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Early Access: Silence of the Siren

Ah, Silence of the Siren. Un drôle de jeu que voici. Quand j’y joue, j’essaye d’imaginer la séance de Brainstorming qui a donné naissance à un tel projet. Ça devait être, à quelques mots près, quelque chose comme ça :

  • Hé les gars, on se lance dans un remake de Heroes of Might and Magic 3 ?
  • Le même jeu qu’en 1999 ?
  • Oui, exactement le même, mais modernisé et avec une direction artistique du tonnerre !
  • C’est-à-dire ?
  • Des taupes.
  • Hein ?
  • Oui, des taupes. Les chevaliers, les sorciers, c’est surfait tout ça. On va les remplacer par des taupes.
  • Mmmm… ?
  • Sur des tracteurs !
  • Des tracteurs qui balancent des missiles !
  • Pour attaquer des sauterelles !
  • Très bien, mais des sauterelles en cosplay de Starcraft j’espère ?
  • Oui, et sur une map infusée de mescaline !
  • BANCO !
    Ainsi naquit Silence of the Siren, le 30 septembre 2024 en accès anticipé.

(H)OMMMMMMM

Votre mantra récité, vous pouvez vous asseoir. Non, ne touchez pas à cette pipe pour le moment. Car Silence of tThe Siren, c’est avant tout une renaissance de Heroes Of Might and Magic 3, à (très) peu de choses près. Après un réveil sur une planète haute en couleur (vraiment très haute ici), le joueur arpente avec son héros les environs de son nouveau quartier général à la recherche de ressources à récolter ou d’objets à équiper. Ces ressources, très nombreuses, ne forment pas de gisement à exploiter mais jonchent le sol et ne se ramassent qu’une fois.

Et il y en a littéralement partout. Elles serviront à améliorer votre QG (une fenêtre avec des cases à déverrouiller) puis à recruter des unités militaires et des héros supplémentaires afin d’abattre les monstres vous barrant l’accès vers différentes infrastructures à capturer ou le reste de la carte qui ne demande qu’à être pillée. Exploration, collecte, développement du QG, recrutement, combat… Bis repetita jusqu’à la rencontre avec vos adversaires, cibles à éliminer pour gagner la partie. Cette boucle de jeu simple cache un titre au tour par tour exigeant et centré sur l’optimisation de vos actions. Ici tout se calcule avec minutie, de la planification de votre « tournée récolte » selon vos priorités et points de mouvements, à l’ordre de construction dans votre cité.

Lorsqu’un conflit éclate, le joueur est téléporté sur un champ de bataille pour un duel au tour par tour relativement classique mais qui requiert également une bonne optimisation dans la constitution de son armée. Un style de jeu particulier, punitif et de ce fait frustrant quand on commence, mais qui trouve son public depuis plus de deux décennies. Au fil des tours et des combats, votre héros gagnera de l’expérience puis des niveaux, évolution visant à augmenter à chaque fois l’une des trois domaines (exploration, militaire, capacités spéciales) et ajouter une nouvelle compétence au choix liée à ces derniers.

Voilà dans les grandes lignes comment fonctionne cette formule à succès, reprise au bit près par Silence of the Siren à l’exception d’une poignée de changements mineurs, comme la possibilité de conserver un consommable pour le transférer à un autre héros ou d’améliorer les mines. S’il vous prend l’envie de vous replonger dans ce genre de niche avec un titre moderne, tant au niveau de l’interface que des graphismes, Silence of the Siren est à même de combler ce désir.

Las vegas paranhomm

Seulement, Silence of the Siren en a marre. Entre sa base de mécaniques éprouvée du siècle dernier et la rigueur requise dans sa quête d’optimisation, le jeu nous claque une crise existentielle particulièrement violente. Et il arrive, tout pépouze, habillé de couleurs criardes et arborant sa direction artistique certes soignée, mais sacrément clivante. Qu’est-ce qui s’est passé dans la tête des mecs pour nous pondre un truc pareil ? Des furets en armure ? Des rats avec des canons d’artillerie ? Des insectes robotisés ?

Alors moi ça va, j’suis plutôt ouvert sur le style décalé, d’autant plus quand un réel effort est fourni, mais il y a fort à parier que le style repousse plus qu’il n’attire. Et sur un jeu de niche, c’est joueur… Plus gênant, au-delà de l’esthétique, un tel choix de faction génère une perte de repère chez le nouveau joueur.

Un sorcier, un barbare, on devine le style de jeu, mais une taupe qui chevauche un tapir, ça fait quoi ? Alors on essaye, on fouille, cela demande un investissement supplémentaire dans un jeu déjà nécessiteux, réduisant ainsi davantage le public capable de prendre son pied dessus.

Retour vers le 20ème siècle

Le plus délicat reste selon moi la question suivante. Avons-nous envie de jouer à un remake décalé de HoMM3 en 2024 ? Au-delà des défauts inhérents à l’accès anticipé, comme un contenu incomplet ou un équilibrage à retravailler, Silence of the Siren excelle dans son domaine et bénéficie d’un soin particulier de la part de Oxymoron Games. Mais personnellement, il me tombe des mains.

Je n’ai plus envie de jouer à ce système terriblement daté, lent et fastidieux, à base d’optimisation du ramassage d’objets, de développement succinct d’une ville représentée par une unique fenêtre et d’innombrables combats désuets.

Je n’ai d’ailleurs jamais autant utilisé la résolution automatique des batailles que sur Silence of the Siren. C’est terrible comme sensation, le jeu ne possède pas de réel défaut si ce n’est qu’il a réussi à être ce qu’il voulait devenir.

Je passe mon tour pour cette fois, préférant les 4X qui font selon moi la même chose en mieux, mais le recommande aux fans de HoMM à la recherche de chair fraiche et aux nouveaux joueurs souhaitant découvrir ce système classique avec un moteur moderne.

Genre : Stratégie au tour par tour

Développeur : Oxymoron Games

Editeur : Oxymoron Games

Date de sortie en Early Access : 30 Septembre 2024

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Krev

Passionné par le jeu de stratégie sous toutes ses formes. Aime y jouer... et joue à écrire dessus !

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