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Rise of the Triad: Ludicrous Edition

Doit-on céder à la nostalgie ? Faut-il absolument faire rejaillir le feu des anciens volcans qu’on croyait trop vieux ? Est-ce que c’était mieux avant ? Tous les jeux méritent-ils de revenir sur le devant de la scène ? L’humour est-il mort ? Est-ce que j’aime recycler des vieilles ficelles d’écriture pour vous présenter Rise of the Triad: Ludicrous Edition ?

Non, non, non, non, oui et oui.

Un vieux pot pour une mauvaise soupe

Si, comme la majorité des gens, vous ne connaissez pas Rise of the Triad, sachez que c’est un FPS de type Doom-like (on dit Boomer-shooter aujourd’hui) dans la droite ligne de Wolfenstein 3D. Jeu au succès limité dans les années 90, ayant connu une tentative (foirée) de retour dans les années 2010, il ressort aujourd’hui dans une version « remastered 4K ultra wide technicolor soundblaster woot woot ».

Le principe est toujours le même : vous êtes un personnage du HUNT (pour High-risk United Nations Task-force…), qui défonce tout ce qui se présente à lui, accompagné par un vague scénario prétexte. Comme dans 100% des Boomer-shooter, l’intérêt scénaristique est au niveau du tapis de la porte d’entrée. Oui, celui où on s’essuie les pieds.

En lui-même, c’est un FPS rapide, violent, old-school, avec un level design totalement absurde. On y trouve en vrac, des parois mouvantes, des trampolines que vous pouvez utiliser mais que les mobs utilisent également (pour votre plus grande joie), et des sortes de plate-formes flottantes qui se déplacent. Ces dernières transformant alors un FPS déjà pas terrible en plateformer injouable. Le tout enrobé de graphismes déjà datés au moment de sa sortie.

Perseverare diabolicum

Le cas de Rise of the Triad est historiquement particulier. Essayant, comme à peu près toute l’industrie du jeu vidéo à ce moment-là, de capitaliser sur le succès interplanétaire de Doom, Apogee Software récupère et utilise le moteur de Wolfenstein 3D, puis lui adjoint quelques améliorations telle que la dimension verticale. Pour pouvoir rester dans les limites de l’acceptable par les machines de l’époque, la verticalité est bornée par des murs très hauts et la puissance de calcul ménagée par une présence ennemie éparse. En termes plus directs : c’est grand, haut, foutraque et on s’y emmerde.

Le moins qu’on puisse dire c’est que le jeu n’a pas vraiment rencontré son public. Après une petite hype dans certains journaux spécialisés de l’époque, le titre est bien vite retombé dans l’oubli. Au point où, en 2002, le jeu se retrouve publié sous licence GPL (c’est à dire logiciel libre). Voilà, ce sont des choses qui arrivent, ce n’est pas grave, fin de l’histoire.

Et bien non ! Coup de théâtre en 2009, et alors que personne ne l’attendait, le PDG d’Apogee annonce un remake du jeu. Il sortira finalement en juillet 2013. Autant vous dire que la réception ne sera pas non plus excessivement enthousiaste. Level design moyen, feeling des armes et des mouvements assez mauvais, ennemis ratés et effets spéciaux pathétiques, technique aux fraises avec des bugs, des ralentissements, etc. Le jeu se prendra un 67 sur Metacritic et retournera dans les abysses de notre mémoire.

ET BIEN RE-NON ! re-coup de théâtre en 2023, et alors que plus personne n’en a rien à faire, le jeu revient sur nos machines, toujours proposé par Apogee Software. Sous-titré « Ludicrous edition » (traduction « L’édition ridicule », comme quoi ils sont conscients de ce qu’ils font), cette nouvelle mouture vous propose donc toute l’ambiance de l’époque mais en 4K. Mais attention, le jeu n’est pas sous Unreal Engine 5 ou quelque chose comme ça ! C’est vraiment les graphismes de l’époque mais en 4K. On peut aussi bouger la tête avec la souris ! Sinon tout le reste est strictement identique. Armes, ennemis, level design, rien n’a changé et c’est fort dommage.

Il en reste un peu, je vous le mets quand même ?

On ne va pas faire durer le suspens plus longtemps : je n’ai pas du tout aimé ce jeu. Ce n’était déjà pas un bon jeu à l’époque, mais on pouvait éventuellement lui pardonner parce que 1994. Mais en 2023, et face à des jeux qui font vibrer la même corde de la nostalgie, il s’en sort extrêmement mal. Quand je pense à des jeux qui subliment les vieux Doom-like, je pense à Boltgun, ou dans une moindre mesure à Forgive me Father. Mais Rise of the Triad ne fait vraiment pas partie de cette liste, et n’y sera à mon avis jamais.

Le seul point positif est sa réactivité, c’est fluide, pas de bug constaté, pas de ralentissement… Niveau « quality of life », on est dans la modernité : sauvegarde rapide, chargement tout aussi efficace, de ce côté là tout va bien. Vous pouvez également souffrir en multijoueur avec plusieurs options comme le jeu en ligne ou le lan (pour vous rappeler de vos jeunes années sans doute). Enfin, vous avez accès à un éditeur de carte qui vous permet, comme son nom l’indique, de créer vos propres niveaux et de les peupler comme bon vous semble. Là aussi, tout de l’interface à la maniabilité vous rappellera les années 90.

Comme bon nombre de choses issues du passé, Rise of the Triad aurait dû rester dans les souvenirs de ceux à qui il a plu. Pour tous les autres, il aurait pû s’effacer progressivement de notre mémoire. C’est l’exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire, prendre un jeu déjà moyen à sa sortie et essayer de capitaliser sur la sympathie que le temps a créé chez certains joueurs. C’est rare qu’un jeu me déplaise aussi profondément, et même vendu à 20 balles (16 euros en promo), il n’a que très peu d’intérêt.

Genre : Boomer-Shooter

Développeur : Nightdive Studios, Apogee Software

Editeur : New Blood Interactive, apogee Software

Date de Sortie : 31 Juillet 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur


CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.