Last Train Home
J’ai une capacité de jugement aux fraises. Non, ne rigolez pas c’est vrai. Regardez, la première fois que j’ai rencontré Baalim, je l’ai pris pour quelqu’un de fréquentable. Oui je sais… Donc quand j’ai lu la fiche de Last Train Home, des Tchèques d’Ashbourne Games, je me suis dit qu’un tel mélange ne pouvait que foirer.
Pensez donc, du STR mélangé à de la gestion à la This War of Mine, le tout sur un sujet totalement inconnu – le retour au bercail de la Légion Tchèque à la fin de la Première Guerre Mondiale. Ouais, sur papier comme ça, cela ne vend pas du rêve. Et pourtant. Et pourtant…
Last Train Home fait partie de ces jeux où vous finissez la moitié de vos parties en larmes. Parce que vous avez perdu Maxmillian, votre mitrailleur vétéran, ou parce que les villageois que vous avez essayé de sauver sont tous morts. Que le moral est au plus bas, que vous n’avez plus de munitions ni de provisions. La liste des raisons pour une dépression est longue comme un trajet jusqu’en Extrême Orient.
Et ça tombe bien, c’est là que vous allez ! A la tête d’un petit détachement de soldats désireux de rentrer au bercail mais bloqués par l’Armée Rouge, vous allez, à bord d’un train, devoir traverser la Russie jusqu’à Vladivostok. Forcément, traverser un pays en pleine guerre civile a ses inconvénients et vous devrez non seulement trouver de quoi vous ravitailler mais aussi lutter contre les Soviétiques. Et surtout, garder votre train en état.
Parce que c’est lui le personnage principal du jeu. Votre train, au départ miteux avec des wagons brinquebalants et qui petit à petit de vos améliorations va vous offrir tout ce qu’il vous faut. Enfin, si vous arrivez à gérer vos hommes et toutes les crasses qui vous tombent dessus.
A l’instar de This War of Mine et des jeux du genre, une grande partie de Last Train Home consiste à gérer ses stocks, que ce soient les fournitures, les munitions, les armes, les pansements (…) et surtout gérer les compétences de vos hommes. Sur une carte de la région traversée représentant la voie ferrée et les différents lieux dignes d’intérêt, vous allez devoir former des escouades et envoyer vos soldats en mission.
Ce sera vers des lacs, pour avoir de la nourriture, ou dans une forêt pour récupérer du bois. Mais cela peut aussi être chez des marchands ou même dans des villages pour aider les infortunés subissant le joug des Communistes. A chaque fois, il faut composer l’équipe la plus adaptée à la situation et surtout gérer au mieux la fatigue des troupes. Parce que se rendre sur les lieux est fatiguant, tout comme il faut soigner d’éventuelles blessures.
Et surtout, vous ne pouvez pas laisser le train à l’abandon, il faut affecter des spécialistes aux différents postes (locomotive, hôpital…) et gérer les emplois du temps. Oui gérer les spécialistes, parce que bien entendu chaque soldat est unique et dispose de sa propre fiche de personnage, avec ses caractéristiques et compétences.
Untel peut être maladroit mais courageux, médecin ou ingénieur, tandis que son camarade sera cambrioleur incontrôlable. Chaque personnage aura de plus un rôle de combattant, du sniper au mitrailleur, en passant par le grenadier ou le médic. Et qu’il faudra bien entendu essayer d’équilibrer tout ça quand vous partirez en mission.
Tiens parlons-en de ces missions, qui permettent d’exploiter le volet STR du jeu. A la tête de votre escouade, vous allez un peu comme dans Men of War accomplir diverses missions sur de grandes cartes uniques et diablement détaillées. Les objectifs diffèrent d’une mission à l’autre, vous aurez beaucoup de décisions à prendre et surtout vous allez vous battre. Il y a la possibilité de la jouer furtif pour coller un petit coup de couteau dans le dos des gardes gênants, mais globalement vous allez faire parler la poudre, et ce de fort belle manière.
Chaque soldat a, du fait de sa spécialisation, accès à diverses compétences et armes qu’il va vous falloir exploiter au mieux, tout comme le relief et le couvert. Et gérer le surnombre constant de vos adversaires… Il faut donc être malin et réactif, même si une pause active est là pour vous permettre de réfléchir tranquillement. Enfin je dis ça mais une fois que les balles fusent la létalité est grande et vos hommes se retrouveront souvent au tapis. A vous alors de couvrir votre médic !
Ces phases sont passionnantes et intenses et méritent à elles seules l’achat du jeu. Mais ce qui est fou c’est que tous ces moments s’imbriquent totalement. Sur chaque carte vous aller pouvoir récupérer du matériel, qui servira dans le train ou la prochaine mission. Chaque personnage, gagnant en expérience, va soit se spécialiser soit devenir versatile, vous offrant encore plus de possibilités tactiques. Et par-dessus tout ça, rajoutez une bonne dose de choix moraux, de décisions poignantes et un moral fluctuant…
Last Train Home est un ovni, un de ces jeux qui débarquent de nulle part avec un concept novateur et que tout le monde s’attend à voir exploser en plein vol. Et pourtant, bien loin d’être bancal, le mélange est dosé à la perfection, magnifié par le souci du détail et l’amour porté à chaque aspect. Le jeu est en plus extrêmement détaillé, très humain dans son approche, qu’elle soit graphique ou narrative.
Il n’y a techniquement rien à dire non plus, tout est propre, mignon comme un goulag tout juste ouvert et on se prend à parcourir chaque carte en long, en large et en travers pour voir tous ces petits détails qui rendent ces Russie si vivante.
Le soulagement de sauver un soldat mis à terre, la satisfaction d’améliorer son train et d’offrir une vie décente à ses soldats, les choix difficiles à prendre, tout cela contribue à rendre Last Train Home unique et indispensable pour tout amateur de stratégie qui se respecte. Le chemin vers la mère patrie est long et semé d’embûches ! Chapeau bas messieurs dames d’Ashbourne Games. Dystoseal pour l’audace et la passion !
Genre : STR et gestion
Développeur : Ashborne Games
Editeur : THQ Nordic
Date de Sortie : 28 Novembre 2023
Prix : 40€
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur