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Maneater

Alors que beaucoup de sites parlent de Maneater comme d’un excellent défouloir, un jeu d’action décérébré où la violence est omniprésente, je me dois de m’insurger. Maneater est une tragédie, un de ces jeux où l’émotion l’emporte sur tout le reste et qui laisse le joueur meurtri dès son introduction. Pensez donc : alors que votre chère maman est en train d’essayer de survivre dans un milieu hostile, luttant pour grapiller un peu de nourriture, elle est sauvagement attaquée par un être humain sans la moindre morale ni pitié. Sauvagement mise à mort, ses entrailles ouvertes, elle parvient à libérer ce qu’elle a de plus précieux au monde avant de rendre l’âme : vous. Là j’avoue que mes yeux se sont embués. Heureusement que juste avant de m’enfuir j’ai réussi à arracher l’avant-bras de ce salaud de chasseur.

C’est parti pour l’aventure !

Lâché dans un monde hostile, perdu sans l’aide de ma génitrice, je n’avais à l’esprit qu’une seule chose : survivre et grandir. Grandir jusqu’à devenir assez fort pour venger ma maman. Et accessoirement faire grimper les chiffres d’audience de l’émission Maneater. Louvoyant dans les eaux troubles des marécages, je devais me rendre à l’évidence : j’étais loin d’être le prédateur mentionné par les médias. J’étais obligé de fuir devant le moindre barracuda, j’étais terrorisé devant les alligators. Moi, un requin bouledogue ! Humilié, je me réfugiais dans une cave pour ourdir mon plan. Dans un monde découpé en huit zones, j’allais devoir me nourrir et amasser assez de nutriments pour évoluer. Ça n’allait pas être simple avec ma carrure de goujon, mais je savais qu’à force de persévérance et de morsures, j’allais y arriver.

Comment il est cro meugnon !

Maneater, dont la promotion a été effectuée de main de maître au point de me faire attendre sa sortie en trépignant, entre dans la catégorie des jeux en open world. Vous savez, ces titres qui vous demandent d’escalader des tours d’explorer chaque recoin de cartes gigantesques pour ramasser une connerie dont vous vous fichez. Oui, ce genre de jeux là, qui au bout de quelques heures vous gonflent tellement du fait de leur répétitivité que vous rushez l’histoire principale pour enfin en finir… Visiblement, les p’tits gars de Tripwire Interactive (Killing Floor) ont la même vision que moi du genre et ont décidé que oui mais non, très peu pour eux. Dans leur dernière production, oui vous devez explorer mais cela vous sera vraiment utile. Chaque zone contient, en plus des missions principales et secondaires, des dépôts de nourriture (indispensables pour l’évolution), des plaques d’immatriculation (oui, l’humour débile et les références à la con sont omniprésentes) et des lieux d’intérêt (je vous laisse découvrir les descriptions…). Trouvez-les tous et vous débloquerez de nouvelles évolutions pour votre requin. Pas d’épée +10 ou de slip blindé, juste de meilleures nageoires, mâchoires et autres perks qui feront de vous une machine à tuer au fur et à mesure de votre croissance.

Comment ça c’est triché ?

Les zones étant petites, il n’est guère difficile, surtout en étant aidé par un sonar, de découvrir tous ces secrets. Ça n’est pas très long non plus, ce qui est en fait la plus grande force (et faiblesse du titre) : comptez une petite douzaine d’heures pour tout faire à 100%. Ça ne m’était pas arrivé depuis Assassin’s Creed 2 et vous savez quoi ? J’ai adoré, parce que jamais je ne me suis senti obligé d’explorer. J’avais envie de le faire. Voir la faune, les constructions humaines. Passer à toute allure à côté d’un bateau pour affoler ses occupants. C’est ça la formule gagnante qu’a su trouver Tripwire Interactive : condenser autant de fun que possible pour une expérience défoulante et minimiser le sentiment de répétitivité.

La progression dans Maneater est assez inégale. Si les débuts sont intéressants, avec l’obligation d’éviter au maximum le moindre affrontement pour ne pas y passer, on acquiert très vite une puissance phénoménale qui nous met à l’abri de quasiment tout ce qui nage, et marche, dans ce monde. Les premières zones ne proposent que des alligators et autres barracudas en prédateurs, mais très vite vous serez confrontés à d’autres requins, des orques et même… des cachalots. Il faudra donc, selon votre niveau d’évolution, éviter les zones trop risquées et prendre le temps de débloquer des améliorations avant de vous frotter aux autres prédateurs. S’il est possible de collecter des nutriments en mangeant ce qui vous passe devant le nez, il est bien plus rentable de faire toutes les petites missions secondaires, qui, si elles ne sont pas toujours très intéressantes, débloquent un prédateur ultime pour chaque zone. Ce dernier vous offrira un combat épique et une source substantielle de nourriture que vous pourrez investir dans votre antre. Et si vous êtes joueur, vous pourrez aussi faire monter votre niveau d’infamie en boulottant des êtres humains, ce qui attirera des chasseurs de requins. Détruisez assez d’embarcations de chasseurs et viendra un boss dont la mort vous fera franchir un palier. Ce qui débloquera, vous l’avez deviné, de nouvelles améliorations. Maneater récompense le joueur qui prend le temps d’exploiter le jeu, et c’est tant mieux !

Seul souci par contre, le niveau de difficulté : s’il est bien calibré tant que le joueur n’est pas au stade adulte, il s’écroule pour ne proposer qu’une vague résistance bien vite balayée. Il est par exemple possible de s’équiper de mâchoires redonnant de la vie à chaque morsure, vous rendant quasiment immortel. Même les combats contre les humains deviennent une franche rigolade une fois les bons bonus équipés. Est-ce pour autant un mauvais jeu ? Que nenni ! Sauter sur une plage, croquer 10 humains avant de repartir dans l’eau pour détruire trois bateaux de pêche, fuir dans les hauts fonds pour se faire attaquer par un grand requin blanc, le tout sans la moindre pause maintient le joueur en haleine et transforme le jeu en un excellent exutoire. On file à toute allure à la surface, laissant dépasser son aileron, on saute à la proue d’un navire pour attraper un plaisancier, on mange un phoque juste parce qu’il passait par là et on file, on file. La frénésie du titre est impressionnante et je dois avouer que le titre a frôlé le Dystoseal.

Un peu gros pour le moment…

Pourquoi ne pas lui donner, malgré toutes ses qualités ? Parce que je peux comprendre que la faible durée de vie en frustrera plus d’un, même si pour moi c’est ce qui permet au jeu de maintenir son rythme. Parce que la difficulté s’écroule comme nous l’avons vu. Parce que les missions se ressemblent toutes (va là-bas, mange ça) même si, vu le thème, je ne vois pas trop comment cela peut être évité. Parce qu’aussi parfois diriger son requin manque d’un poil de précision.

Mais honnêtement, j’ai passé 12h de pur plaisir devant ce jeu. L’humour de la voix-off, qui commente vos agissements ainsi que ceux des humains et qui m’a fait penser à celui de Dungeons 3, habille parfaitement le jeu, offrant un côté décalé au titre. Imaginez-vous, tuant nageur sur nageur, du sang partout à l’écran, secouant votre souris comme un demeuré, frénétique, le tout avec en fond une voix posée vous expliquant qu’il est important pour un requin de maintenir un régime alimentaire équilibré. Merci messieurs dames de Tripwire de nous offrir un titre aussi violent et pourtant si léger.

Viens t’battre, Willy !

Maneater s’adresse à tous ceux qui recherchent un titre original et qui ne sont pas très regardants sur le scénario. Superbe visuellement, il vous permet de vous promener avec un sourire (carnassier) dans de très beaux fonds marins et d’assouvir vos excès de violence. Que demande le peuple ?

Alors, on fait moins le malin là !

Ah, et pour ceux qui se posaient la question, oui j’ai grandi. Oui je suis devenu le seigneur des océans, soumettant les plus grands prédateurs, maritimes ou terrestres. Et concernant l’infâme Pete, le meurtrier de ma chère maman, sachez que l’audience pour le dernier épisode de la saison de Maneater n’a jamais été aussi haute. Et les téléspectateurs en ont eu pour leur argent !

Genre : Action

Développeur : Tripwire Interactive

Éditeur : Tripwire Interactive

Site officiel

Testé sur une version presse fournir par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...