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Warhammer: Chaosbane

Je crois qu’il n’y a rien de pire que d’écrire sur un jeu moyen. Pour un bon jeu c’est facile, on essaie de communiquer son enthousiasme au lecteur, on détaille ce qui lui plaira à coup sûr. Pour un jeu médiocre, c’est encore plus simple : on le traîne dans la boue, on se moque de lui, un peu comme ce qui arrive à SAAvenger à chaque réunion à la rédac’. Ecrire le test d’Agony fut à ce titre un excellent souvenir. Mais pour un jeu qui vous laisse dubitatif, comment faire ? Comment expliquer que non, il n’est pas mauvais, mais qu’une fois la session de jeu finie vous êtes incapable de dire si vous avez passé du bon temps ou pas ? C’est devant cette page blanche, dédiée à Warhammer: Chaosbane, que ces pensées me viennent. J’ai beau tourner tout ça dans tous les sens, je ne sais pas par quel bout l’attraper ce bougre ! Alors tant pis pour l’originalité, à l’instar de ma victime du jour je vais faire dans le très classique…

Que pouvais-je choisir d’autre ?

Je l’ai déjà signalé en ces pages, je suis fan de l’univers Warhammer, 40k ou pas. J’ai des romans, des comics, je lis même le topic dédié sur Canard PC. Alors vous vous doutez bien que les jeux estampillés de la célèbre franchise de Games Workshop, je les surveille de coin de l’œil et comme beaucoup, je suis souvent déçu. Pour un Total War Warhammer qui sort, combien de merdouilles devons-nous esquiver ? J’espérais que les choses changeraient avec un studio français aux commandes (après tout, si c’est français c’est obligatoirement bien, non ?) même si le palmarès d’Eko Software n’est pas renversant.

C’est beau mais parfois un peu vide.

Fort de leur deal avec Big Ben Interactive et de l’obtention de la licence, nos développeurs ont décidé de partir sur un genre qui colle plutôt pas mal à l’univers : le Hack n’ Slash. C’est plus porteur qu’une simulation agricole en Bretonnie c’est sûr, l’univers sombre et violent de Warhammer s’y prêtant bien et il ne me faut pas beaucoup d’efforts pour imaginer notre héros combattant des hordes démoniaques au milieu d’une bataille titanesque.

Mais après quelques heures passées en compagnie de Chaosbane et de mon Nain Tueur de Trolls, j’ai un constat relativement peu flatteur à dresser. Chaosbane fait beaucoup d’efforts pour être un bon jeu, la réalisation est très soignée, avec des graphismes flatteurs et des animations dynamiques, et les combats sont sanglants. Mais malheureusement, derrière ce joli vernis, les défauts du jeu sautent vite à la figure, à commencer par ce loot pitoyable qui vous fait ramasser inlassablement les mêmes objets, dont les caractéristiques diffèrent à peine. Et dans un Hack n’ Slash, c’est un peu dommage de ne pas avoir ce sentiment de puissance lié à la montée en niveau.

Certes, les compétences, actives et passives, sont variées et funs à utiliser (ah, cette charge aveugle renversant tout sur son passage !), mais vous ne pourrez pas vraiment orienter votre héros dans la voie que vous voudriez. En effet, les compétences sont débloquées automatiquement et ont chacune un coût en points, ce qui vous oblige, avec un pool de points limité, à n’en choisir que quelques-unes simultanément. C’est sympa, cela oblige à faire quelques choix mais on est bien loin de la richesse d’un Grim Dawn (oui je préfère Titan Quest et Grim Dawn à Diablo 3, tous les goûts sont dans la nature).

En parlant de ce dernier, il y a un autre point sur lequel Chaosbane ne peut rivaliser : l’ambiance. Celle de Grim Dawn est à couper au couteau, on se sent oppressé, on est totalement immergé dans ce monde en ruines. Dans le jeu d’Eko Software, on se tape des descentes dans des lieux étriqués et construits à l’identique, on y combat la même poignée d’ennemis. On s’ennuie un peu devant tant de répétitivité, sentiment renforcé par un bestiaire peu varié. C’est dommage parce que Chaosbane essaie de se faire aimer du joueur avec son scénario qui… euh non laissez tomber, le scénario est tout sauf mémorable (d’ailleurs, qui s’en préoccupe dans un Hack n’ Slash ?).

C’est un peu le bordel là…

Si vous rajoutez à tout cela une durée de vie rikiki, une sélection très classique de classes disponibles (un soldat impérial, un tueur de trolls nain, un haut elfe versé dans la magie et une archère elfe) et un prix trop élevé pour un jeu de cette qualité, vous comprendrez que malgré ses efforts, Eko Software n’a pas réussi son coup et qu’on ressort frustré de Chaosbane. C’est étrange d’écrire ça mais s’il avait été franchement mauvais, il aurait plus fait le buzz. Là, c’est juste un jeu lambda, aussi vite joué qu’oublié. Dommage.

Combien de temps l’Empereur va-t-il encore tolérer ça ?

Genre : Hack n’ Slash

Développeur : Eko Software

Éditeur : Bigben Interactive

Date de parution : 31 mai 2019

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...