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Fury Unleashed

Comics trip

En primaire, j’ai connu un Gaëtan. Brun, des lunettes. On aurait pu l’échanger à la maternité avec n’importe quel bébé du patelin. À 10 ans, une mèche de cheveux poussa derrière la nuque. Il fallait voir, en CM1, l’impact de cette fantaisie. Gaëtan était banal, mais il se démarquait comme “le gamin à la queue de rat”. Sept ans après Rogue Legacy – avec entre-temps Dead Cells – les polonais d’Awesome Games Studio avaient eux aussi intérêt à bien différencier leur plateformer rogue-lite.

La vraie beauté est intérieure, Fury Unleashed soigne donc les apparences. L’aspect “jeu flash sur navigateur” peut effaroucher. Mais en regardant bien, les dessins sont fins, les effets nombreux, pour un rendu bien moins brut que Yeti Sports. Vous voulez un scénario ? Fury, le héro de comics qu’on incarne, est chargé de remettre d’aplomb son propre auteur, lui montrer qu’il peut encore vivre l’Aventure. Il va donc parcourir les pages de vieux albums, passer chaque vignette à la machette en évitant de finir entre quatre planches *caisse claire+cymbale.mp4*

Pétage de cases
Un bon prétexte pour enchaîner les univers clichés sans complexes : une jungle, un bunker nazi du turfu, un vaisseau alien. On tombe ponctuellement sur des échanges qui dévoilent l’état d’esprit du dessinateur et de jolis crayonnés. Ici un mail laconique de l’éditeur, là l’encouragement d’un ami, d’une fan. Un héros de comics qui part sauver son auteur, et sa peau. L’idée est plutôt originale, on regrette de ne pas la voir plus exploitée. Le jeu compte trois “albums”, chacun ponctué par trois boss, plus une myriade de mid-boss aléatoires.

Pan Pan Piou Prrrrr
Les sensations de tir ont bénéficié d’un soin tout particulier. Chaque pétoire, qu’elle soit conventionnelle (fusil, mitrailleuse), exotique (lance-lame, laser, plasma, acide) ou alien, nous gratifie de sensations toujours jouissives manette en main. Mention spéciale au tac-tac-tac ASMR tout droit sorti de Bricorama du lance-clous. Les contrôles conservent un très léger côté “flottant”, compensé par le dash, l’attaque tombante et un sprint illimité. Le système de combat reste basique, axé sur la seule esquive/dash. Amis, rangez vos boucliers. Et toi, le petit nerveux : arrête tes roulades.

Sang d’encre
Pour commencer un run directement à partir d’un tome, il faut avoir battu les boss du précédent. Comptez quelques heures de récolte d’encre (l’XP du jeu) avant de pouvoir changer de décor. Maxime*, le jeu autorise de réallouer les points de compétences en cours de route. Utile pour booster ses points de vie à l’occasion (ils sont longs à farmer), en puisant dans des atouts moins essentiels. Fury Unleashed se joue comme un twin-stick shooter, à la visée assez collante qui facilite le passage d’une cible à l’autre. Ce qui nous amène à la caractéristique particulière du titre : ses combos.

*Désolé Clément, mais y’a pas de raison qu’on cite toujours le même.

Cours ou crève
Enchaîner les ennemis à un rythme soutenu, sans se faire toucher, c’est la condition pour bénéficier de gros avantages, à commencer par des couches de bouclier. Le combo conditionne aussi le taux d’apparition des objets. Jouer la prudence ne paye donc pas : soins et potions seront rarissimes pour celui qui lambine. À intervalles de point réguliers, la musique s’intensifie et crée un vrai flow arcade, qui retombe comme un soufflé à la moindre erreur. Les créateurs citent Metal Slug. Ils sont en effet parvenus à provoquer la frénésie et la sudation des paumes face à la peur de perdre son score. 

Au delà de son pitch original, Fury Unleashed ne bouscule rien dans sa forme. S’il ne dépasse pas ses aînés en richesse, il ne leur fait pas honte non plus, grâce à son cœur de gameplay assez peaufiné pour nous accrocher une dizaine d’heures (en mode normal).

Site officiel 

Genre : Plate-forme / Rogue-lite

Développeur / Éditeur : Awesome Games Studio

Plateformes : Steam, PS4, Xbox One, Switch

Prix : 20€

Bofang

J'écris pour justifier le temps perdu à jouer pendant que d'autres montent des start-up.