occasionnent des coups de théâtre positifs pour les joueurs, ou destructeurs. Une partie qui avance tranquillement peut dégénérer très vite, et une situation compromise peut bénéficier d’un coup de main qui redonne de l’espoir.
Sorti en 2018 uniquement en langue anglaise, ce jeu a attiré mon attention pour deux raisons. La première est son thème. Je fais partie de ceux qui ont suivi avec assiduité la série de Chris Carter à la fin des années 90 pour son côté fantasmagorique et complotiste et le charisme de son duo de héros.
L’idée de les mettre à nouveau aux prises avec les apparitions de vaisseaux spatiaux, les fausses pistes, le complot, tout en se frottant aux cannibales, au Chupacabra, à Eugene Tooms l’inoubliable homme déformable à volonté me faisait envie.
L’autre raison de mon achat, c’est la curiosité pour le deckbuilding. Coup de chance, le système éprouvé des Legendary Encounters procure des parties à l’ambiance toujours différente. Selon les personnages de départ, et le deck de l’Académie que vous construisez à partir d’une belle variété de personnages, les assemblages et les oppositions de force ont de nombreuses configurations. Un indice de la rejouabilité : sur les 500 cartes du jeu, une partie en nécessite une trentaine pour le deck ennemi, 62 pour le deck de l’Académie, 5 agents spéciaux et les 12 cartes de départ pour chaque personnage. Conclusion : vous ne verrez pas toujours les mêmes.
Un système de règles est inclus pour jouer en campagne, avec des cliffhangers entre chacune des 3 parties à enchaîner, et un score final à calculer.
Vous avez la possibilité de jouer jusqu’à 5, chacun incarnant un des héros cités plus haut. C’est un jeu coop : on gagne ou on perd ensemble. Il est également possible de jouer seul, en manipulant un personnage ou plusieurs joués les uns après les autres. Les victoires sont possibles et gratifiantes. Les défaites sont probables. Les parties sont assez imprévisibles. Mais si votre deck n’est pas renforcé rapidement, préparez-vous à dérouiller.
Les cartes ne sont pas spécialement résistantes, j’ai donc choisi de les protéger en achetant des pochettes (sleeves) pour une quinzaine d’euros. Et j’ai fabriqué un rangement en carton.
Si vous n’avez pas peur des manipulations de cartes, que vous n’êtes pas réfractaire à l’anglais, que vous voulez retrouver l’univers de cette saga iconique de la série X-Files, que vous aimez le deckbuilding (ou que vous souhaitez le découvrir), ce jeu sera un must pour vous. Vous y trouverez un challenge qui vous récompensera. Et puis virer « l’Homme à la cigarette » des Ombres avec un coup de main d’Alex Krycek, quel bonheur !
Genre : Deckbuilding coopératif
Auteurs : Ben Cichoski, Daniel Mandel
Éditeur : Upper Deck Entertainment
Date de parution : 2018
Putain la nostalgie dans cette dernière phrase !