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Elex 2

Ah les jeux de rôles à tester, c’est toujours l’assurance de voir, lors des réunions de la rédaction, un florilège d’excuses toutes plus foireuses les unes que les autres. Entre les « pas le temps », « désolé j’ai aqua-poney » et autres « oh non y’a trop à lire », j’arrive habituellement à en prendre un au dépourvu. La dernière fois c’était Bofang sur le dernier Pathfinder. Mais pour Elex 2, et surtout quand ils ont réalisé que c’était toujours Piranha Bytes aux commandes, je n’ai rien pu faire. Certains se sont jetés par la fenêtre, d’autres ont préféré s’ouvrir les veines avec des touillettes en bambou. Pourtant ce n’est pas si horrible que ça un RPG de Piranha Bytes, hein ? Dites, pourquoi je suis tout seul ? Revenez !

Même si je suis un grand amateur de jeux de rôles, auparavant sur table et désormais sur ordinateur, j’avoue ne jamais avoir trop creusé la question des jeux créés par ce studio allemand. Bugués à leur sortie, ils nécessitaient un temps d’incubation qui, pour ma part, leur a toujours été néfaste : d’autres jeux étaient entre-temps sortis et monopolisaient mon attention, renvoyant les Gothic et autres Risen au fond de la ludothèque.

Et je sais que j’ai tort, qu’une fois apprivoisés ce sont des bijoux. Si on arrive à faire les concessions adéquates. Ce que je n’avais pas réussi à faire à la sortie d’Elex, découvert sur un salon –sans accrocher bien évidemment- et oublié tout aussi rapidement. Il faut dire que l’univers un peu bordélique, les graphismes datés et la maniabilité tout Piranha Bytesque si vous me permettez l’expression, n’encourageaient pas à investir des centaines d’heures.

Donc tout ça pour dire que pour Elex 2, le couillonné condamné c’est moi et que tout ce que je viens de dire s’applique fort heureusement, et malheureusement aussi, à Elex 2. Et tout comme cette phrase ambiguë, vous allez voir que mon avis souffle le chaud et le froid et qu’il ne m’est guère aisé de vous recommander (ou pas) ce titre. Cela va grandement dépendre de vous et de ce que vous attendez d’un jeu de rôles.

Les événements d’Elex 2 ont lieu plusieurs années après ceux du premier, qui a vu Jax combattre, et vaincre, l’Hybride. Le combat fut épique, Jax n’a jamais été considéré comme un héros car personne n’a jamais cru à la menace, ce qui l’a fait s’isoler dans les montagnes où on le retrouve lors d’une cinématique d’introduction qui voit une menace extra-terrestre débarquer pile (entre autres) sur sa baraque. Mordu par un clébard alien, Jax parvient à fuir et est recueilli par Adam, qui était, paf patatra hoplà, le-méchant-d’Elex-premier-du-nom-mais-qui-en-fait-était-possédé-c’était-pas-sa-faute-maintenant-il-est-gentil-et-écoutez-bien-il-a-une-quête-de-la-plus-haute-importance-à-vous-confier !

Alors oui, vous allez encore devoir vous coltiner le sauvetage du monde, oui vous allez repartir à zéro au niveau compétences, parce que forcément votre héros peine à se souvenir de son passé. Mais ce coup-ci, vous n’allez pas y arriver seul, il va vous falloir unifier les différentes factions de la planète et partir botter des culs aliens. Et aussi trouver votre fils et tant que vous y êtes si vous pouviez retaper aussi le Bastion parce que bon y’a plus les sous pour embaucher un décorateur d’intérieur. Un carnet de quêtes extrêmement chargé donc, et ça ne va pas aller en s’améliorant.

En effet, le monde ouvert de Magalan est rempli de PNJs en attente d’aide et de monstres à pourfendre. Et surtout, pour chaque bout de quête que vous allez résoudre, une ribambelle d’autres va apparaître. Et quelque part, cela va bien aider le joueur, à défaut d’avoir une histoire très cohérente. Parce que le plus gros souci d’Elex 2, c’est que c’est un jeu Piranha Bytes. Et que tout ce qui adoucit habituellement l’expérience du joueur est ici remplacé par un doigt d’honneur fièrement dressé. Vous voulez apprendre à crocheter une serrure ? Trouvez un professeur. Vous ne pouvez pas continuer une quête parce que vous êtes de trop bas niveau et vous vous faites botter l’arrière-train en continu ? Partez dans une autre direction.

Alors on court ici et là, on fait des bouts de quêtes pour grappiller un peu d’expérience pour débloquer des compétences et surtout améliorer ses caractéristiques de base. On parcourt des étendues désertiques, on longe des lacs, toujours à la recherche de loot qu’on ramasse en rêvant de pouvoir l’utiliser un jour. Et surtout on s’étonne encore et toujours de cet univers baroque, mélange de science-fiction et de post-apo, où on tabasse des poulets mutants à coup de barres de fer tordues avant de s’envoler avec son jet-pack. La sensation est très bizarre mais le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est dépaysant.

Donc pour le moment on est devant un jeu bien violent qui ne fait pas vraiment de concessions et qui n’essaie même pas de se faire aimer du joueur. Les masochistes seront aux anges, les autres, ceux qui aiment un jeu de rôles pour son histoire, seront loin d’être aux anges. Et devront serrer les dents pendant un moment avant de s’habituer à cette maniabilité guère optimisée (mais ça semble être la marque de fabrique du studio) et ce côté brut de décoffrage. Mais si on fait abstraction de tout ça et si on est prêt à en prendre plein la mouille au début, alors le jeu révèle petit à petit ses atouts.

C’est bien simple, au niveau des sensations j’ai un peu retrouvé celles de Kingdom Come: Deliverance où vous passez de paysan se faisant déboîter par le premier venu à chevalier tout aussi capable de se faire déboîter s’il ne fait pas gaffe. Non, rien n’est jamais gagné et chaque point d’expérience est gagné à la sueur de son front et en abusant pas mal de l’inintelligence artificielle des monstres. Et c’est gratifiant, surtout quand comme moi vous découvrez ce monde atypique. On apprend donc à repérer les bestioles, à préparer le combat en observant comment prendre l’avantage. Et surtout on apprend à fuir. Très souvent.

Mais là où le jeu m’a le plus surpris au vu de la réputation du studio, c’est au niveau des bugs : je n’en ai pas vu un seul. C’est propre techniquement, moche mais avec un certain charme, certains passages sont rigolos quand un PNJ continue de vous parler alors que vous êtes en train de courir au loin (et vous l’entendez bien évidemment comme s’il était à côté de vous) et le tout a une pointe d’amateurisme touchante.

Comme dit un commentaire sur Steam : « Pyranha Bytes, ces gens qui font des jeux moyens qui, de manière inexplicable, sont aimés de tous ». Sans aller qualifier de « moyen » Elex 2, qui reste une très bonne expérience pour quiconque à la recherche d’une expérience unique, je confirme qu’on se prend vite d’affection pour ce jeu bien moche et bancal. Mais si le côté artisanal pouvait être un peu gommé sur la prochaine production, ça pourrait quand même aider…

Genre : RPG

Développeur : Piranha Bytes

Editeur : THQ Nordic

Date de sortie : 1 Mars 2022

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...