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Defend The Rook

J’aime bien les échecs. Le jeu de stratégie, pas le fait de rater ce que j’entreprends. Je précise parce que finir dans un placard à la rédac, ce n’était pas un projet de vie. Mais si j’apprécie ce sport cérébral, ce n’est pas réciproque. J’ai plus de souvenirs de défaites cuisantes que de victoires gratifiantes.

En découvrant Defend The Rook, je m’attendais à un jeu tactique reprenant certains concepts des échecs. Mais si on peut y retrouver une tour, une reine et un plateau constitué de cases, les similitudes s’arrêtent là.

Réinventer la Rook

Un scénario insipide nous apprend qu’on est un Magister, accompagné d’un guerrier, d’un assassin et d’une magicienne. On se met au service d’une reine dont le royaume est menacé par de nombreux ennemis.

Même si tout n’est pas aussi simple et que le twist final n’étonnera personne, on part les affronter sur un plateau à damier, dans des combats tactiques en tour par tour.

Nos quatre persos, leurs tourelles et quelques accessoires, vont donc se taper cinq vagues d’ennemis jusqu’au boss de chaque zone, à raison de cinq zones par run. Car oui, il s’agit d’un roguelite, où l’on doit recommencer de zéro une fois arrivé à « la fin ». Mais on y reviendra.

Sans trop de surprises, le guerrier et l’assassin tapent au corps à corps, la tour et la magicienne à distance. Chaque vague repoussée nous octroie une amélioration : dégâts, armure, points de vie, portée, ou circonstanciée.

Les synergies sont intéressantes, comme un bonus particulier si la magicienne est adjacente au guerrier ou l’assassin qui attaque lorsqu’un piège se déclenche.

Dans les premiers temps, on découvre des tactiques qui fonctionnent, on utilise les quelques sortilèges à notre disposition qui apportent des bonus temporaires ou font quelques dégâts directs… On passe sans trop souffrir les vagues et les premiers boss avant de tomber sur des buffs complètement craqués pour la magotte.

Rook and roule

Lorsqu’elle cumule des bonus de dégâts monstres, auxquels s’ajoute le transfert de ces mêmes dégâts à tous les ennemis. Celle-ci finit alors par nettoyer le plateau en une seule attaque. Si c’est assez satisfaisant la première fois, cela devient vite trop facile.

Chaque run n’est alors qu’un prétexte pour aller chercher ces bonus très mal équilibrés, déchainer la fureur nucléaire sur les ennemis et rouler sur le jeu jusqu’au boss final.

Petite précision au passage : s’il faut bien protéger la tour du Magister puisque sa perte signifie le game over, qu’on peut placer des tourelles sur le plateau, n’appelons pas ça du Tower Defense, qui correspond à un genre tout à fait différent et défini. Restons sérieux.

Mais une fois la fin atteinte, kekonfé ? Ben on recommence de zéro ou presque. On aura seulement débloqué des améliorations et des alternatives aux personnages et équipements de base. Un samouraï pour remplacer le guerrier, un autre type de tourelle, de nouveaux sorts… pas une révolution non plus.

Rook Machine

A chaque victoire, on monte d’un cran la difficulté via le niveau d’ascension, qui promet des parties plus difficiles et de nouvelles récompenses. Si dans la plupart des roguelites on repart à poil après s’être fait casser les dents, dans Defend The Rook, on recommence parce qu’on a gagné.

Mais les premiers runs sont courts, donc la satisfaction de la victoire limitée. Les évolutions sont peu impactantes : si les ennemis ont plus de points de vie, tapent plus fort et nous réservent parfois de petites surprises, on ne peut pas dire que le renouvellement motive à y retourner.

Heureusement que les dialogues peuvent être ignorés, même si la traduction française (merci Goblinz Publishing) est très correcte. Ils ne changent pas d’un poil entre chaque run et sont particulièrement risibles.

Techniquement, One Up Plus Entertainment (développeur de DungeonTop, un sympathique Roguelite Deckbuilder à l’esthétique très Darkest Dungeon sorti l’an dernier) a fait un boulot respectable. Les graphismes sont réussis, bien que pas toujours très lisibles. Quand les unités s’accumulent sur le plateau, il faut être attentif. Mais ça reste propre dans l’ensemble.

Le supplice de la Rook

Dommage que les différents environnements (sable, neige, océan…) ne modifient que la couleur du plateau. Sinon il reste tactiquement quasi identique, à quelques détails près (les cases où l’on peut installer les tourelles de défense).

Heureusement que les ennemis sont originaux et bien pensés, on passera vite des loups et autres orcs à des créatures plus intéressantes. Les effets sonores et la musique sont du niveau habituel pour des jeux indés de cette envergure : passables et oubliables, sans être honteux.

Il doit transparaitre de cette lecture une certaine déception et c’est le cas. J’adore le tour par tour, les petites cases, les calculs d’apothicaire pour optimiser chaque action ; si j’ai pu avoir ma dose pendant quelques dizaines de minutes, je suis resté sur ma faim. Pas de chance, je découvrais en parallèle Into The Breach et ça n’a pas rendu service à Defend The Rook.

Ce n’est pas un mauvais jeu mais il est desservi par sa propre logique de répétition, son scénario à la profondeur d’un pédiluve et l’effondrement total de l’intérêt une fois déclenché le God Mode pour la magicienne.

Mais je le conseillerais surtout aux moins hardcore d’entre vous qui apprécieront un run de temps en temps plutôt qu’aux acharnés qui attendent un défi stimulant. A noter qu’il est prévu sur Switch, une plateforme sans doute plus adaptée au concept et au rythme.

Genre : Tactique en tour par tour

Développeur : One Up Plus

Editeur : Goblinz Publishing

Plateformes : Steam GoG – (prévu pour Switch sans date annoncée)

Prix : 14,99€

Date de sortie : 26 octobre 2021

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.