Demo: Hollywood Animal
Le 10 juin 2024 est sortie la demo du jeu vidéo Hollywood Animal. Se déroulant en temps réel pausable, il s’agit d’un mélange réussi entre jeu de gestion, city builder, avec une petite dose de jeu de rôle et pas mal d’humour au second degré. Il vous met à la tête, vous l’aurez probablement deviné, d’un studio de cinéma, à l’aube de l’Age d’or d’Hollywood.
Faire la critique d’une demo peut paraitre incongru, mais lorsque l’on a passé 60 heures (pas d’affilée je vous rassure) scotché à son écran, à jouer et rejouer à celle-ci on se dit que le jeu a sans doute un certain avenir devant lui. Alors autant vous faire profiter de ce retour d’expérience ludique.
Métropolis ?
Nous sommes début 1929, le krach boursier de Wall Street n’a pas encore eu lieu et vous reprenez les rênes d’un studio hollywoodien ayant fait faillite. Votre but : le faire survivre et prospérer jusqu’à fin 1930. Oui, la demo est (trop) courte, mais elle donne un bon aperçu des possibilités offertes par le jeu, qui devrait en principe couvrir le reste du XXème siècle. A noter qu’il n’existe pas de version française de la demo.
Le jeu vous plaçant dans le rôle du dirigeant des studios, il ne vous permet pas de micro management : pas question de tourner ou monter vous-même vos propres fims, ceci est le boulot des employés que vous allez recruter pour la création des films (scénaristes, producteurs, metteurs en scène, acteurs/actrices, monteurs, agents de sécurité, etc.).
Il vous appartient aussi d’ordonner (et de payer) la construction des bâtiments où ils pourront travailler (plateau de tournage, bureau des producteurs, etc.). Vous avez aussi votre mot à dire sur les scénarii de vos films et sur leur distribution (nombre de salles de projection), leur calendrier de sortie (par exemple une comédie romantique pour la Saint Valentin et un thriller pour Halloween… ou l’inverse ?) et sur leur durée d’exploitation.
Hollywood Animal, créé avec le moteur Unity, bénéficie de graphismes isométriques low poly agréables à l’œil, d’une charte graphique épurée style Art Déco et d’une interface pratique à utiliser. En général il suffit de cliquer sur chaque bâtiment du studio pour avoir accès à différents menus de recherches et possibilités d’actions. Petit bémol, certaines commandes sont si bien intégrées graphiquement qu’elles passent inaperçues, pouvant ressembler à un élément du décor. Ainsi, par exemple, pour fermer la fenêtre d’un menu, la traditionnelle croix dans le coin supérieur droit a été remplacée par le diaphragme d’une caméra.
Comme tout bon city builder qui se respecte, il s’agira dans Hollywood Animal de se développer en construisant de nouveaux bâtiments, devenant accessibles via la recherche dans différents domaines technologiques. Mais cette fois ci pas question de construire des gares ou des aéroports, mais plutôt des plateaux de tournage, un bureau pour les producteurs, un autre dédié à la post-production, etc. Chaque bâtiment a son propre arbre technologique avec de nouveaux bâtiments annexes à construire une fois la technologie correspondante débloquée.
Ces bâtiments permettant d’accomplir des actions : recruter du personnel, écrire des scénarii, tourner des films, assurer leur post production et leur distribution, etc. Ainsi avant de pouvoir recruter votre future star du grand écran il faudra d’abord construire le bâtiment de préproduction, pour pouvoir rechercher et débloquer la technologie bureau du casting afin de faire construire ce nouveau bâtiment. Du classique donc, mis à part que pour avancer dans une technologie il n’y a pas de points de recherche mais un nombre de jours fixes pour la débloquer. Ce délai pouvant être diminué sous certaines conditions (en injectant des paquets de dollars par exemple).
Il vous faudra aussi gérer les caprices et exigences financières des acteurs/actrices, producteurs et autres metteurs en scène afin de créer la meilleure équipe de tournage possible, sans pour autant ruiner le studio par trop de dépenses. Vos principaux employés, ont, en effet, un niveau de professionnalisme (figuré par des étoiles) allant de 0,1 (nullissime) à 9,9 (les meilleurs) s’appliquant au résultat de leur travail.
Les compétences de chacun des participants à un film (du scénariste au monteur, en passant par les acteurs/actrices) influeront sur les notes définissant son attrait pour le public d’un côté, et pour la critique de l’autre, et au final sur sa performance financière. Tout cela serait assez répétitif si vous ne deviez pas à faire face à de multiples évènements, qui sont autant d’occasions d’interactions et prises de décisions ayant, entre autres, un impact sur le développement du studio, vos relations avec vos employés, mais aussi la qualité et le temps nécessaire pour terminer les tournages.
Il était une fois à Hollywood…
Vos employés ont aussi des défauts (souvent) et/ou des qualités (plus rarement). Dommage si votre acteur vedette est également alcoolique et accro aux jeux d’argent, il va vous falloir gérer les multiples problèmes que cela va engendrer. Enfin, deux jauges mesurent leur loyauté au studio et leur bonheur (ou non) de travailler avec vous. Votre acteur vedette est déloyal, malheureux et veut quitter le studio ? Il est peut-être temps de lui offrir quelques cadeaux (montre en or, cigares cubains, whisky…) à moins que vous ne le menaciez de publier quelques photos de lui particulièrement compromettantes, ou choisissiez d’envoyer quelques gros bras de la sécurité pour lui faire une proposition qu’il ne pourra refuser.
En effet dans Hollywood Animal tout est bon pour arriver à ses fins, à vous de choisir entre être un (trop) gentil manager ou une parfaite ordure prête à faire des compromis avec les trafiquants d’alcool et à corrompre la police, faire tabasser la star d’un studio rival, ou à marcher sur la corde raide entre crime et légalité.
Mais dans le premier cas mieux vaut penser à engager des agents capables de dissimuler vos sombres secrets ainsi que de bons avocats, ou pourquoi pas à mettre le maire de L.A dans votre poche. Le jeu se distingue en effet par son humour souvent acerbe et sans illusion sur les côtés peu reluisants d’une industrie où le Dollar est roi, et vous rencontrerez souvent des situations tragi-comiques qu’adoreront les fans des films des frères Coen ou de Quentin Tarantino.
Vers un Abyss financier ou vers Wall Street ?
Mais avant tout nouveau blockbuster (même si ce terme n’existait pas à l’époque) il faut un bon scénario. La construction du bureau des scénaristes vous permettra de mettre en place les scripts de vos futurs chefs-d’œuvre (ou gros navets, peu importe, du moment qu’ils rapportent). Mais avec au départ trois malheureux scénaristes aux compétences discutables, ce ne sera pas forcement du tout cuit.
D’autant plus que tant que vous n’aurez pas recherché la technologie permettant de pouvoir construire l’atelier d’écriture, vous offrant la possibilité de choisir quels éléments intégrer au scénario, il vous faudra vous contenter des idées farfelues de vos apprentis écrivains.
Après, vous pourrez choisir, outre le titre, les différents genres (romance, action, thriller, policier, aventure, historique, etc) à intégrer au film ainsi que le décors principal (le far West, une grande ville, une île tropical…), le protagoniste (personnage principal), son éventuel antagoniste, les personnages secondaires, les thèmes principaux et le dénouement. Sachant que même si le niveau de professionnalisme du scénariste est bas, son script s’améliora si ces éléments sont cohérents.
A vous donc d’engager judicieusement, et en fonction de vos finances et le leurs disponibilités, un directeur de la photographie, un producteur, un metteur en scène, des acteurs/actrices et un monteur à la hauteur de leur tâche. A vous de jongler entre les impératifs de disponibilité de vos équipes et des plateaux de tournage, de salaires des acteurs, de dates de sorties et de multiples impondérables pouvant faire dérailler le projet lors des phase de préproduction, production (tournage), post-production (montage), et distribution du film.
Un film qui se termine à tort ?
La démo, et rappelons-le il s’agit d’une démo, d’Hollywood Animal ne souffre pas de bugs majeurs, mis à part que parfois le jeu bloque lorsque l’on recrute un producteur, ou un acteur/actrice directement du menu de la préproduction plutôt que de celui du bureau de casting. Rien de rédhibitoire, d’autant plus qu’il y a une sauvegarde automatique et manuelle des parties.
En fait le gros défaut de la démo est qu’elle s’arrête abruptement pile au moment où l’on commence à bien maitriser le système et que l’on sent que le studio va pouvoir décoller. Et là… cliff hanger : pour jouer la suite il faudra attendre la sortie du jeu, prévue en 2024, mais dont la date n’est pas encore officiellement annoncée. Les développeurs ont le sens du suspens.
Mais l’avantage est que la re-jouabilité de la démo d’Hollywood Animal est bonne pour peu que l’on se fixe des défis : sortir le film avec la meilleure note ou qui rapporte le plus, sortir le plus grand nombre de films, construire le maximum de bâtiments, explorer les arbres technologiques, créer le script le plus délirant, avoir le maximum de dollars à la fin…
Je ne peux pas prévoir si au final, Hollywood Animal sera un bon jeu, mais toujours est-il, que de mon point de vue, sa bande annonce est excellente. A suivre donc.
Genre : Gestion de studio hollywoodien
Développeur : Weappy Wholesome
Éditeur : Weappy Studio
Plateforme : Steam
Date de parution : 2024