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IREM Collection 2

Quand le rédac’ chef s’est pointé avec un jeu sous le bras en me demandant si je voulais le tester, mon premier réflexe a, bien entendu, été de fuir le plus loin et le plus vite possible. Cela dit, il a eu le réflexe adéquat en me hurlant qu’il s’agissait de la IREM Collection 2.

Bien que toujours méfiant, j’ai néanmoins consenti à sortir la tête de sous le bureau derrière lequel je m’étais honteusement caché en espérant qu’il ne me trouverait pas et qu’il déciderait à jeter son dévolu sur un autre pigiste plus malchanceux (la hiérarchie chez Dystopeek me laisse pourtant soupçonner qu’il n’existe pas de pigiste moins bien traité que moi)(NdHarvester : tu t’arrêtes à des détails sans importance). C’est que, voyez-vous, IREM est un de mes développeurs arcade préférés des années 80 et 90.

Air Duel. Visuellement très joli mais quelque peu lacunaire au niveau du framerate. On reconnaît bien la patte IREM

Legend of Hero Tonma, Hammerin’ Harry, In the Hunt, Ninja Spirit, Mr Heli, R Type, Vigilante ou Kung-Fu Master, ça vous parle ? Et bien, se sont tous des titres sortis en arcade signés IREM. C’est dire le niveau des gars. Bien évidemment, succès aidant, la majeure parties des jeux IREM ont eu droit à des conversion sur bon nombre de machines à commencer par la NES (Kung-Fu Master), la Super Nintendo (Gunforce, Super R-Type), la PC Engine (Ninja Spirit, Legend of Hero Tonma ou encore Image Fight), la Saturn (In the Hunt) ou encore les micro-ordinateurs de l’époque tel que le magnifique Atari 520 ST et cette sombre cochonnerie d’Amiga 500 (pour les plaintes, n’hésitez pas à me contacter, je vous communiquerai l’adresse personnelle du rédac’ chef).

Bref, IREM, c’était du lourd. Du moins tant que son équipe star, lassée par le ralentissement de l’activité de l’éditeur, ne décide de se barrer chez la concurrence, créer Nazca Corporation et réaliser une misérable petite série de jeux pratiquement anonyme, Metal Slug. Du coup, quand l’éditeur se décide à sortir une de ses compils, c’est avec un grand plaisir que je me jette dessus. Cela dit, le test qui va suivre va être nettement moins dithyrambique que je ne le prévoyais.

Gunforce version Super Nintendo. Oui, il y a un beau downgrade. Terme qu’on n’utilisait pas à l’époque.

Car des compils IREM, il y en a eu un certain nombre depuis que le retrogaming a suscité un regain d’intérêt auprès du grand public et a pris d’assaut nos PC et machines de salon et celle-ci ne fait clairement – et malheureusement – pas partie du haut du panier. Dès le départ, le bât blesse quand on s’aperçoit que cette IREM Collection 2 ne comporte que trois titres différents : le shoot’em up Air duel et les deux épisodes de Gunforce, run’ & gun inspirés du vénérable Contra (Konami) et qui ont à leur tour, manifestement servi de brouillon à la petite série de jeux dont je parlais un peu plus haut. 

Alors certes, Gunforce premier du nom est présenté ici dans sa version arcade et sa version adaptée sur Super Nintendo mais ça reste néanmoins un peu léger, surtout quand on se rappelle de la compilation IREM Arcade Hits qui avait été publiée sur PC il y a des années par Dotemu et qui comptait, pour sa part, plus d’une quinzaine de titres pris parmi lesquels les plus célèbres du catalogue IREM. Dans le cas qui nous intéresse, on retrouve une compilation assez chiche en contenu et très similaire à ce que l’éditeur propose sur la console Evercade.

Comme je le disais, c’est très basique. Les plus heureux seront les possesseurs d’écrans rotatifs.

Passé cette première déception, on est rapidement accueilli par un menu fonctionnel, à défaut d’être très joli. Et là encore, c’est la déception. Les options sont limitées à leur plus simple expression : 3 ou 4 shaders différents (Scanlines, CRT, arcade glow etc.), un pauvre fond d’écran (j’ignore à ce stade si d’autres peuvent être débloqués au fur et à mesure de la progression dans les différents jeux) et quelques options comme la sauvegarde rapide. 

Oubliez ici tout goodies qui aurait justifié l’achat d’IREM Collection 2. Pas le moindre artwork, pas la moindre image de la borne d’arcade, pas le moindre flyer ou numérisation du mode d’emploi de l’époque. Rien, nada, que dalle. De la même manière, on peut se brosser pour trouver la moindre anecdote ou histoire du développement des jeux ou même des informations techniques sur la borne d’arcade (en l’occurrence, le hardware Irem M92 si je me fie à l’excellent site System 16).*

C’est qu’il en a fallu, du software, pour faire tourner cette petite compilation.

Pour ceux qui ont eu l’occasion d’essayer la dernière compil Atari 50ème anniversaire, magnifiquement présentée et blindée d’artworks et de documentaires, ça peut faire un choc. Passons sur le menu assez peu ergonomique (aucune utilisation du pavé central de la manette Playstation 5 etc.) et essayons donc le premier jeu de la compilation, Air duel, un assez classique jeu de tir à scrolling vertical.

Alors certes, mes souvenirs de la borne d’arcade commencent à dater mais ce Sprite qui clignote un peu trop étrangement au lancement de la partie, ces tirs qui me semblent légèrement saccadés et ces pales d’hélicoptère me laisse soupçonner l’impensable. Serait-il possible que sur une machine moderne comme la Playstation, l’émulateur utilisé dans IREM Collection 2 ne soit pas foutu de maintenir un bon framerate sans sauter d’image ?

J’aimerais bien vous dire que cette option peut être réglée dans le menu mais ce n’est malheureusement pas le cas puisque les options vidéo sont réduites à la portion la plus congrue. Je ne vous cache pas que j’ai été vérifié sur Youtube à quoi ressemblait la version d’origine pour me persuader que j’étais mauvaise langue (c’est un peu le cas, pour être honnête).

Gunforce II : une certaine idée du chaos et une très nette esquisse des cultissimes Metal Slug.

S’agissant du gameplay, Air Duel est un digne et très lambda représentant de la lignée des shoot’em up à scrolling vertical popularisée par les illustrés Xevious (Namco), Tiger Heli (Toaplan), DoDonPachi (Cave) ou autres Raiden (Seibu Kaihatsu). Votre vaisseau ou hélicoptère (c’est au choix) survole les niveaux en balayant tout ennemi présent dans les airs ou au sol et en récupérant au passage les bonus qui vont lui permettre d’améliorer sa force de frappe jusqu’au grand méchant boss qui vous attend traditionnellement à la fin de niveau.

Bien évidemment, les bombes, en nombre limité, permettant un carnage de grande ampleur, sont également de la partie. Enfin, et comme c’était pratiquement toujours le cas dans ce style, il est possible de jouer à deux et d’espérer ainsi augmenter – très – légèrement la durée de vie des joueurs. S’il n’y avait pas les graphismes typés IREM qui évoquent le style du magnifique in the Hunt, ou le tir très particulier de l’hélicoptère qui suit ses mouvements et auquel il faut s’habituer pour espérer survivre, rien ne distinguerait particulièrement ce titre des centaines d’autres sortis au cours de ces deux décennie.

Comme d’habitude, un gros méchant boss vous attend à la fin de chaque niveau.

Bref, ça reste un jeu très correct, et jamais adapté sur console (Hein, M’sieur Catel ?), mais trop peu mémorable pour justifier l’achat d’une IREM Collection 2 aussi chichement dotée. Du côté de Gunforce, les choses vont beaucoup mieux avec une animation plus agréable à l’œil et qui semble conforme à ce que je me rappelais de la borne d’arcade. Pour ceux qui l’ignorent, Gunforce est un très traditionnel run and gun dans lequel vous allez diriger un soldat du futur prêt en découdre avec une armée entière (et, accessoirement, prendre des noms et botter des culs comme Reggie). 

Les contrôles sont basiques : vous pouvez sauter, tirer, vous agenouiller et la seule originalité, certes relative, est qu’il est possible d’orienter son tir dans les 8 directions (un peu comme dans Midnight Resistance de Data East). Comme dans mes souvenirs, le jeu n’est pas facile et pas désagréable mais ce n’est clairement pas le chef-d’œuvre que réaliseront plus tard bon nombre des développeurs qui ont travaillé dessus (oui, je parle encore des Metal Slug).

Tiens, tiens, des véhicules divers (chariot, hélicoptère, jeep etc.) sont disséminés un peu partout dans les niveaux. A quoi ça me fait penser, déjà ?

Un passage par la version Super Nintendo de Gunforce permet de constater que cette version qui, dans mes souvenirs était très proche de l’arcade, lui est en fait inférieure sur tous les points. Que ce soit au niveau des graphismes, nettement moins détaillés, de l’animation simplifiée et moins fluide ou encore des sons beaucoup plus médiocres, elle ne présente aucun intérêt autre qu’historique et je vois difficilement qui souhaiterait jouer quand la version arcade est également disponible dans la même compilation.

Je trouverai le bonus très sympathique si on était en présence d’une compilation de la qualité des Sega Ages 2500 comme il en existait sur la PlayStation 2. Force est de constater qu’on en est loin.

Pas moche mais très très basique.

Du côté de la suite, également connue sous le nom de Geostorm, les choses sont un peu différentes. C’est le bordel complet à l’écran. Tout explose, les armes sont excessives – notre personnage en possède d’ailleurs deux – et le framerate agonise à chaque série d’explosions.

Que ce soit les graphismes, ces jeunes femmes prisonnières qu’il faut délivrer pour obtenir des bonus, les explosions multiples et variées ou ces médailles qui tombent de partout, il est très clair que le jeu est en quelque sorte un brouillon de ce qui deviendra plus tard Metal Slug sur Neo Geo (un autre grand habitué des ralentissements multiples et variés).

Quand je vous disais que tout explose à l’écran !

Bref (oui, c’est l’heure de la conclusion), IREM Collection 2 est une compilation que j’ai beaucoup de mal à recommander malgré les qualités évidentes des trois jeux tant il était possible de faire mieux à tous les niveaux. Le fait qu’ININ ait souhaiter scinder cette compilation en quatre volumes vendus à 25 € l’unité en dit long sur la volonté de traire les amateurs de retrogaming. Ne leur faites pas ce plaisir et attendez donc un rabais important avant de toucher à cette madeleine de Proust.

* https://www.system16.com/

Genre : Arcade
Développeur: IREM / Tozai Games
Editeur : ININ Games
Date de sortie : 20 février 2024
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.

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