Burden of Command
Tous ceux qui ont aimé la série Band of Brothers et qui ont été notamment impressionné par la prise des canons du manoir de Brécourt devraient se plonger dans ce magnifique RPG tactique qu’est Burden of command.
Premièrement parce que le titre montre bien la volonté de mettre en avant ce qui fait la force de tout bon wargame tactique, à savoir ce que l’on appelle aussi Command & Control, c’est-à-dire la capacité à manager des hommes et l’aptitude à diriger et maintenir un groupe en phase avec les objectifs donnés. Deuxièmement, parce qu’il apporte une dimension narrative rarement atteinte dans ce genre-ci, où les protagonistes sont crédibles avec des situations et comportements plausibles où l’on est acteur de ses choix, qui pourront être tour à tour anodins ou bien conséquents pour la suite.
Enfin, parce qu’il ne cède en rien aux facilités du genre en modélisant toutes les facettes de la guerre, et notamment les concepts de moral, de commandement, de réaction face au feu, d’expérience, de la confiance en son chef, des lignes de vue, de l’importance de la suppression, de l’appui-feu, de la manœuvre avec fixation et débordement, encerclement, de l’importance du timing, de la reconnaissance, etc. Bref, de quoi reproduire toutes les tactiques propres à cette deuxième guerre mondiale ! Si vous n’avez rien compris au dernier paragraphe, ne vous en faites pas, tout vous est expliqué pas à pas, à mesure, comme dans le premier épisode de la série citée plus haut, que vous ferez vos classes en Virginie durant l’été 1942.
Car, oui, vous ne pourrez qu’incarner qu’un jeune lieutenant américain à qui on enseignera donc les méthodes de combat de l’oncle Sam : Fire, Fix, Flank, Assault ! Mais il devra aussi choisir quel type de leader il sera en déterminant au début du jeu son état d’esprit principal parmi 8 possibles, sachant que cela lui interdira de progresser dans 3 autres domaines. Il s’agit donc de choisir entre la discipline, le professionnalisme, l’astuce, la prudence, la compassion, l’idéalisme et le zèle. Expliquer leur fonctionnement en jeu serait un peu fastidieux, retenez seulement que sur le terrain certaines seront actives (3 max) et d’autres passives en fonction des points que vous y aurez mis. Mieux, les 3 autres lieutenants de la compagnie se verront aussi attribuer un état d’esprit selon le déroulé de l’histoire ou de vos décisions.

Vous incarnez donc un lieutenant intégrant le camp de formation Pickett en Virginie où vous dirigerez un groupe de combat de la Nickel Compagnie du 7ème régiment d’infanterie, 3ème brigade. Entre apprentissage des bases et prise de connaissance de votre escouade, vous serez amené, sous forme de réponse à choix multiples, à définir, lors de la narration, votre background et votre caractère comme être plus ou moins bavard ou sarcastique par exemple.
S’enchaineront alors des exercices de plus en plus difficiles où vos décisions et la façon de procéder et de réagir aux imprévus de la guerre seront disséqués par le Field Umpire (l’arbitre qui vous notera). Cela vous permettra en fonction de votre score d’améliorer l’expérience de vos escouades ou de vous-même. La confiance, en revanche se méritera surtout sur le terrain selon que vous partagerez ou non leur quotidien et surtout donnerez l’exemple en étant en première ligne.

Un choix récurent sera de les protéger ou bien de les sacrifier pour le bien de la mission. Supérieurs et trouffions ne verront donc pas d’un même œil vos actions. Loyauté, prestige, réalisme, fatigue du combat, stress, confiance et les pertes/remplacements et bien sûr expérience seront les paramètres dont vous aurez à gérer durant toutes les campagnes auquel vous prendrez part.
Une fois engagé dans le grand bain de la guerre, on sentira la pression bien réelle que durent éprouver les boys lors de leurs premiers contacts en Afrique. Des scènes crues et surtout des images seront là pour vous ramener à la dure réalité de la guerre d’autant plus que des vidéos de vétérans et de nombreuses notes historiques viendront émailler les batailles. Âmes sensibles s’abstenir donc, mais c’est le prix à payer pour cette immersion sans pareil.

En ce qui concerne le champ de bataille en lui-même, nous avons à faire à des hexagones des plus classiques avec une représentation du terrain qui influera sur les déplacements, les tirs et protections. Des points d’ordres sont disponibles par leader pour activer ses unités qui elles-mêmes ensuite auront des points d’ordres pour réaliser leurs actions, principalement bouger, tirer, sonder, ramper ou charger pour faire un assaut.
La ligne de vue est évidemment présente et pourra être identifiée aisément. Lors d’une bataille, il y aura donc au minimum votre Platoon, composée de vos trois Squad (12 hommes), voir toute la compagnie soit quatre Platoons, dont une avec mitrailleuses et mortiers.

D’autres éléments pourront à l’occasion vous venir en aide comme des chars ou de l’artillerie par exemple. Au début du tour, on décide quel Platoon va commencer et le leader activera son 1er Squad. Pas de notion de distance pour l’activer mais demande de consommer un point d’action. Une fois ce Squad activé, il pourra utiliser ses propres points d’actions comme bon lui semble sans avoir besoin du leader.
Ce dernier servira alors de ses points (outre l’activation de ses Squad) pour rallier, encourager, donner des points d’action, servir d’observateur pour l’artillerie, ou tout simplement se déplacer.

Le capitaine de la compagnie, lorsqu’il sera disponible, fera la même chose mais sans avoir à être sur la même case que l’unité – mais adjacent tout de même – et pourra diriger un Squad qui ne serait pas activé. Lorsque la Platoon à bougé, l’ennemi fait de même puis l’on active une autre Platoon et ainsi de suite jusqu’à n’avoir plus de point d’action disponibles. On passe alors au tour suivant.
Cela pernet de nombreuses combinaisons et de développer des tactiques plus ou moins élaborées en fonction de la menace et de la situation mais le temps presse et le nombre de tours alloué aux missions sera souvent trop court pour prétendre à une victoire majeure du point de vue de la mission (tous les objectifs accomplis) et du point de vue de la troupe (le moins de perte possible). Bref, de joyeux moments en perspective avec des sueurs froides lorsque le plan ne se déroule pas comme prévu !

On pourra évidement regretter que ce luxe de réalité ne s’étende pas aux graphismes, qui restent d’un autre âge, mais l’on oubliera vite ce détail tant le reste, y compris les bruitages, nous plongera dans l’ambiance infernale de cette deuxième guerre mondiale.
S’il fallait encore trouver quelques petits défauts, je rajouterai la vitesse d’expérience, acquise notamment pendant les entrainements au camp Pickett, qui me semble toutefois trop importante (mais rien ne vous empêche de choisir une difficulté supérieure), ce qui fait que l’on peut arriver rapidement à obtenir un lieutenant bodybuildé avec le maximum d’expérience (500 xp) et de confiance de la part de ses hommes alors que les autres lieutenants plafonnent à 25 voir 130 pour le meilleur.

De-même, les unités ont tendance à rester sur place, même démoralisés ou subissant un feu puissant, là où j’attendais plutôt de les voir rompre plus souvent et se réfugier vers l’arrière par eux-mêmes. On peut aussi noter quelques détails mineurs comme de ne pas avoir accès à la carte quand survient un choix crucial, ou de ne pas avoir de décompte à minima de ses capacités (état d’esprit et caractère) mais tout ça c’est vraiment pour pinailler.
Si vous n’êtes pas un adepte des films/jeux hollywoodiens, que la langue de Shakespeare ne vous est pas étrangère (bonne maitrise pour en comprendre les subtilités), que le fond (historique) vous importe plus que la forme (graphique) et que bien sûr vous aimez les wargames, alors foncez vous procurer ce petit chef d’œuvre.
Genre : RPG tactique et stratégique
Développeur : Green Tree Games LLC
Editeur : Green Tree Games LLC
Date de sortie : 08 Avril 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur