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L’EA du mois : Ruinarch

Sous ses allures de copie de Rimworld, Ruinarch propose au joueur un pitch intéressant : Vous êtes un démon (un parmi les trois disponibles) et votre but sera d’éliminer tous les êtres vivants alentours (en tout cas ceux qui ne vous vénèrent pas encore) ou d’atteindre un certain niveau de développement pour votre antre afin de réveiller le « Ruinarch » qui désolera les lieux.

Chose your destiny! Ah non pas le bon jeu

C’est-à-dire que contrairement aux jeux de gestion classiques où vous devez survivre et vous agrandir en collectant des ressources et en construisant des structures de plus en plus évoluées, dans Ruinarch ce sera à vous de mettre à genou l’IA. Non pas via la construction (même si certaines structures doivent bien être construites pour débloquer certaines actions, ce côté est très limité) mais en utilisant vos sorts, l’environnement ou les caractéristiques de chaque personne pour essayer de faire tomber leurs colonies.

Upgrade en cours

Chaque carte dispose en effet d’un certain nombre de villages gérés par l’IA, les villageois peuvent avoir différentes races (Elfes, humains, vampires et lycanthropes) ou allégeances (à leur propre race mais aussi aux démons que vous représentez). Ces villages abritent des héros qui vont chercher de quoi subvenir à leur besoin mais aussi lancer des quêtes pour nettoyer tel donjon de ses monstres, chercher tel trésor ou explorer tel morceau de la carte.

C’est bien d’avoir un log mais avoir quelque chose de plus visuels pour les évènements ne ferait pas de mal.

En début de partie vous devrez poser quelques structures (qui n’ont qu’un maigre coût en mana et sont construites de manière instantanée) nécessaires à vos desseins. Certaines permettent d’améliorer vos sorts, d’autres d’invoquer des sbires ou de capturer des villageois. Il faudra protéger votre point central que vous pourrez en général améliorer grâce à de l’influence que vous aurez amassée en faisant du mal alentours.

On a jamais assez de psychopathes dans les jeux

Vous devrez donc amasser des orbes de pouvoir en infligeant des désagréments souvent mineurs à des villageois au hasard (un piège sur leur chemin, un petit coup d’éclair…). Avec l’accumulation de votre pouvoir vous pourrez en apprendre plus sur lesdits villageois, découvrir qui est leur chef, quels sont leurs traits de caractère, leurs liens sociaux, tout ça vous permettra alors d’amener le chaos dans les colonies alentours. Ajoutez une compétence négative à un tel qui devient alors fainéant, kleptomane (chaque méfait, si découvert, aura une tolérance plus ou moins haute suivant la faction, certains pouvant même mener à une condamnation à mort) ou même psychopathe qui cherchera à éliminer des victimes aux caractéristiques bien spécifiques. Répandez des rumeurs, poussez tel ou tel villageois à l’adultère, bref les possibilités sont assez larges et offrent une source de création d’histoires sympathiques (et maléfiques).

Withney c’est pas celle qui chante « And I will always drown you! » ?

Vous suivrez tel ou tel villageois, tenterez de le corrompre ou de lui infliger des tares qui serviront vos dessins (exclusion, prise de pouvoir, assassinat), vous pouvez aussi le capturer afin d’en faire un cultiste qui suivra vos ordres et pourra tenter de convaincre d’autres villageois. Malheureusement l’interface n’aide pas toujours au suivi. Vous pouvez ajouter les personnages à une liste mais pas de notes à ajouter, la liste n’est pas aisée à naviguer, les liens entre personnages se cachent derrière les onglets qui sont sur sa fiche.

Pour capturer quelqu’un il faudra par exemple que ce soit un personnage ajouté à la liste de vos cibles, mais il faut savoir où il se trouve (les noms ne s’affichant plus quand les personnages dorment) afin de lancer votre expédition au meilleur endroit, on se retrouve à quitter le menu de capture qu’on était en train de remplir pour vérifier. Heureusement il y a une pause active dans Ruinarch sinon ce serait tout simplement impossible, l’IA étant beaucoup en mouvement et souvent en groupe afin de s’apporter du soutien lorsque nécessaire.

Avoir le meneur des humains de son côté est assez utile

Comme souvent dans ce genre de jeux, plus vous monterez en puissance, moins le challenge est présent. Les villages vont devenir de moins en moins peuplés au fil de vos méfaits. Certes si vous levez l’alarme ils peuvent recevoir des renforts ou même envoyer des « anges » afin de vous attaquer mais il n’y a là rien pour vraiment vous mettre en danger. Pour l’instant le jeu est, il faut le dire, assez facile, même si au début on se demande comment on va faire pour éliminer une trentaine de villageois avec un piège à lapin, c’est un peu dommage qu’au moment où vous avez les choses bien en main il ne restera alors qu’une petite poignée à résister. Un système de montée en puissance des villageois pourrait être utile afin de corser un peu le tout.

On peut ainsi convaincre une faction de déclarer la guerre à une autre

De manière générale, on sent que Ruinarch est encore en gestation. C’est certes un Early Access et de nombreux mécanismes sont présents mais il manque encore les éléments nécessaires pour lier le tout de manière convaincante. L’interface gagnerait à pouvoir avoir une meilleure visibilité sur les personnages « importants », c’est un peu dommage de faire autant d’efforts pour arriver à convaincre un villageois de devenir un membre de votre culte pour au final le laisser dans une liste dont le seul intérêt sera de lancer des rumeurs ou convaincre d’autres personnes, surtout que toutes les actions sont limitées par des timers généraux. Donc avoir plus de cultistes n’apporte pas souvent grand chose sauf si vous arrivez à convaincre un chef de faction, vous pourrez alors jouer sur la diplomatie (j’aimerais aussi pouvoir influer sur les lois afin de rendre des délits mineurs passibles de peines plus lourdes).

Et le tour est joué, les humains et les elfes ne sont plus copains, c’était de toute façon une abomination.

Ce système de mana et de timers ralentit pas mal le jeu (après les parties ne durent qu’une ou deux heures) mais oblige le joueur à garder certains sorts pour quand ils sont vraiment utiles (comme envoyer un éclair sur un villageois déjà blessé afin de l’achever d’un coup). L’expansion de l’IA est elle assez rapide au début et puis va se ralentir avec la pertes de villageois, laissant derrière elle plein de maisons abandonnées. De manière générale cependant on sent que Ruinarch a beaucoup de potentiel et que l’idée de base est bonne mais que certains éléments sont encore trop artificiels (les bâtiments et leur placements) ou pas assez approfondis (l’interface, le système de relation et les effets de vos actions d’influence) car si le jeu amène des situations vraiment sympathiques comme on en trouve dans d’autres jeux axés sur les relations (Crusader Kings restant le maître en la matière), le suivi de celles-ci ou l’intérêt au final (la mort ou la soumission) reste limité.

Comme à la rédac !

Ruinarch est rempli de bonnes idées, le jeu propose une base pour s’amuser un temps et on peut clairement voir tout le potentiel de ce que le titre pourrait être mais n’est pas encore tout à fait. Reste à voir si l’Early Access amènera une évolution positive car ce n’est pas tellement au niveau du contenu que les choses doivent selon moi évoluer (même si l’interface est encore un peu brute) mais sur l’interconnexion des différents mécanismes de gameplay et leur présentation qui permettrait de transformer un jeu déjà bien sympathique en une expérience qui sortirait du lot. En attendant, les curieux (ou ceux qui veulent supporter le développement du jeu) auront de quoi s’amuser quelques heures à répandre le mal.

Développeur : Maccima Games

Editeur : Squeaky Wheel Studio Inc.

Date de sortie : 25 Août 2020

Genre : Gestion

Prix : 16,79€

Page Steam

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.