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STATIONflow

Avant de jouer à STATIONflow, j’ai pris le métro quotidiennement pendant plusieurs années, comme bon nombre d’entre vous j’imagine. Et pas toujours pour le plaisir. Heureusement, j’ai fait ça dans une ville tolérable, donc pas à Paris, ce qui m’a évité de choper toutes les maladies du monde, de mourir plusieurs fois étouffé à l’heure de pointe, de respirer trop souvent des odeurs de pisse et de croiser plus de rats que dans A Plague Tale.

Pour autant, je ne suis pas mécontent de ne plus avoir à m’engouffrer dans des tunnels sombres pour me rendre à mon travail, de traverser la ville à grande vitesse, en passant sous deux fleuves distincts, à la merci du moindre caprice technique qui va me bloquer avec trouze milliards d’inconnus dans un wagon de quelques mètres carrés.

Mais revenons à STATIONflow. Vous voilà propulsé à la tête de la gestion d’une seule station de métro. Alors dit comme ça c’est assez étrange, une station fait forcément partie d’un réseau, mais passons. Sur une carte en trois dimensions, on va devoir relier accès et quais afin de permettre aux passagers de monter dans les rames.

Au début ça va, on a trois entrées, un quai, une voie de chaque côté, on fait des couloirs, des escaliers qui descendent là où il faut et roule ma poule. Sauf que le lendemain, ça se complique. De nouveaux accès sont ouverts et il faut repenser les chemins. Puis c’est une nouvelle ligne qui arrive, qu’il faut relier à tous les accès précédents. Sans compter les machines à café, à tickets et autres poubelles à répartir sur le réseau. Et sans oublier les toilettes.

Alors nos couloirs s’enchevêtrent, se contournent, se croisent, on multiplie les escaliers et c’est le drame : de nouveaux usagers font leur apparition. Les vieux tout d’abord, à qui il faut proposer des escalators. Les touristes, à qui il faut fournir des plans. Les handicapés en fauteuil qui ne peuvent prendre que les ascenseurs.

Chaque nouveauté nous oblige, surtout lors de notre partie de découverte, à repenser ce qui a été fait la veille. Parce que tous ces gens qui ignorent allègrement les gestes barrière en se collant les uns aux autres n’aiment pas marcher trop longtemps. Et ils souffrent d’un syndrome qui touche les habitués des commentaires de l’Equipe, des forums de JV.com ou des trolls de Twitter : ils ne savent pas lire.

C’est donc le moment pour vous parler du point qui m’a eu à l’usure, qui m’a fait décrocher après que ma station soit devenue un chaos sans nom : les panneaux. On peut, à l’inverse de ce qui se fait à la station Châtelet à Paris (que je soupçonne d’être un accès direct aux enfers), installer des panneaux indicateurs, pour signifier que tel couloir mène à telle ligne, à telle sortie, à tel service. Le tout en spécifiant si l’endroit sera accessible par un escalier ou un ascenseur, en fonction des cas.

Et vous trouverez toujours les mêmes branquignols, au pied desdits panneaux, en train de péter un câble parce qu’ils ne trouvent pas leur chemin. On peut cliquer sur ces râleurs afin de savoir quelle est leur destination. Déjà on constate que souvent ils ne viennent pas prendre un métro mais plutôt sortir par un autre chemin. Ce qui est bien la preuve qu’ils sont un peu narvalos : payer son ticket pour seulement déambuler dans des couloirs bondés et ressortir sans même avoir approché les voies, alors qu’ils auraient pu faire le même trajet à l’air libre et gratuitement, je suis désolé, je trouve ça particulièrement con.

Mais surtout il semble très compliqué de résoudre ce problème. Je soupçonne que c’est dû à une question de saturation des couloirs, que lorsqu’il y a trop de monde, certains panneaux ne sont plus visibles. Mais ce n’est que pure spéculation de ma part, je cherche simplement à trouver une explication logique à ce qui pourrait ressembler à un bug.

C’est tout de même frustrant et se dire, à chaque nouvel accès ou quai, qu’il va falloir revenir sur chaque panneau existant pour y rajouter ces destinations à la main, un par un, est proprement démotivant. Alors ok, ça fait partie du fun du jeu de penser l’organisation de ses couloirs, de prévoir un chemin qui mène uniquement au réseau d’ascenseur pour ceux qui en ont vraiment besoin, ou d’obliger tout le monde à passer devant la cafétéria comme chez Ikea.

Mais la masse de travail devient gigantesque lorsqu’on doit relier trois quais à une vingtaine de sorties, le tout situé à des profondeurs différentes, nécessitant à chaque fois ascenseurs, escalators et escaliers, sans même compter le nombre effrayant de panneaux pour orienter tout ça. J’ai essayé plusieurs méthodes, le couloir unique qui dessert tout, les accès uniquement via ascenseur, l’esplanade centrale qui rassemble tous les services… aucune ne m’a affranchi de cette corvée de signalisation.

Techniquement STATIONflow est pourtant propre, les graphismes étant pensés pour être lisibles et non photoréalistes (spoiler : ils ne sont au final ni l’un ni l’autre quand des dizaines de couloirs se superposent, mais au moins on peut tourner la caméra au poil près pour mieux s’y retrouver), mais la musique a été coupée au bout d’une petite demi-heure tellement elle m’a saoulé. Il existe différentes cartes, qui changent les endroits où se situeront les futures entrées et quais. Un éditeur relativement simple à prendre en main nous permet même de créer les nôtres.

J’adore l’idée, je trouve l’interface, après quelques minutes d’acclimatation, plutôt réussie, je me délecte de voir ces flots humains charger dans mes couloirs aux heures de pointe. Mais gérer ces panneaux indicateurs est une torture à la Sisyphe qu’il faut recommencer à chaque nouvelle journée ou presque. Pouvoir l’automatiser, même en partie, m’aurait rendu l’expérience bien plus agréable, même si j’ignore à quel point cela est possible.

Les grands malades de la planification au poil de gnou vivront sans doute mieux que moi cette partie du gameplay et ils pourront profiter d’un jeu de plus en plus satisfaisant à mesure qu’il se complexifie. Un très bon jeu de gestion en temps réel pausable mais qui a fini par m’obliger à limiter la durée de mes sessions de jeu pour ne pas stranguler mon clavier avec le fil de ma souris.

Genre : Gestion / construction

Twitter officiel

Développeur : DMM GAMES

Plateforme : Steam

Prix : 14,99€

Date de sortie : 15 avril 2020

Testé sur une version presse fournie par le développeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.