Demo: Model Builder
Je connais des amoureux des modèles réduits. Des fanatiques du montage de petites pièces, que le punchage de bouts de plastique excite bien plus que de raison, des fous furieux de la peinture au microscope. Avant, ils devaient assouvir leurs besoins capables de leur valoir une invitation à diner le mercredi soir dans des boutiques spécialisées et repartir avec leur petite boite sous le manteau. Leur forfait accompli, ils s’enfermaient à la cave pour s’extasier devant une reproduction d’un char de la Grande Guerre, un sous-marin nazi ou une figurine d’Yvette Horner armée de son accordéon. Aujourd’hui, ils peuvent faire tout ça sans sortir de chez eux, grâce à Model Builder.
Tout commence dans un sous-sol aménagé environ cinquante fois plus grand que le placard qui me sert de bureau à la rédac. Il est équipé de vitrines pour exposer ses créations que personne ne verra jamais et d’un établi de montage / peinture. On se déplace en vue FPS, ce qui est déjà un choix étonnant.
A noter que ce titre graphiquement modeste ne se gêne pas pour faire hurler une 3070 et se taper des micro-freezes de temps en temps. Ça sent l’optimisation aux petits oignons, mais accompagnés de grosses patates.
Mais nous voilà maintenant installé pour déballer notre première maquette. S’il est peut-être agréable, voire grisant, de démonter morceau par morceau les éléments de leur support plastique avec ses doigts, en jeu, c’est incroyablement pénible grâce à cette interface de l’enfer.
Il faut cliquer sur l’élément individuel, parfois pas plus grand qu’un ongle de pied. Le jeu zoome alors sur la pièce, il faut maintenant la « libérer » d’un coup de cutter, comme dans Fruit Ninja. Le jeu dézoome alors et il faut répéter l’opération pour chaque pièce, ce qui est inutilement chronophage.
Sachant qu’il faut compter plusieurs dizaines de pièces pour un modèle réduit, on a assez vite des envies de sniffer de la colle Cleopatra pour en finir avec la vie. Impossible d’automatiser cette phase pourtant si PASSIONNANTE et riche en gameplay.
Bref, une fois tous les morceaux découpés, on peut passer au montage. La petite notice nous montre les étapes à suivre, et en plus elle est interactive, ce qui est une bonne idée : en cliquant sur l’illustration de l’assemblage d’une pièce, on la prend en main, plutôt pratique. Ensuite on prend celle avec laquelle elle s’assemble, on la met au bon endroit (qui clignote, pour que même notre rédac-chef y arrive) et on clique. Voilà, plus qu’à répéter ça plusieurs dizaines de fois.
Une sorte de gros puzzle en 3D, pourquoi pas ; moi ça me parle peu, mais allez savoir. Mais c’était sans compter sur l’ingéniosité de l’interface. A force d’assembler des tanks et autres engins de mort, j’ai repéré une petite icone représentant le signe « plus » à côté des morceaux encore à assembler. Curieux mais circonspect, je clique. Et hop, voilà la pièce automatiquement insérée à sa place sur le montage.
On se tape donc plusieurs minutes chiantes à en crever à puncher les bouts de plastique, mais par contre la partie éventuellement rigolote de « cherche où va la pièce » on peut la squeezer en quelques clics ? Mais enfin ?
Après toutes ces péripéties, nous voilà avec l’engin ou la figurine assemblée, à la main si on se respecte encore un peu, de façon automatique si on n’attend plus rien de la vie. Il ne nous reste plus qu’à la peindre.
La notice et la boite de la maquette nous montrent une proposition de peinture et où coller les stickers. Mais autant lors des phases précédentes, on est pris par la main, autant là c’est liberté totale. Avec une limite quand même : les couleurs disponibles correspondent aux pots fournis dans la boite, ce qui vous évitera les Panzer rose fuchsia ou les sous-marins jaunes.
Quelques outils sont disponibles : le pot entier, pour recouvrir toute une surface d’un coup, le pinceau, évidemment, mais aussi un pistolet aérographe pour des effets subtils. Là encore, tout est question de goût, cette partie m’intéresse encore moins que les précédentes, mais je peux comprendre l’intérêt, surtout que l’interface n’est pas si pire ; elle reste pénible, mais on peut régler assez finement la taille du pinceau ou la position des stickers.
Une fois qu’on a fini de jouer à « Pimp My Char Leclerc », le jeu nous donne un score. J’avoue ne pas avoir vu si le fait de monter le bestiau en automatique change quelque chose à la note. Puis on installe notre création dans une vitrine, on la tourne pour la mettre sur son meilleur profil et on prend une photo.
Et puisqu’il n’y a rien d’autre à faire… on retourne à l’atelier ouvrir une nouvelle boite. La version actuelle ne propose pas de choisir ses maquettes, de personnaliser son sous-sol ou autres subtilités, mais on a quand même vu le cœur du gameplay et ça ne devrait pas trop évoluer sur ce point.
Vous l’aviez peut-être deviné, vous le sentiez, au fond de vous : ce jeu est développé par Moonlit S.A. et quand il y a du S.A. dans le nom d’un studio ou d’un éditeur, qu’est-ce que ça signifie ? Oui, que c’est polonais, bravo. Mais étonnamment, alors qu’il édite l’autre jeu du studio (Dog Trainer, un simulateur de toilettage pour iench, encore du gros gameplay en perspective) via une de ses milliards de filiales, PlayWay n’est pas concerné ici. Model Builder est publié par Green Man Gaming Publishing. Si, vous savez, ce site qui vend des clés. Et qui édite des jeux… dispensables.
C’est d’ailleurs le qualificatif que j’accolerais à Model Builder. Rien qu’en voyant le concept, je me suis demandé s’il y avait un vrai jeu ou si ce n’était qu’un gadget. Mais quand j’ai dit ça à voix haute, j’ai reçu une clé Steam pour le jeu. Qui m’a débloqué… la version démo accessible à tous. J’aurais sans doute accès au jeu complet lorsqu’il sortira. Mais je note pour plus tard : ne plus jamais parler en présence du rédac-chef, les conséquences peuvent être imprévisibles (NdHarvester : ne t’en fais pas il y a des micros partout à la rédac’).
Une fois le titre en main, mon impression s’est renforcée. Les gens peu intéressés par les modèles réduits ne trouveront pas ici de quoi les convertir, et pas sûr non plus que les amateurs IRL soient comblés par les possibilités ou les sensations procurées par le jeu. On verra si la version finale proposera de quoi me faire revenir sur cet avis.
Genre : Simulateur de montage de maquette
Site officiel : https://modelbuilder.game
Développeur : Moonlit S.A.
Editeur : Green Man Gaming Publishing
Plateforme : Steam
Prix : NC
Date de sortie annoncée : 27 janvier 2022
Avoue, tu as fait un truc vilain à Harvester pour qu’il t’inflige un truc pareil, ou tu es masochiste.
Les deux !