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Dark Envoy

Je n’ai jamais trop aimé les romans estampillés « Young Adult ». Vous savez, ces histoires pseudo-fantastiques ou de fantasy, souvent avec un ou une jeune ado qui se retrouve dans une situation improbable et qui, grâce à son caractère et aux amis qu’il ou elle se fait en chemin, finit par triompher (et sauver la moitié de l’humanité au passage). Je pense à un livre comme Hunger Games pour citer un des plus connus, ou à un autre totalement claqué comme Le Serment des Liés (bonne chance pour savoir de quoi ça parle). Bref, je n’aime pas. Et ce n’est pas une question d’âge, même quand j’étais adolescent je n’aimais pas. Je trouve ça mal écrit, générique au possible, pénible et interminable. En résumé, je ne suis pas le public. Pourquoi je vous parle de ça ? Et bien parce qu’avec Dark Envoy, je me suis rendu compte que j’étais en face d’un CRPG qu’on pourrait estampiller « Young Adult ». Entre autres choses.

À ton image

Dark Envoy est le deuxième jeu du studio indépendant polonais Event Horizon, qui avait sorti il y a quelques années déjà, un autre CRPG : Tower of Time. Ce nouvel opus nous place dans la peau d’un frère et d’une sœur, des jumeaux, qui se convertissent en chasseurs de reliques. Au sortir de l’adolescence, ils vivent encore chez leurs parents, eux-mêmes des personnalités importantes de leur petit village accroché à une falaise. Ils seront, on s’en doute, jetés bien malgré eux dans une intrigue aux ramifications planétaires qui verra se décider le destin du monde. Ils pourront heureusement compter sur des alliés rencontrés en route, etc. Bref, vous connaissez la chanson.

L’univers steampunk se veut original. Technologie étrange et magie mystérieuse se mêlent en un cocktail intéressant. Si on ne peut choisir ses héros, et même si ces derniers seront rejoints par plusieurs autres personnages jouables, il est demandé de choisir sa classe. Du classique et efficace guerrier au tireur d’élite en passant par l’indispensable magicien, il y a plusieurs possibilités. Chaque classe est fournie avec ses armes et son équipement de départ.

Comme dans tout bon jeu de rôle, on dispose également d’une fiche de personnage avec des points à répartir dans différentes caractéristiques communes (vitesse, puissance, pouvoir, endurance) et dans un arbre de compétences dépendant lui de la classe choisie. Chaque passage de niveau nous octroyant quelques points à répartir. Au fur et à mesure de l’aventure, il sera possible de se spécialiser en différentes sous-classes, chacune apportant certains pouvoirs spécifiques.

L’aventure en elle-même consiste globalement à se rendre dans différentes zones à partir d’une carte générale du continent. Certaines zones sont indispensables à la suite de l’histoire et sont marquées d’un point d’exclamation, d’autres sont totalement optionnelles et servent principalement à collecter des objets et à gagner de l’expérience. Les zones sont la plupart du temps des donjons faisant la part belle à l’exploration et au combat avec une ou plusieurs tâches à remplir en leur sein. Puis, on revient à l’endroit où on a pris la quête et on recommence. Si vous avez joué à des MMO du type World of Warcraft ou à des Hack & Slash à la Path of Exile, c’est exactement la même chose.

Premier contact

Ce sont donc les combats qui constituent le cœur du jeu. Ils se déroulent en temps réel bullet-time pausable. Déjà utilisé dans Tower of Time, il consiste à un ralentissement quand le combat s’engage. Libre à vous de rester dans ce mode, de passer en pause complète ou de repasser en temps réel. Malheureusement, ces combats n’ont strictement aucun intérêt. Leur aspect tactique est quasiment inexistant, la difficulté est absente (même en mode difficile) et vous résoudrez toutes les situations en mettant vos personnages dans la posture automatique et en les bougeant de temps à autre des zones d’effets des attaques ennemies.

En ce qui concerne le choix des équipements et des armes, c’est pareil : vous prenez ce qui vous donne le plus de dps et d’armure, et c’est tout… Le jeu promet pourtant beaucoup, avec des centaines d’armes, d’armures, de pouvoirs. Mais au final, il est largement plus simple de se focaliser sur les deux aspects sus-nommés puisqu’ils vous permettront de passer à travers tout ce que le jeu vous présente. En jouant, j’avais vraiment l’impression de refaire les combats de World of Warcraft tels qu’ils sont dans mon souvenir : on se place, on déclenche vaguement des pouvoirs quand le cooldown le permet, et on passe au pack de mobs suivant. Sans oublier le loot et les coffres. Bref, je ne peux pas dire que je me sois amusé. Le plus triste là dedans c’est que c’était déjà le cas dans Tower of Time, et c’était la raison pour laquelle j’avais lâché le jeu.

Pourtant, d’un point de vue DA et technique, ce n’est pas désagréable. Les graphismes sont jolis et n’utilisent pas trop mal les références steampunk. Les personnages sont suffisamment caractérisés pour qu’on les reconnaisse sans difficulté.

Les environnements sont plutôt réussis même si l’aspect très « rectangulaire » des différents lieux n’a rien de transcendant. La musique est sympathique quoi qu’un peu répétitive, quant aux bruitages ils font le job. Rien de fou, rien de honteux, c’est plaisant mais pas inoubliable pour autant.

Bisou je menvol

Alors qu’est-ce qui cloche ? En premier lieu, c’est l’aventure totalement banale et insipide. D’accord l’univers steampunk est amusant avec ses bateaux volants, ses machines qui défient la physique et sa magie spectaculaire. Mais on s’ennuie ferme. Pas parce qu’on est un vieux blasé (encore que) mais parce que le scénario cousu de fil blanc présente peu d’intérêt.

Et c’est d’ailleurs de là qu’est venue ma réflexion sur les jeux vidéo « Young Adult ». Il ne s’agit pas d’un genre au sens classique du terme (crpg, stratégie, etc.) mais bien d’un « moment ». Je pense sincèrement qu’il commence à exister des jeux qui ne peuvent plus plaire à la « vieille génération ». Ce sont des jeux peut-être trop naïfs, trop vus et revus pour celui ou celle qui a déjà parcouru cinquante fois ces histoires, ces lieux, ces situations.

Quant à Dark Envoy, et pour celles et ceux qui arrivent dans le jeu vidéo avec un œil neuf alors oui, pourquoi ne pas lui donner une chance. Après tout, il n’a rien de honteux, il s’adresse simplement à un public plus jeune.

Genre : crpg steampunk

Développeur : Event Horizon

Editeur : Event Horizon

Date de Sortie : 24 oct 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.