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Early Access: An Ankou

J’aime les mélanges improbables. Comme mettre de la banane dans une tarte salée, ou de l’huile d’olive dans un gâteau. Au début on se dit « hey mais ça a l’air vraiment dégueu » et en fait non, c’est délicieux et ça ouvre tout un tas de possibilités. Il se trouve aussi que j’aime les jeux indépendants.

Par un incroyable hasard pas du tout prévu par ce préambule, je vais vous parler aujourd’hui d’un jeu qui mélange les genres (mais c’est fou !) et qui est, coïncidence extraordinaire, la création d’un studio indépendant (je suis soufflé !). Ce jeu c’est An Ankou du studio Alkemi.

Dan abrase

An Ankou, sous son titre à la bretonnité flagrante, qu’est ce que c’est ? C’est un rogue-like, en vue isométrique, où on incarne un ankou (d’où le titre). Un ankou est l’esprit d’un défunt, décédé de mort violente, qui « doit » se mettre au service de la Grande Faucheuse pendant une année complète. Sa tâche est de collecter les âmes des morts. Cette figure est principalement issue du folklore breton mais se retrouve sous une forme équivalente dans l’ensemble du monde celte.

Comme l’annonce le titre, notre personnage doit parcourir une terre désolée et hantée afin de collecter des âmes. On affronte des ennemis toujours plus nombreux, on gagne en puissance et on essaye d’aller un peu plus loin à chaque partie. Et si on meurt on repart à zéro. C’est le principe des rogue-like.

Oui, mais cette fois il y a un twist. Et ce twist, on ne l’avait vraiment pas vu venir tant il semble en total décalage avec le genre qui nous intéresse. Car oui, dans An Ankou, il y a du craft. Je vous laisse digérer l’information. « Du craft dans un rogue-like où rien n’est conservé d’une partie à l’autre ? Mais le chouchen leur est monté à la tête ! », vous entends-je hurler dans la nuit sans étoile.

Et attention, je ne vous parle pas d’un petit craft vite fait en mode bonus dans un coin… Non, là on parle du vrai de vrai, avec récolte de composants divers et variés, stockage à gérer, équipement, etc. Et le tout au milieu de la nature maléfique et agressive.

Alors, bien entendu, il y a des simplifications nécessaires. Ainsi vous pouvez crafter en vous déplaçant. Vous avez également des limites de place dans votre sac, ce qui implique de vous arrêter régulièrement pour mettre à jour votre équipement. Excellente piqûre de rappel, indispensable tant la concentration est forte et l’oubli fréquent.

Au rayon des petites trouvailles bienvenues : une fois débloqués, vos crafts ne sont pas à réapprendre et restent disponibles pour le run suivant. Vous devez tout de même récupérer de nouveau les matériaux de base. Vous pouvez également raccourcir cette phase de collecte en réussissant un petit QTE très simple. Il vous fait gagner de précieuses secondes, surtout pour les éléments les plus longs à récolter. Enfin, on l’a dit, vous devez crafter en vous déplaçant. Rester statique est synonyme de mort assurée. Il faut bouger, et bouger vite. Là encore, des améliorations d’équipement vous permettront d’accroitre votre vitesse.

Quimpert gagne

Il y a deux types d’ennemis : ceux qui sont déjà présent sur la carte, plus ou moins cachés (mort-vivants qui sortent de terre, araignées, mini-boss, etc..) et ceux qui arrivent en vague (souvent les mêmes, mais plus mobiles et plus nombreux). Ces vagues vont se succéder à intervalles réguliers, vous laissant un peu de temps pour vous préparer à la suivante.

Enfin, des autels sont disposés ça et là sur la carte. Vous les déclenchez en leur apportant un certain type d’offrande et en échange ils vous laissent choisir un bonus parmi quatre. Certains bonus sont du matériel (plastron, arme, etc.), d’autres sont des pouvoirs représentés sous forme de serviteur ectoplasmique avec une arme spécifique. Ces derniers, très utiles, vont vous apporter une bonne force de frappe, surtout pendant la collecte (moment le plus vulnérable).

Graphiquement, An Ankou me fait un peu penser à V-Rising. Il y a cette même sorte de « dessin animé déformé » avec des aplats de couleurs très simples et une tonalité sombre mais pas déprimante. Même si je ne suis généralement pas très friand de ce genre de design, je dois dire qu’il permet une excellente lecture de ce qui se passe à l’écran tout en restant très fluide. C’est aussi une DA qui ne fatigue pas, ce qui est très important dans un rogue-like où on va devoir, par définition, revoir les mêmes choses des dizaines de fois.

La musique quant à elle, est agréable, colle bien avec le thème, sait être discrète, et reste accrocheuse même après des dizaines d’écoutes, ce qui est très important. Le sound design est lui-aussi de qualité. Il est également très utile, puisqu’il vous permet de connaitre le timing de déclenchement ou de chargement de certaines techniques. L’interface est classique et efficace. Elle est au service du jeu et, si elle n’essaye pas de révolutionner le genre, se prend en main très rapidement.

J’ai pas de Vannes

De mon point de vue An Ankou est une franche réussite. Il est certes encore un peu vert, puisqu’en early access, mais est parfaitement jouable en l’état. De plus, le studio vous tient au courant des prochaines mises à jour à venir directement à l’écran titre du jeu en vous indiquant quand arrivera le prochain patch. Une très bonne initiative qu’on aimerait voir appliquée un peu plus souvent dans les EA, tant il peut être rageant de perdre sa progression parce qu’on n’avait pas vu venir la prochaine MaJ…

Si je devais donner un bémol à ce jeu, c’est sa difficulté. J’aimerais que les devs implémentent quelques paliers de difficulté. En l’état c’est dur, pas horriblement dur, mais suffisamment difficile pour qu’un joueur puisse se sentir découragé. Et ce serait dommage tant ce jeu a à apporter. En effet, passé les 10 premières minutes du run, rapidement maitrisables en faisant un peu attention, on commence à subir des assauts de plus en plus violent de la part des mobs. Ce n’est en aucun cas un pic de difficulté insurmontable, mais mourir et recommencer depuis le début devient alors presque une punition tant on voudrait retourner se venger de ceux qui ont causé notre perte.

Mais globalement le titre fonctionne à la perfection. Le fait d’aller toujours un peu plus loin et de comprendre vers quoi se jeter en priorité pour construire le build le plus efficace pour sa façon de jouer, est un plaisir toujours renouvelé. Rogue-like efficace, système de craft bien vu, mélange habile, il ne me reste plus qu’à vous donner le prix de cette petite merveille qui va vous bouffer votre temps libre : 4.99€. Oui. Entre ses qualités et son prix dérisoire, ses petits défauts, dont certains sont probablement liés à l’early access, font qu’il entre directement dans mon panthéon personnel des Dystoseal of Quality. Bref, achetez ce jeu.

Genre : Rogue-like & Craft

Développeur : Alkemi

Editeur : PID Games

Date de Sortie : 17 aout 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.