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Kingdom, Dungeon & Hero

Alvaro Sousa est un homme très occupé, mais aussi féru d’hexagones : Warplan et Warplan Pacific c’est lui, SAAvenger vous en avait parlé et comme vous êtes des gens de goût je suis sûr que vous les avez achetés. Mais vous vous êtes sûrement dit que c’est bien beau la Deuxième Guerre Mondiale, mais à force ça lasse un peu. Et figurez-vous qu’Alvaro a ressenti la même lassitude et qu’il revient avec Kingdom, Dungeon & Hero, un… hex & counter – parce que bon, faut pas déconner, les hexagones c’est sa vie – dans un monde médiéval fantastique.

Normalement, après une intro si finement amenée, vous hésitez entre fermer l’onglet de votre navigateur et continuer votre lecture pour vérifier s’il y a un quelconque rapport entre Kingdom, Dungeon & Hero et Burning Banners, un wargame sur table édité par Compass Games qui crée le buzz ces dernières semaines.

La réponse est non. Mais oui quand même, car impossible de ne pas les comparer quand on pose les mains dessus, même si Burning Banners a pour lui un matériel très classe, contrairement aux graphismes de Kingdom, Dungeon & Hero qui restent très old school. Mais après tout, ça n’est pas vraiment ça qu’on cherche dans ce genre de jeux. Ce qu’on veut, ce sont de la stratégie bien costaude et des méninges qui travaillent.

En ça, Kingdom, Dungeon & Hero va combler vos espoirs. Avec 6 scénarios de diverses tailles, allant du tout petit en face à face au monstre sur une carte gigantesque, il y a de quoi s’occuper de très longues heures, même si on regrettera qu’il y ait à chaque fois un timer. Impossible donc d’essayer de repeindre la carte à vos couleurs – surtout que vous allez très vite vous retrouver face à une coalition si vous essayez – il va donc falloir faire des choix.

Vous dirigez en effet un royaume parmi une bonne vingtaine, avec ses unités spéciales et son style de jeu. Vous aurez donc un territoire qu’il vous faudra parfois étendre, parfois protéger. Il est composé bien entendu de villes, villages et autres places fortes qu’il faudra faire progresser en y construisant des greniers, remparts, excavateurs… Oui, comme dans Heroes of Might & Magic, sauf qu’il ne faut pas s’attendre à pouvoir réellement développer complètement un lieu (sans parler de l’aspect visuel, inexistant) tant les ressources sont difficiles à obtenir.

Il faut donc équilibrer au mieux la production de nourriture et de ressources pour toujours être capable de nourrir sa population et ses armées, tout en essayer de se développer et de recruter des troupes. Celles-ci sont ce que vous attendez d’un jeu d’heroic fantasy : des piquiers, des milices, des cavaliers lourds ou légers… Il va falloir panacher les armées pour un maximum d’efficacité. Ajoutez un héros pour plus d’efficacité et lancez-vous.

Ou résistez, parce que l’IA est loin d’être idiote et n’hésitera pas à vous contourner et à prendre vous villes isolées ou même vous couper de vos lignes de ravitaillement si vous ne sécurisez pas vos arrières lorsque vous avancez en territoire ennemi. Les troupes disposant d’un nombre de points de mouvement différent selon leur type, il y a parfois de belles courses-poursuites !

Les combats sont gérés le plus simplement du monde, avec une force globale du stack, des bonus ou malus selon le terrain, la gestion du moral… Bref, tout ce qu’il faut pour en faire un hex & counter fréquentable. Bon, cela oblige par contre à lire le manuel de 40 pages ou à regarder la série de petites vidéos que le développeur a mis à disposition.

Heureusement, tout ne se règle pas à la pointe de l’épée et il y a une composante diplomatie qui devient vite indispensable pour ne pas avoir à gérer plusieurs fronts simultanément. Elle n’est pas aussi poussée que sur un Crusader Kings 3 par exemple mais elle s’avère simple et fonctionnelle. Et je n’ai pas relevé de comportements aberrant de la part de l’IA.

Rajoutez la Corruption, la gestion du contentement des populations, ce qui oblige à pacifier une ville nouvellement conquise sous peine de la voir se soulever dès que votre armée la quitte, la Recherche qu’elle soit militaire ou industrielle, et vous aurez un titre entre hex & counter et jeu de conquête à la HoM&M, sans bien entendu atteindre la profondeur et la durée de vie de ce dernier. Cerise sur le gâteau, il est possible d’envoyer les Héros à l’aventure dans les nombreux donjons qui parsèment les Royaumes !

Kingdom, Dungeon & Hero n’est pas un jeu inaccessible, loin de là, mais il va nécessiter un temps d’apprentissage. Pour comprendre comment ne pas être dans le rouge au bout de trois tours ou pour savoir quels combats ne pas livrer.

Certes le côté old school rebutera sûrement ceux qui veulent du clinquant mais ce sera dommage pour eux car ils passeront à côté d’un titre profond et très intéressant. Vous avez apprécié les Warplan ? Vous jouez à Burning Banners avec votre groupe du vendredi soir ? Alors n’hésitez pas une seconde !

Genre : Stratégie

Développeur : Kraken Studios

Editeur : Kraken Studios

Date de sortie : 1 Juillet 2024

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...