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The Caligula Effect: Overdose

Me voici donc en cette fin de mois de mai 2023 (oui, oui, je vous jure que j’ai commencé à écrire ce test en mai dernier) attelé à tester The Caligula Effect: Overdose, nouvelle sortie sur Playstation 5.

Ouais, j’ai honteusement piqué mes captures d’écran sur le net.

Pour la petite histoire, le jeu n’a, en effet, rien d’une nouveauté puisqu’il s’agit d’une version revue et corrigée du premier opus d’une série qui en compte deux (le deuxième opus est sorti en 2021 sur la Switch de Nintendo et en 2022 sur Steam).

Si je devais résumer le jeu en quelques mots et m’épargner un dur labeur mal rémunéré, je dirais qu’il s’agit, tout comme Conception 1 & 2 de Spike Chunsoft Co., Ltd. et Tokyo Xanadu eX+ de Falcom, d’une tentative signée NIS (Nippon Ichi Software) de surfer sur l’insolent succès de la série Persona d’Atlus.

Comme pour cette dernière, nous avons affaire à une sorte de Donjon RPG couplé à une simulation de vie en milieu lycéen. Histoire de résumer très rapidement l’intrigue (mais on y reviendra un peu plus bas) votre personnage s’éveille, amnésique, dans le monde de Mobius, un endroit où tout semble avoir été pensé pour faire disparaitre la douleur et les problèmes que l’on peut rencontrer dans la réalité.

Alors que certaines limites de ce monde créé par une Idol androïde nommée μ (Mu) apparaissent évidentes à notre personnage principal, la majeure parties des intervenants semblent pourtant incapables de remettre en question sa réalité et son existence ou de questionner de rôle de μ (Mu).

Heureusement, notre héros ne va pas tarder à rencontrer d’autres intervenants conscients d’avoir été piégés dans ce monde fictif et bien déterminés à s’en échapper. La révolte contre μ (Mu) gronde et il ne tiendra qu’à vous de recruter de nouveaux alliés. Ceci étant rappelé, je ne peux malheureusement pas me payer le luxe d’être flemmard (le rédac chef rôdant à proximité) et je vais donc entrer dans les détails.

Visuellement, nous sommes dans la norme des productions RPG japonaises petit ou moyen budget avec un chouette character design en 2D traduit avec plus ou moins de réussite en 3D grâce à un cell shading qui cache un peu la misère.

Comme vous pourrez le constater, le Character design n’émerge pas complètement indemne de son passage à la 3D

Les personnages sont, hélas, statiques, muets et dénués d’expression mais, comme dans tout bon JRPG qui se respecte, le joueur finira par en faire abstraction au fur et à mesure qu’il entrera dans l’intrigue.

Cette version PS5 de The Caligula Effect: Overdose est néanmoins très loin des sommets -relatifs- du genre, atteints par le récent Tales of Arise de Namco dont on sent néanmoins que le budget de production devait être nettement plus conséquent.

Notre fringuant groupe de rebelles

Comme je le disais plus haut, vous allez jouer le rôle d’un lycéen (ouf, on échappe cette fois à Petit Pierrot, 8 ans et amnésique, qui va se découvrir des pouvoirs magiques et sauver le monde) qui découvre que l’univers autour de lui est factice et qui semble étrangement immunisé face au sortilège qui maintient le reste des protagonistes dans l’illusion.

Votre personnage va rapidement trouver de nouveaux alliés, également capable de voir au travers des apparences. Toute allégorie sur la société moderne, sclérosée et figée et dans laquelle chacun joue le rôle qui lui a été pré-attribué serait probablement fortuite. Bref, toute l’intrigue va consister à permettre à votre petit groupe de précogs (humm, désolé, mauvais scénario) d’échapper à cet univers et de rentrer chez eux.

A gauche, l’enchaînement de coups sélectionnés

Ils vont rapidement découvrir que cette mise en scène est étroitement liée à l’existence d’une Idol (nous sommes au Japon, hein !) dont le chant semble être à même de maintenir l’illusion. Manque de bol, les autres captifs, manifestement plus sensibles aux charmes étranges de la J-Pop, vont tout faire pour s’interposer entre nos héros de fortune et la découverte de l’origine du monde.

Autant dire que ça va sentir la baston à répétition. Et qui dit RPG japonais et baston dit généralement système de combat plus ou moins alambiqué avec plein de noms d’actions et de coups bien ronflants qu’il convient de hurler en les déclenchant comme lorsqu’on regarde un bon vieux Goldorak (de préférence, seul et sans témoin, si l’on souhaite conserver un peu d’amour propre).

Quand je vous disais que le Character design 2D était assez réussi

Dans the Caligula Effect: Overdose, cela va prendre la forme d’un système de combat au tour par tour dans lequel le joueur va, un peu à la manière des échecs (j’ai dit « un peu »), devoir anticiper son adversaire et programmer à l’avance une série d’actions offensives et/ou défensives.

En gros, le joueur, qui ne contrôle que son propre personnage, tandis que ses alliés vivent leur vie, va choisir sa ou ses cibles et programmer trois actions successives au début de chaque tour.

Constat 1 : c’est le bordel. Constat 2 : oui, c’est un peu moche.

En cas de succès, ce sera un carnage dans les rangs ennemis. Dans le cas contraire, disons qu’il va falloir sérieusement envisager de recourir aux premiers soins. Prenons un exemple d’enchaînement raté : notre personnage décide de déclencher une frappe tournoyante qui va propulser l’adversaire en l’air. Sur une mauvaise intuition, vous allez décider d’effectuer deux fois encore la même attaque sur le même ennemi.

Problème : lorsque l’action va se déclencher, l’ennemi se trouvera projeté en l’air lors de la première attaque, de telle sorte que les deux attaques suivantes louperont complètement leur cible. Et voilà donc un beau ratage. Dans le même ordre d’idée, il conviendra bien entendu d’éviter de cumuler trois attaques sur un même adversaire qui n’a que peu ou plus de vie.

En effet, si la première attaque l’achève, les deux autres actions n’auront donc servi à rien et auraient plus opportunément être utilisée pour latter le reste des adversaires. Histoire de rajouter un peu de complexité au système, il convient de préciser qu’en dehors des coups offensifs classiques (mandale dans la tronche, pied dans les roustons), chacun de vos personnages disposera d’attaques spéciales qui lui sont propres, dont les résultats peuvent être dévastateurs, et qui peuvent être utilisées en fonction du remplissage d’une jauge spéciale.

J’aimerais beaucoup vous dire que les décors valent le coup d’œil mais…

En dehors des phases de combat, vous serez amenés à tisser des liens avec les autres lycéens qui peuplent ce monde et à étendre votre petite troupe de révolutionnaires cell shadés. Cela prendra, à l’instar de Persona, la forme d’une simulation de vie lycéenne où vous échangerez avec les autres personnages et choisirez votre emploi du temps.

Là encore, le jeu reste assez nettement en deçà de son modèle avoué mais vous devrez en passer par là pour débloquer de nouvelles aptitudes. Avec 500 personnages avec lesquels vous pouvez interagir, il faudra s’armer de patience.

Vous pensiez que le système de Final Fantasy X était complexe ?

Le problème, que vous aurez bien vu arriver, est que le jeu, déjà largement perfectible et inférieur à tous points à la série des Persona, ressort pour la deuxième fois, des années après sa sortie initiale, avec bien trop peu d’améliorations pour justifier l’achat. En effet, cette version, visuellement bien trop proche de celle d’origine, se contente essentiellement d’ajouter un protagoniste féminin, une nouvelle route narrative (Forbidden Musician Route pour être précis) et plusieurs fins au jeu (vous me direz que c’est déjà pas mal).

A noter néanmoins la modification du gameplay qui fait que la perte de votre personnage principal n’entraîne plus un game over, lequel étant désormais consécutif à la perte de toute votre équipe. Une bonne idée qui vous évitera probablement plusieurs crises de rage.

Pour un fan acharné (s’il en existe) ou pour un nouveau venu, ça sera peut suffisant mais je doute que les possesseurs de la version initiale soient suffisamment convaincus pour passer une nouvelle fois à la caisse. Les ajouts de cette version Overdose ne justifient, à mon sens, que trop peu de remettre une pièce dans la machine tandis que les nouveaux venus seront probablement rebutés par l’aspect très générique du visuel et préféreront se tourner (et on les comprend) vers l’excellent Persona 5 Royal.

Histoire d’en rajouter encore une couche, l’éditeur a eu la très bonne idée de ne proposer aucune mise à jour à tarif réduit depuis l’édition PS4 et aucun transfert des sauvegardes du jeu. On a déjà vu des politiques tarifaires un peu plus sympathiques. En bref, c’est une occasion manquée de faire découvrir la série à un nouveau public et sur une nouvelle génération de consoles et je ne recommanderais l’achat qu’à bas prix ou en solde.

Genre : Dungeon RPG

Développement : FURYU Corporation

Éditeur : NIS America

Date de Parution : 2 juin 2023

Plateforme : Playstation 5

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.