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Combat Mission: Black Sea

Après la sortie en août dernier de Combat Mission: Shock Force 2 sur Steam, Slitherine porte maintenant l’avant dernier opus de la série des développeurs de Battlefront, j’ai nommé Combat Mission: Black Sea. Quittons le désert de Syrie pour nous plonger dans un conflit fictif en Ukraine. Il faut avouer que Battlefront a du flair pour déterminer les zones chaudes du globe.

Fragile mais terriblement efficace.

Si le moteur de jeu est le même au travers de toute la série (ce qui fait que le gameplay reste identique avec ses qualités, son immersion et aussi ses défauts), le changement de décor a lui un impact non négligeable. Déjà parce que le conflit n’est plus asymétrique, Black Sea oppose les forces Russes aux forces Ukrainiennes et Américaines, on a donc tout l’arsenal moderne (bien qu’il faut l’avouer que c’est un domaine sans cesse en évolution et que depuis 2014, date de sortie de Black Sea, il y pas mal de changements niveau guerre moderne, ne vous attendez donc pas à voir des essaims de drones kamikazes) à disposition des deux côtés et les engagements se font parfois à très grande distance. Il vous faudra utiliser les fumigènes, vous assurer d’occuper les points surélevés avec vos chars les plus solides et dotés d’armure réactive et ainsi de suite.

Le tir de mortier arrivera bien trop tard pour empêcher l’ennemi de traverser la rivière

Et puis aussi parce que le terrain est fort différent, là où le moteur graphique faisait montre de sa vétusté dans les plaines mornes et désertiques de Syrie, cela saute beaucoup moins aux yeux dans les forêts et vallées de l’Europe de l’Est. A nouveau cela va jouer sur la manière d’appréhender ses objectifs et l’importance de la reconnaissance et du support d’infanterie au côté de vos blindés pour qu’ils ne soient pas vulnérables au moindre fantassin avec un RPG. Bref niveau réalisme, la série fait toujours fort.

Les cartes sont grandes et prennent du temps à conquérir

Pour ceux au fond qui ne saurait pas ce qu’est la série Combat Mission, série qui a pourtant plus de 20 ans mais qui s’ouvre seulement depuis l’année passée au public Steam, le principe est assez simple tout en étant un wargame pur jus. Vous avez la possibilité de vous lancer dans une campagne (une par belligérant et deux autres seront aussi disponibles via le DLC Battle Pack), dans des scénarios spécifiques (ceux que j’ai testés manquent quand même parfois d’équilibrage) ou de lancer un Quick Battle, c’est-à-dire une carte sur laquelle chaque opposant sélectionnera ses troupes via un système de points. Chaque scénario, ou bataille, peut-être joué en solo (temps réel ou tour par tour suivant le système WeGo) ou en multijoueurs (en s’envoyant la sauvegarde par email ou en utilisant un petit programme tiers).

Un petit T-90 pour le plaisir

Niveau contenu vous êtes donc servis. Le système WeGo a la particularité de permettre aux deux joueurs (IA ou Humain) de donner les ordres à chaque unité pendant leur tour et puis de calculer le résultat de celui-ci. Les tours sont découpés par minute de jeu mais vous l’aurez compris, le temps de donner vos ordres, de cliquer tour suivant, de regarder le résultat du tour avec la possibilité de bouger la caméra où vous voulez et de profiter du tout en mode cinématique puis de rejouer certains moments soit à un endroit spécifique de la carte soit pour essayer de revoir des événements clés, chaque tour va vite vous prendre plus d’une minute surtout sur des scénarios de plus grande envergure. Vous êtes donc partis pour de longues soirées à donner des ordres avant de voir à quel point ceux-ci sont efficaces ou non à grand renfort de tirs traceurs, d’explosions d’obus de mortiers et de moments qui vous pousseront parfois au bord de votre siège.

Oui donc là je m’attendais à ce qu’ils descendent la pente, pas qu’ils aillent danser sur le pont d’Avignon en face d’un tank ennemi

Niveau immersion, le jeu est unique en son genre, surtout qu’il y a de nombreux paramètres qui vont renforcer le réalisme (munitions à disposition, moral, terrain, proximité du commandement, ligne de vue etc). Black Sea emporte avec lui aussi les mêmes défauts que les autres opus : les mouvements, s’ils ne sont pas faits au millimètre près dans les zones plus difficiles à naviguer, vont parfois vous surprendre par le chemin suicidaire qu’aura décidé de prendre l’IA. A ce niveau on aurait aimé avoir une « preview » du chemin tracé par l’unité avant que celle-ci ne l’emprunte, surtout pour des zones forestières où il n’est pas toujours évident de savoir si oui ou non votre véhicule pourra s’y aventurer ou s’il cherchera plutôt à la contourner. A nouveau, une fois l’ordre donné, une minute va se dérouler, pendant laquelle vous ne pourrez pas donner d’ordres. Il peut s’en passer des choses en temps de guerre en une minute, hein chef ?

Le support aérien existe mais les unités ne sont pas modélisées donc on a parfois droit à un missile venu tout droit du ciel en se demandant bien ce qui arrive.

Aussi, malgré l’importance capitale des lignes de vue, le jeu ne propose toujours pas d’outils faciles pour visualiser celles-ci. Certes vous pouvez voir, lorsque vous sélectionnez une unité, les cibles qu’elle a en vue et calculer sa zone de tir via l’outil adéquat mais aucun moyen de savoir quelle sera la qualité de son positionnement une fois en mouvement. Malgré cela j’ai trouvé les cartes de Black Sea assez solides et lisibles, elles donnent de bonnes indications visuelles sur la déclivité du terrain et même si on a encore parfois de mauvaises surprises cela m’arrive moins souvent que sur Shock Force 2.

Traversée de la Dniepr au petit matin

L’IA fait le boulot que ce soit de votre côté (réaction à l’ennemi, choix des cibles, etc.) ou de celui de l’ennemi, le tout est généralement suffisant pour vous donner un bon challenge sans jamais égaler un joueur humain. J’ai tendance à croire qu’il y a encore des petits couacs ici et là et que les ordres rapides sont avantagés mais de manière générale le côté très peu permissif de la guerre moderne va vous forcer à ne pas foncer dans le tas et à réfléchir avant de donner un ordre qui pourrait terminer en catastrophe pour vos hommes. J’ai aussi beaucoup apprécié la variété des environnements dans la campagne Russe et le côté assez épique de certains engagements. Devoir traverser le Dniepr avec des véhicules amphibies tout en sachant que l’ennemi vous attend de l’autre côté et que vous n’avez pas une réserve infinie de fumigènes est tout simplement captivant, les batailles de chars à plus de deux kilomètres afin de permettre à votre infanterie d’arriver au contact ou un tir d’artillerie réussi sont aussi des expériences assez uniques dans le jeu vidéo.

Pan dans les dents ! Enfin le dos quoi.

Bref Combat Mission: Black Sea est un opus vraiment solide avec des affrontements intéressants. Si l’interface et le moteur accusent toujours un peu leur âge, le jeu quant à lui reste à la pointe de ce qui se fait niveau wargame et une fois les raccourcis bien assimilés, on arrive assez rapidement à prendre le pli. Que vous soyez fan de guerre moderne, de wargames velus ou même de RTS (même s’il est évident qu’il ne faut pas oublier qu’ici pas question de rester sous le feu ennemi tout en espérant limiter les pertes, pas de soin, peu de renforts, bref, il faut prendre soin de ses petits soldats), Combat Mission: Black Sea est un incontournable. Un jeu unique en son genre qui fait que la série Combat Mission rencontre toujours autant de succès après 20 ans.

Développeur : Battlefront

Editeur : Slitherine ltd.

Genre : Wargame

Date de sortie : 21 Janvier 2021

Prix : 49,99€

Page Steam

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.