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The Legend of Heroes: Trails through Daybreak

Aujourd’hui, nous allons nous attaquer à un gros morceau puisque nous allons parler de la série de jeux de rôle japonais Trails. A ce stade, un léger aparté historique s’impose. Non, ne fuyez pas. Autrement, je vais finir par me faire virer. A l’origine de Trails, il y a la série The Legend of Heroes dont le premier épisode, Dragon Slayer remonte à l’âge de bronze du jeu vidéo, soit 1989.

Sorti sur Nec PC-8801 et sur Sega Megadrive, le jeu connaîtra les honneurs d’une première suite en 1992 avec Prophecy of the Moonlight Witch avant que le troisième titre ne vienne mettre la pagaille dès 1999. Pour les plus curieux, la chaine Youtube Classic Game Sessions a publié une vidéo montrant l’évolution de la série sur ses 10 premières années

Si je te dis que je cache un lourd secret familial, tu la fermes et tu me laisses parler

Il aura en effet fallu 7 ans à Falcom avant de se décider à sortir, coup sur coup, The Legend of Heroes III, IV et V qui formeront ensemble la trilogie Gagharv (Je ne sais pas non plus où ils vont chercher leurs titres).

A tear of Vermillion. Credits : https://www.gamespot.com/reviews/legend-of-heroes-a-tear-of-vermillion-review/1900-6140677/

Après cette première trilogie qui s’étalera de 1999 à 2001, la chronologie devient encore plus bordélique avec la série des Trails (ou Kiseki Series pour les plus snobs de nos lecteurs).

Cette sous-série de jeux, née sur Playstation 2, propose, à l’instar du cycle Ténébreuse de Marion Zimmer Bradley, de visiter différentes époques d’une même planète au travers d’histoires interconnectées les unes aux autres (pas de panique, les jeux sont largement jouables sans connaissance des autres opus).

The Legend of Nayuta: Boundless Trails (2012), dispo chez GOG

Et accrochez-vous bien puisque cette sous-série des trails va elle-même se subdiviser en plusieurs arcs narratifs pour un cumul de pas moins de 12 jeux distincts entre 2004 et 2022. Oui, on ne chôme pas chez Falcom.

Parmi les arcs les plus connus, on rappellera l’existence de Trails in the Sky (PC, PSP, PS3 etc.) ou de Trails of cold Steel (PS3, PS4).

Trails in the Sky

Rajoutons à ça deux épisodes spin-off déconnectés des séries principales et nous avons donc un bon gros bazar scénaristique et un fantasme pour collectionneurs. Après plusieurs épisodes en 2D isométrique, la série a finalement opté pour une représentation 3D à l’occasion de son passage sur Playstation 3 et l’arc Cold Steel.

L’opus qui nous intéresse aujourd’hui viens de sortir sur Playstation 5 et adopte à son tour une réalisation tout en 3D plus ou moins moderne. Quand je vous dis plus ou moins moderne, c’est à l’échelle nippone.

Oserais-je les soupçonner d’utiliser le même moteur depuis le premier Trail of Cold Steel ?

On y reviendra un peu plus bas mais, si le jeu propose des personnages typés anime plutôt bien modélisés et détaillés (pour de l’anime, s’entend…. et pas du Berserk, hein !), il souffre, à l’instar de bon nombre de ses congénères, d’un moteur 3D qui accuse plusieurs années (voire une décennie) de retard.

Si l’ensemble n’est visuellement pas désagréable et si le character design est plaisant, il est difficile de ne pas s’apercevoir que les textures sont souvent très sommaires malgré quelques effets graphiques cache-misère et que les décors restent assez angulaires et rudimentaires quand ils ne sont pas simplement moches et vides.

Et quand je dis des années de retard, c’est en oubliant que The Witcher 3 est sorti en 2015…

A noter que la musique a failli me rendre fou. Au bout de 3 heures 30 de jeu, j’ai tout coupé et sagement opté pour une radio hard rock / heavy metal bien plus à mon goût. Cela dit, Falcom n’a jamais brillé par ses budgets conséquents et/ou ses prouesses techniques.

Les joueurs savent, depuis les tous premiers (Book of) Ys que sa force réside ailleurs. Cela dit, on joue rarement à un RPG japonais pour en prendre plein les yeux mais plus pour l’histoire et pour les personnages. Non, ne hurlez pas tous « Final Fantasy », il s’agit là de l’exception qui confirme la règle.

En bas, à gauche, mon ennemi juré.

C’est à ce moment précis du test, alors que mes deux derniers lecteurs se sont légèrement assoupis que je vais enfin commencer à évoquer le jeu. Oui, je vais le faire sous vos yeux ébahis.

Ce nouvel épisode commence donc alors qu’une jeune fille issue d’une prestigieuse école, Mademoiselle Agnès Claudel (oui, oui…), se rend dans les bureaux d’une sorte d’enquêteur privé, un « Spriggan » répondant au doux nom de Van Arkride, pour lui proposer d’enquêter sur le vol d’une relique familiale.

Bien évidemment, tous les stéréotypes imaginables sont de sortie : jeune héroïne à forte poitrine, intello mystérieux à lunettes, jeune journaliste amoureuse, beau gosse à tendance asociale mais qui a quand même un bon cœur ™ etc.

Vous voyez que je n’invente rien…

Bref, les amateurs du genre ne seront pas dépaysés et les lecteurs des cahiers du cinéma pourront continuer à regarder tout ça avec dédain. Si le départ de notre aventure ressemble à un énième polar à la Chandler ou une aventure cyberpunk, la suite sera, heureusement, quelque peu différente.

L’aventure conduira nos deux héros malgré eux à la poursuite d’un contrebandier dans les égouts de la ville, ce qui constituera une belle occasion de se familiariser avec le gameplay du jeu, avant que le cœur de l’intrigue ne se révèle au fur et à mesure des chapitres qui composent l’histoire principale.

Nan, le type n’a pas du tout l’air suspect.

Coté gameplay, Falcom restant Falcom, le jeu mélangera un aspect stratégique à un système de jeu plutôt orienté action. Du côté des éléments les plus classiques, on retrouvera un ordre d’actions prédéterminées, un menu permettant d’accéder à des sorts ou des objets de soins. De l’autre, on aura le plaisir de retrouver un gameplay plutôt axé beat’em UP qui n’est pas sans rappeler celui de la série Star Ocean, RPG bourrin signé Namco.

Les membres de votre équipe (les RPG nippons, à l’évidence, détestent la solitude) bénéficient effectivement de sorts et d’actions spéciales qui peuvent, lors des combats, être utilisés via un menu au design un rien étrange.

Oui, il s’agit bien d’une capture PC officielle

En outre, le jeu vous propose pour les mobs les plus classiques de ne même pas recourir au mode de stratégique et de rentrer dans le tas en mode full bourrinage. Une option qui ne pourra que satisfaire les joueurs lassés par la répétition et la fréquence des combats dans la majeure partie des RPG japonais.

Les personnages de soutien, en l’occurrence notre jeune héroïne dans cette première scène, suivront vos actions et pourront être commandés via le mode tactique. Bref, le gameplay est assez vif et plaisant sans pour autant manquer de possibilités stratégiques.

Vous voyez que je ne plaisante pas !

D’autant que le système d’upgrade des armes et des sorts s’avère assez complet.

Pour le reste, on a sous les mains un bon RPG traditionnel avec son lot de rebondissements, d’histoires et de protagonistes qui se croisent au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue.

Oui, je suis mystérieuse, surdouée à l’épée et peu expressive. En prime, je suis l’amie d’enfance… N’en jetez plus !

C’est du tout bon pour les amateurs du genre mais les vieux routiers pourraient avoir l’impression de rejouer une partition un peu trop connue. Rien de déplaisant donc mais une désagréable sensation de déjà vu / déjà joué (argh, ces donjons austères peuplés de millions de mobs anonymes à tabasser et de coffres à looter).

Et les hermétiques au JRPG resteront bien sagement sur le bord de la route, sans grands regrets. Au final, ce nouvel épisode de The Legend of Heroes s’adresse essentiellement à ce qui s’avère devenir de plus en plus manifestement un public de niche.

Genre : JRPG

Développeur : Nihon Falcom /PH3 Gmbh

Editeur : NIS America, Inc.

Date de sortie : 2 mars 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.