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The Murder of Sonic the Hedgehog

« Enfin ! » avez-vous pensé très fort en voyant le nom du jeu, cette vermine bleue qui sévit depuis plus de trente ans a fini par crever. Peut-être même lui avez vous souhaité d’avoir bien souffert avant de partir. Si, je vous ai entendu, bande d’affreux. Ou alors est-ce moi qui l’ai pensé trop fort ?

Pourtant j’ai passé des heures sur le premier Sonic sur ma Master System, à m’auto-persuader que c’était mieux que de jouer avec ce margoulin de Mario (d’ailleurs le jour où le plombier cane, je risque de reprendre deux fois des moules).

Mais j’ai eu un doute en voyant que The Murder of Sonic the Hedgehog était sorti complètement de nulle part (ou shadowdroppé, comme on dit quand on veut faire genre qu’on s’y connait) dans la soirée du 31 mars 2023. Parce que le lendemain, c’est quand même le 1er avril.

Et puis j’ai vu qu’il était gratuit. Alors quitte à me faire avoir par un poisson, j’ai lancé le téléchargement. Et me voilà devant un Visual Novel. Un Visual Novel Sonic. Je ne pensais pas un jour me retrouver dans cette situation.

Encore sidéré par ce qui était en train de se passer sous mes yeux, j’ai continué à jouer. Et j’ai tout de suite regretté que le titre ne parle que du meurtre de Sonic, parce qu’autant le hérisson sous cocaïne est pénible, autant la cohorte de shitty friends qui l’accompagne méritait autant, voire plus, de passer sous l’bus.

Pour l’anniversaire de l’insupportable Amy, elle a rassemblé toute la clique dans un train pour… une murder party… vous la sentez venir la douille ? Heureusement, on ne joue pas un membre de la team, mais un steward du train, chargé de servir au mieux les invités.

Amy a distribué les rôles ; elle sera journaliste, Vector le croco est un boucher, Tails l’écureuil est un enquêteur, Espio le rhino est un poète… et leur a attribué un wagon où commencer le jeu.

Sauf qu’au bout de quelques minutes, le train s’emballe et notre personnage, accompagné d’Amy et de Tails (les deux seuls joueurs à ne pas pouvoir être coupables dans la murder party puisque chargés de résoudre l’enquête) se retrouve enfermé dans un placard.

Et c’est là que commence véritablement The Murder of Sonic the Hedgehog, par la découverte de la victime.

Tails décide de nous emmener avec lui pour chercher indices, témoignages et preuves pour trouver qui est le responsable. Dans un mix Visual Novel / Point&Click, on va traverser les wagons en fouillant les lieux et en discutant avec les personnages afin de déterminer l’alibi de chacun.

Les décors sont colorés et agréables, les dialogues se laissent lire (on sent qu’ils ont été écrits pour être accessibles aux plus jeunes), et notre personnage, bien qu’un peu trop passif, a une bonne alchimie avec Tails.

Visual Novel oblige, on passe beaucoup de temps à faire défiler du texte dans une interface mal faite pour ça. Je ne sais pas qui a gravé dans le marbre que ce genre de fiction interactive devait forcément nous infliger ce modèle, mais j’ai une place pour lui dans ce train. Sous les roues.

A part ça, l’interactivité proposée se limite à quelques déductions, qui finiront par être les bonnes puisqu’en cas d’erreur, Tails nous expliquera qu’on s’est trompé et qu’on doit recommencer.

Une fois la linéarité respectée, l’autre partie du gameplay apparaît, et là non plus, je n’étais pas prêt. Dans un jeu Sonic, qu’est-ce qu’il manquait ? L’autre niglo qui court pour ramasser des anneaux, évidemment.

Nous voilà donc dans un runner en 3D isométrique et en pixel-art, à éviter des pièges et courir sur des anneaux pour, officiellement, « préparer notre argumentation » lors des interrogatoires des shitty friends.

Sans être difficile, chuter ou ne pas ramener assez de quincaillerie nous oblige à recommencer. Heureusement, j’avais vu dans les options au lancement l’existence d’un mode invincibilité, au cas où cette phase ne soit pas à votre goût.

Et je préfère en effet l’enquête, même si je sais qu’elle ne laisse aucune place à la réflexion, parce que… elle est plutôt bien écrite. Tout comme les personnages. Ainsi que leurs dialogues. Alors oui, c’est enfantin, parfois cucul, mais The Murder of Sonic sait aussi drôle comme avec le running gag des poubelles (pas celles qui brûlent à Paris, d’autres) ou le passage avec l’oeuf de Chao de Fabergé.

Difficile de vous en dire plus sans vous spoiler la résolution de l’enquête et tout ce qui s’ensuit, mais sachez que si vous tolérez le genre du Visual Novel, c’est loin, très loin d’être une mauvaise aventure.

Je l’ai bouclée en un peu plus de deux heures, avec la satisfaction d’avoir deviné le coupable du premier coup. Et je ne regrette pas ce petit moment de régression vers l’enfance, à découvrir quelques personnages de l’univers de Sonic (j’ai joué au premier jeu en 1991, certes, mais à aucun autre après celui-ci).

Fruit d’un an de travail par une petite équipe rassemblée par Katie Chrzanowski, Social Media Manager des jeux Sonic, ce poisson d’avril est finalement une bonne surprise.

Sa direction artistique est très agréable à l’oeil et la musique par Troupe Gammage est très réussie. Alors si vous voulez savoir qui a tué le hérisson hyperactif, n’hésitez pas, c’est gratuit et uniquement disponible sur Steam.

Genre : Visual Novel

Développeur : Sega

Plateforme : Steam

Date de sortie : 31 mars 2023

Non disponible en français

Gratuit

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.