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Shadow Empire (Sortie Steam)

Après avoir écrit une preview et un article pour la sortie du jeu (Chef ? Tu penses que ça va se voir qu’on aime bien Slitherine ?), me revoici pour la release Steam de Shadow Empire (que nous nommerons S.E.). Alors, pour ceux au fond qui auraient loupé les deux articles précédents, Shadow Empire est un mélange de 4X (Civilization étant l’un des plus connus) et de wargame au tour par tour. Ce n’est pas trop une surprise vu que le développeur de VR Designs est surtout connu pour Advanced Tactics et Decisive Campaigns, de bon wargames bien velus.

Shadow Empire vous place à la tête d’une cité survivante de l’Apocalypse qui a causé la destruction d’un empire interplanétaire. Isolé sur votre planète (dont toutes les caractéristiques sont générées aléatoirement en début de partie), vous devrez donc vous étendre et résister aux différentes menaces: mutants, faune extra-terrestre si existante, maraudeurs libres, factions mineures ou majeures.

Quelques options de démarrage en plus.
Elimination des bugs à la Starship Troopers !

Là où S.E. se démarque de la concurrence c’est (outre le nombre impressionnant d’éléments qui permettent de customiser une partie) dans son approche logistique et détaillée de votre empire renaissant. En effet, pas question d’envoyer vos troupes explorer toute la planète dès le début, il faudra vous assurer que celles-ci disposent de ravitaillement et de soutien suffisant. Il faudra alors construire un réseau logistique au fur et à mesure avec des routes, des voies ferrées, des dépôts de camions ou des bases de soutien.

Le ravitaillement ne suit pas au Nord Ouest mais ça va s’arranger.

Aussi, votre gouvernement doit assurer le bien être (ou tout du moins, le contrôle) de la populace. Empêcher que celle-ci ne se rebelle ou ne puisse évoluer. Pour ce faire, vous disposerez d’un gouvernement auquel vous assignerez un budget et qui se chargera de faire évoluer votre nation en développant de nouvelles technologies, les appliquant, gérant les taxes, la diplomatie, etc.

Le jeu ne manque pas d’informations, reste à savoir quoi en faire.

Vous l’aurez compris, S.E. est un jeu riche et complexe. L’interface n’est pas toujours des plus intuitives ni moderne mais on s’y fait (même s’il manque toujours selon moi certaines aides qui permettraient de facilement savoir remplacer un membre du gouvernement par un autre, le calcul de la pertinence de chacun n’étant visible que lorsqu’on offre le poste), beaucoup d’éléments sont ainsi éparpillés soit dans les onglets de management soit dans ceux de résumés de votre nation. Aussi la résolution des tours peut prendre un temps non négligeable, mais en échange l’IA sait offrir un challenge en coupant vos lignes de ravitaillement ou en se focalisant sur vos unités les plus faibles.

L’écran n’est pas sexy mais très utile.

Le début du jeu peut sembler assez limité vu qu’on ne peut pas s’étendre rapidement, qu’il faut comprendre comment assurer une production en construisant dès le départ une usine (et il faudra en général acheter le matériel nécessaire sur le marché global), en découvrant le système de ravitaillement assez complexe et tout cela avec un nombre d’unités limité. Vous ne manquerez pas de menaces auxquelles il vous faudra faire face (bien qu’il y a bien sûr un côté aléatoire à chaque partie), vos troupes peuvent partir à l’Est capturer un point d’intérêt ou combattre des mutants pendant que l’IA se fera un plaisir de vous surprendre de l’autre côté avec des unités que vous n’aurez pas vu venir par faute de reconnaissance faite par vos troupes (élément tout aussi déterminant lors des combats).

La production de nouvelles unités ne demandera pas uniquement des ressources, car tout le système de technologie est assez riche. Ainsi, découvrir un nouveau type d’unité implique ensuite de rechercher son application et puis d’assurer son introduction via un nouvel OOB (Order of Battle) qui permettra ensuite de recruter l’unité soit sans ligne de commandement soit sous forme de division un peu plus solide et efficace.

Oops plus de ravitaillement… Retraite !

Ajoutez à tout cela un système de cartes appelé Stratagème qui vont vous permettre d’influencer le cours du jeu, de mener des actions diplomatiques, d’attacher des unités spéciales à vos troupes ou commandants, d’envoyer des espions, de découvrir de nouvelles ressources, déclencher des événements ou encore de donner des bonus/malus à certaines troupes… Facile à occulter, les cartes de stratagèmes sont cependant parfois le meilleur moyen pour survivre à une crise ou réussir un jet de dé qui permettra à votre faction d’en influencer une autre ou de calmer la population.

Avoir des cartes c’est bien, réussir son jet c’est mieux.

L’IA de S.E. est quant elle divisée en factions indépendantes, mineures ou majeures. Vous serez en guerre constante avec les premières, ce qui fera grandement fluctuer vos frontières le temps que vous puissiez les mater. La diplomatie peut en revanche être engagée avec les autres factions. Ce sera alors à vous de décider du futur de vos nations. Plus vous vous étendrez, plus vous devrez assurer que les ressources sont bien partagées entre vos différentes villes. En capturer de nouvelles implique parfois de revoir la gestion de votre territoire ou de devoir soudainement assurer l’approvisionnement électrique d’une nouvelle zone (or en début de partie, celui-ci est limité, il vous faudra découvrir certaines technologie pour produire votre propre électricité).

Ce sont pas des flèches…comme à Dystopeek quoi.

Et c’est donc ainsi pour presque tous les éléments du jeu, il y a le côté évident des choses qui permet de bouger ses troupes, de combattre l’ennemi en utilisant les tactiques classiques des hex-games (encerclement, coupure des sources de ravitaillement, utilisation du terrain qui peut limiter les déplacements) et puis il y a toute une série d’éléments à la disposition du joueur qui lui permettent de choisir le niveau auquel celui-ci désire s’impliquer. Il est évident que S.E. est un jeu qui demande un peu d’investissement pour comprendre ses mécanismes mais c’est aussi selon moi le jeu innovant de cette année. Non seulement son atmosphère inspirée de Dune, Mad Max et autre grands noms de la science fiction est réussie (et ce malgré, il faut bien le dire, un aspect graphique un peu dépassé) mais la richesse du titre et de ses mécanismes en impose.

Gérer les priorités pour éviter de se retrouver le bec dans l’eau

Nous avions déjà décerné le Dystoseal of Quality à S.E. et je ne peux que conseiller à nouveau à tous les amoureux de Sci-Fi, de jeux velus ou de 4x de tenter l’expérience. La version Steam a ajouté différentes options de création de planète, de nouvelles unités volantes et le jeu ne peut que continuer de s’enrichir. Certes, le calcul des tours est parfois un peu longuet, certes on peut se sentir dépassé en début de partie mais une fois qu’on a compris un élément, on a vraiment l’impression de prendre le contrôle et de faire évoluer sa nation. Il y a un réel plaisir à voir son territoire s’étendre après avoir bataillé dur et assurer la capture de telle ou telle ressource ou point d’intérêt (site de crash de vaisseau, ancienne statue, ruines, la carte regorge d’éléments qui pourront vous donner des avantages afin de reconstruire ce qui a été perdu).

L’écran techno qui indique quelles technologies sont découvertes et quelles sont celles déjà recherchées.

S.E. est donc un titre solide, incontournable et qui selon moi va faire date comme un jeu à part avec une identité propre, unique et qui fait voyager le joueur. Une franche réussite !

Développeur : VR Designs

Editeur : Slitherine inc

Genre : Stratégie Tour par Tour, 4X, Gestion.

Date de sortie : 3 décembre 2020

Prix : 34€

Page Steam

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur.

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.