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Cascadia

C’est bien beau les jeux d’histoire au thème guerrier, avec tous leurs petits pions bien moches et leurs parties de 15 heures minimum, mais il faut reconnaître qu’il est parfois bon de pouvoir mettre un jeu familial, mignon et accessible sur la table. Vous savez le genre de trucs expliqué en moins de 3 heures et jouable sans poser une semaine de RTT… Et dans cette catégorie, les jeux édités par Flatout Games sont plutôt bien placés. Et comme chez Dystopeek on ne fait jamais les choses correctement comme les autres, penchons nous sur leur deuxième jeu : Cascadia.

Oui deuxième, le premier étant Calico, dont je vous parlerai bientôt. Un jour. En attendant, Madame a voulu jouer à Cascadia le week-end dernier, donc nous y avons joué – pour la première fois depuis des mois – et c’était toujours aussi bien.

Sorti en 2021 après un passage par Kickstarter, Cascadia est un jeu de Randy Flynn jouable de 1 à 4 personnes. Les parties sont rapides, comptez un grand maximum de 40 minutes si vous devez aller étendre la lessive ou faire un footing, et ses règles sont d’une extrême simplicité.

Le but dans Cascadia est de remplir une série d’objectifs impliquant de placer différents animaux (ours, saumons, poulets (ou aigles, j’ai toujours du mal à les différencier), renards et autres cerfs) dans différents habitats (plaines, montagnes, forêts…) du nord-ouest américain.

A son tour, un joueur va prendre une paire habitat + animal parmi les 4 proposées. Il va ensuite placer devant lui la tuile habitat dans son espace de jeu et placer le token d’animal dans un habitat éligible, c’est-à-dire un qui contient une image dudit animal. Il pioche ensuite une nouvelle tuile et un nouvel animal pour reconstituer la paire prise et passe la main au suivant. Chacun va ainsi piocher une vingtaine de paires.

Les bases sont donc très simples. L’intérêt de Cascadia vient des cartes de scoring des différents animaux. Vous devrez par exemple placer des ours de manière à ce qu’ils soient par paires, ou faire une ligne continue de saumons. Les aigles ? Il les faudra isolés. Il y a une demi-douzaine de cartes par animal, ce qui crée un grand nombre de possibilités.

Ajoutez à cela un très grand nombre de tuiles différentes, sachant que vous n’en utiliserez qu’une partie à chaque fois et vous obtenez un jeu qui dispose d’une grande rejouabilité. Mais ce n’est pas tout !

A chaque fois que vous placez un animal sur une tuile Repère (marquée d’une pomme de pin), vous obtenez un petit jeton (un jeton Nature) qui vous rapportera un point de victoire à la fin (ce qui est bien, mais pas top) et qui surtout peut être utilisé pour se servir dans des colonnes différentes de la pioche.

Et ça, ça change beaucoup de choses. Parce qu’au début, vous devez faire avec ce que la pioche vous propose et placer au mieux vos tuiles Habitats et vos animaux. Mais quand vous commencez à obtenir des jetons Nature, vous pouvez vraiment commencer à réfléchir à une stratégie.

Faut-il essayer de faire un peu de tout ou au contraire se spécialiser ? Faut-il l’utiliser pour récupérer ce saumon ou le garder précieusement en prenant cet ours qui ne nous arrange pas en espérant avoir mieux après ?

Chaque partie est unique du fait de cette pioche totalement aléatoire, ce qui peut d’ailleurs être frustrant vu que certains animaux peuvent moins sortir que d’autres. Et parce qu’en plus de tout cela, les cartes de scoring ne sont bien entendu pas les seules qui vous permettent de marquer des points.

Vous pouvez – et devez – aussi créer les biomes les plus étendus possibles, ce qui va vous rajouter une couche d’incertitude. S’il n’y a pas de contrainte au placement comme dans Carcassonne par exemple, il faut donc non seulement jouer avec les biomes en eux-mêmes mais aussi avec les animaux qu’ils peuvent accueillir, quitte à se fermer une zone pour privilégier la faune.

N’allez tout de même pas croire que Cascadia va provoquer des analysis paralysis en pagaille, malgré tout le jeu reste très fluide car on s’aperçoit vite qu’on ne pourra jamais réussir à tout faire. On adapte donc sa stratégie à la volée, on espère certaines tuiles, puis certains animaux, on sacrifie un côté pour privilégier un autre et on garde le sourire.

Parce que d’une part Cascadia est beau, avec de jolies illustrations et de belles couleurs, et aussi parce que le matériel est de qualité avec des tuiles bien épaisses et des tokens en bois et non en plastique.

Et surtout Cascadia s’adapte à tous les styles de joueurs, du plus jeune au plus compétitif. D’une part grâce à sa mise en place aisée et très rapide, ses parties très courtes sans temps mort et aussi parce qu’il dispose, comme les autres jeux de la gamme, d’un système de scénarios avec des objectifs à atteindre. Cela change des parties juste pour le scoring et pousse à orienter ses stratégies.

Cascadia est donc un jeu simple à enseigner qui conviendra à toute la famille, même au Grognard ronchon ne jurant que par ses hexagones (ça tombe bien, c’est la forme qu’ont les tuiles Habitat). Son thème plaira à tous, la qualité de sa production satisfera les plus exigeant et s’il fallait lui trouver un défaut, je pointerais du doigt les cartes de scoring par toujours très claires.

Oui, c’est bien peu, pas suffisamment pour vous empêcher de l’acheter, surtout qu’il est disponible pour une somme modique. Il existe de plus une extension, Paysages, dont je vous parlerai très bientôt, et surtout d’autres jeux au même format avec des concepts un peu similaires qu’il me tarde de vous détailler.

Allez, ne traînez pas et allez acheter une boîte chez votre revendeur préféré. Boîte que vous glisserez bien entendu dans la valise pour les vacances !

Auteur : Randy Flynn

Artiste : Beth Sobel

Editeur : Flatout Games

De 1 à 4 joueurs

De 30 à 45 minutes

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...