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Demo: Scramble: Battle of Britain

Le mois de juin 2024 a vu la sortie d’intéressantes démos pour les fans de stratégie. Après la gestion d’un studio de cinéma américain avec Hollywood Animal, prenons de l’altitude en testant la démo d’un jeu de combat aérien mêlant les concepts, apriori antagonistes, de jeu de plateau et de simulateur de vol. Une sorte d’OVNI ludique en somme. Mais, comme nous le verrons, un OVNI qui vole bien. Il est donc temps de vous mettre aux commandes de vos Spitfire, de faire rugir les moteurs Merlin, et d’essayer Scramble: Battle of Britain, un jeu devant sortir cette année.

Combat Mission dans les airs

Scramble: Battle of Britain est un jeu de combat aérien tactique (où vous contrôlez un ou plusieurs appareils), dans un environnement 3D, en tour par tour, mais avec résolution simultanée des mouvements et des tirs, à l’image de jeux tactiques terrestres comme Combat Mission ou Phantom Brigade.

L’action se déroule au-dessus de la Manche, en 1940, durant la bataille d’Angleterre. La démo vous permet de contrôler un ou plusieurs Spitfire de la Royal Air Force, face aux chasseurs Messerschmitt Bf 109 et quelques bombardiers Stuka de la Luftwaffe. A noter que dans la version finale le nombre d’appareils disponibles s’étendra pour inclure les chasseurs Hurricane et Bf 110, ainsi que les bombardiers (contrôlés par l’IA) Dornier 17, Junkers 88, Heinkel 111 et Blenheim. Il y aura aussi la possibilité de prendre en main les chasseurs allemands, ce qui n’est pas le cas dans la démo.

Patrouille de l’aube pour ce Spitfire au-dessus de la Manche.

Un bel avion est un avion qui vole bien

Les graphismes 3D sont bien réalisés, avec les appareils finement modélisés, en particulier au niveau des textures. Ce sont certes des détails, mais qui ajoutent à l’immersion. La variété des ciels et des effets météo vaut aussi le détour. Seuls petits défauts (qui on l’espère seront corrigés pour la version finale du jeu), les hélices des appareils qui semblent tourner un peu lentement et le fait que lorsqu’un pilote saute en parachute, son double numérique reste dans le cockpit. 

Des anomalies purement esthétiques qui ne nuisent pas à l’expérience de jeu. Un bon point également pour les effets sonores et le bruit des moteurs Rolls-Royce Merlin du Spit et Daimler-Benz du Bf 109 clairement identifiables. Par contre pas de musique dans la démo.

Manche au ventre et palonnier à droite ce Spitfire va grimper et s’engager dans un virage serré à droite, comme l’indique sa trajectoire prévisionnelle en bleu.

Tally Ho !

L’interface est sobre et pratique. A gauche d’indicateur de vitesse et l’altitude ainsi que le nom et portrait du pilote que vous contrôlez, ainsi que son niveau d’endurance (nous y reviendrons). Au milieu le manche (qui représente, en fait, à la fois le manche et le palonnier, ce qui a le mérite de simplifier les commandes) avec à sa gauche le régime moteur et à droite les munitions restantes.

Le jeu est divisée en tours, avec une phase de planification, puis d’exécution des mouvements en temps réel, sur une tranche de quelques secondes, puis retour à la planification et ainsi de suite. Ce concept parlera aux fans de la série Combat Mission. Durant la phase de planification vous donnez des ordres à votre ou vos pilotes grâce aux touches du clavier qui feront bouger le manche pour accomplir des manœuvres. 

La trajectoire prévisionnelle de l’appareil s’affichera en bleu, et celles des ennemis en rouge. Là, ce sont les adeptes de Phantom Brigade qui seront en terrain connu. Ensuite durant la phase d’action les avions s’animeront avec une cinématique du combat aérien où tous les appareils évolueront simultanément.

Dans cette démo le but est d’abattre les appareils ennemis au cours de différents scénarii mettant aux prises vos Spitfire et les Bf 109 (et quelques Stuka). Une fois le ciel vidé des avions allemands, ou des vôtres, un petit film vous permet de visualiser l’ensemble du combat, sous un très grand nombre d’angles possibles, tout en ayant un aperçu des trajectoires empruntées par les différents appareils engagés. En plus de pouvoir créer de belles machinima c’est également très utile pour débriefer un combat et apprendre de ses erreurs.

A l’image des simulateurs de vol, le jeu offre une très grande palette de vues de la caméra.

La simulation

Le fait que Scramble ne soit pas un simulateur de vol ne veut pas dire que les performances respectives des appareils ne soient pas finement modélisées. Ainsi on constate lors des manœuvres que le Spit est surclassé en taux de monté face au Bf 109, mais que ce dernier est pénalisé par un rayon de virage plus élevé, ce qui avantage l’appareil britannique en dogfight (combat tournoyant). Cela est tout à fait historique.

A vous, de profiter au mieux des forces et de minimiser les faiblesses de votre avion, sachant que les trajectoires prévisionnelles des ennemis ne sont pas forcément celles qu’ils adopteront vraiment durant la phase d’action. Le phénomène du voile noir (perte de connaissance du pilote en raison de G positifs suite à des manœuvres acrobatiques) est également pris en compte.

Les pilotes ont une barre d’endurance, qui diminue à chaque manœuvre trop brutale (identifiée par des pointillés noirs sur la future trajectoire de l’avion). Une fois cette endurance trop basse, le pilote perd connaissance, et vous le contrôle de l’appareil. Ce qui peut amener au crash, sauf si le pilote reprend ses esprits à temps. Il peut recouvrer de l’endurance, mais pour cela il faudra qu’il évite, durant un temps, les manœuvres sous fort facteur de charge.

L’endurance joue donc un rôle majeur, les pilotes n’ayant, à l’époque, pas de combinaisons anti-G, pas question d’enchaîner les virages serrés, les tonneaux et les boucles sans en subir les conséquences. Etrangement, le phénomène de voile rouge (G négatifs) n’est pas modélisé. On peut supposer qu’il le sera lors de la sortie du jeu complet.

Le pilote britannique souffre des effets du voile noir. Ce qui n’est pas ‘une situation d’avenir’ lorsque l’on est engagé en piqué à 1220 pieds (moins de 400 m) des flots.  

Autre phénomène pris en compte dans Scramble: Battle of Britain : le décrochage. Vous pilotez un Spitfire, et non un chasseur à réaction avec sa post-combustion, donc grimper en cabrant trop votre appareil va tôt ou tard (plutôt tôt que tard en fait) l’amener à une perte de vitesse et de portance.

L’aspect tactique de la gestion des munitions est également fondamental.  Celles-ci sont en nombre limité et comme il n’est pas toujours aisé de mettre son appareil en position pour toucher l’adversaire mieux vaut éviter de les gâcher dans des tirs à longue portée. D’un autre côté, trop s’approcher pour finir votre proie, et vous risquez d’entrer en collision avec les débris de votre victime, sous forme de vengeance posthume.

Heureusement il reprend conscience (à 200 m d’altitude) et parvient à redresser. D’une manière générale s’engager dans un dogfight à basse altitude n’est pas une bonne idée.

Les différents composants des appareils et les dégâts qu’ils peuvent subir sont modélisés. Par exemple, les réservoirs de carburant des avions sont positionnés et dimensionnés en fonction de données historiques. Les fuites de carburant peuvent s’enflammer et provoquer une explosion catastrophique.

On le voit, il s’agit de bien gérer son altitude, sa vitesse, ses manœuvres, son endurance, ses munitions et l’état de son appareil, tout en opérant en synergie avec les avions de son unité. Un vrai jeu de tactique, qui grâce au tour par tour, fait la part belle à la réflexion plutôt qu’aux réflexes.

La vitesse de ce Spitfire est trop faible et il est trop cabré pour assurer sa portance. L’appareil va décrocher et chuter lors de son prochain mouvement, ce qui est indiqué par des chevrons blancs sur sa trajectoire. Solution: ‘rendre la main’ (pousser le manche vers l’avant) pour plonger et regagner de la portance afin d’éviter de finir dans la Manche. Encore faut-il ne pas voler trop bas.

L’élite de la Luftwaffe ?

L’IA de Scramble: Battle of Britain est plutôt compétente et les pilotes allemands vous donneront du fil à retordre, avec quelques petit bémols qui apparaissent une fois que l’on a l’expérience d’avoir joué un assez grand nombre de parties. Dans la démo les pilotes allemands semblent avoir oublié les fonctions de leader et d’ailier (ce dernier étant chargé de protéger son camarade), ce qui fait qu’ils ont tendance à vous engager en duels (de manière fort chevaleresque), plutôt que de tenir compte de leurs positions respectives pour se soutenir mutuellement. Ils ont également tendance à négliger les effets du voile noir, ce qui peut les rendre vulnérables, voire les faire se crasher.

Fin de partie pour ce pilote. Sans son aile droite, même un Spitfire vole forcément moins bien. La démo offre la possibilité d’évacuer son appareil pour éviter de finir, comme lui, au fond de la Manche. Cela sera essentiel lorsqu’il faudra, dans la version finale du jeu, gérer l’effectif de son propre escadron.

Les pilotes de Bf 109 sont aussi enclins à ne pas profiter de leur taux de monté supérieur par rapport au Spitfire pour prendre l’avantage de l’altitude et préfèrent s’engager dans des combats tournoyants (se terminant souvent au raz des flots) qui favorisent pourtant les britanniques. On peut donc espérer quelques ajustements de l’IA dans la version finale du jeu, mais dans l’ensemble elle est à la hauteur de sa tache (qui est, rappelons-le, de vous envoyer au tapis).

Débriefing

La démo de Scramble: Battle of Britain, bien qu’en version Alpha, s’avère déjà très complète, fonctionnelle et amusante à jouer. Elle plaira aux fans de tactique et de combat aérien. Ceci d’autant plus que le jeu final semble prometteur avec l’annonce d’un volet de campagne permettant de commander (du côté britannique seulement) son propre escadron de chasseurs durant la bataille d’Angleterre, avec chaque pilote ayant sa propre identité et ses propres caractéristiques.

Il y aura donc un petit côté jeu de rôle. Il vous faudra choisir qui envoyer en patrouille et qui mettre en alerte prêt à décoller, ce qui rajoutera une couche de jeu de gestion. Ajoutons à cela qu’en plus de quinze heures de jeu je n’ai trouvé aucun bug ou crash (à part, bien sûr, ceux de mes propres avions descendus par les tirs de la Luftwaffe). Pas mal pour une version Alpha. Un jeu à suivre donc, définitivement sur ma liste de souhaits.

Genre : Jeu de combat aérien 3D en tour par tour.

Développeur : Slitherine Ltd.

Éditeur : Slitherine Ltd. 

Plateforme : Steam.

Date de parution : A venir en 2024.

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