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R-Type Final 3 Evolved

Aujourd’hui, nous allons prendre la machine à remonter le temps et remonter jusqu’à cette glorieuse année 1987. Rick Ashley s’est fait débarquer du top 50, Black et Wonderful Life triomphent et le petit développeur japonais IREM (Kung-Fu Master, Legend of Hero Tonma, In the Hunt etc.) s’apprête à sortir un des titres les plus importants de l’histoire du jeu d’arcade.

Histoire de faire plaisir au rédac’ chef, je mets quand même une image du jeu testé. Comme ça, plus de hors sujet…

Ok, le genre a déjà connu plusieurs monuments entrés dans les annales telles que Salamander, Gradius (les deux par Konami), Gunhed (Hudson Soft, PC Engine) mais R-Type, puisque c’est de lui dont il s’agit, va pousser la démesure encore plus loin.

Boss énormes, ennemis ultra détaillés, univers parfois proche de H.R Giger, power up complètement dingues etc. Autant de raisons de se rappeler de ce titre d’exception près de 40 ans plus tard.

Admirez ce design totalement unique pour l’époque !

Comme pour tous les jeux du genre, la trame scénaristique ne mérite guère d’attention. Un seul pilote se dresse face à l’empire maléfique Bydo. Il va réussir là où toutes les forces terriennes ont lamentablement échoué.

Bien évidemment, le succès de la borne d’arcade et de ses déclinaisons sur tous les micros ordinateurs et consoles de l’époque (notion spéciale à la version délirante sortie sur PC engine de NEC, hélas scindée en deux épisodes) ne pouvait pas rester un one shot.

Le jeu connaîtra donc deux suites directes en arcade R-Type 2 et R-Type Leo, excellentes au demeurant mais un peu trop frileuses en matière d’innovation.

S’ensuivra alors une longue traversée du désert, pour R-Type comme pour le genre qui peine à exister en cette fin d’années 90 jusqu’à la sortie sur Playstation en 1999 de R-Type Delta.

Bon, comme ça, ça a l’air moche mais c’était vraiment bien. Extrait du site https://www.jeuxvideo.com/

Grâce aux capacités incroyables de la Playstation (rassurez-vous, je plaisante. Tout le monde sait que la Saturn de Sega était une meilleure machine) les développeurs d’IREM, qui ont réussi à survivre jusque là, parviennent à sortir un opus en 3D mais qui se joue en 2D un peu comme le Einhänder de Square Enix ou Thunder Force 5 de Technosoft quelques temps plus tôt.

La réussite est indéniable. On retrouve bien sur cette version les sensations du jeu d’origine, ses power ups et son système de tir avec sans charge et le passage à la 3D montre que la série a su s’adapter à son époque. Le jeu aura droit à une suite, R-Type Final, en 2004 sur Playstation 2.

Vu comme ça, la 3D a un peu mal vieilli. Image tiré du test Gamekult : https://www.gamekult.com/jeux/r-type-final-19348/test.html

Après ça… Plus rien ou presque. Flash forward en 2019. Le monde du jeu vidéo a radicalement changé. Microsoft est entré dans la partie, Sega est devenu un simple éditeur et IREM a, quant à lui, pratiquement disparu du paysage, privilégiant désormais les pachinkos aux jeux vidéo.

Autre époque, autres mœurs, le jeu vidéo se finance désormais à l’ombre des grands éditeurs, via des campagnes Kickstarter ou Ulule. C’est dans ce contexte que le petit développeur Granzella annonce, via un financement participatif et à la surprise générale, R-Type Final 2, suite à l’ultime opus PS2. Contre toute attente et malgré les doutes de votre humble serviteur qui a renoncé à verser son écot, le jeu ne rejoindra pas le cimetière des éléphants de Kickstarter et sortira, sur PC et consoles de salon, en avril 2021.

Splendeur et décadence d’un développeur star…

Sans être une réussite éblouissante, la faute notamment à une réalisation un peu terne, le jeu ne déshonorera pas ses glorieux ancêtres. Et pour cause, puisqu’on retrouve chez Granzella pas mal d’anciens développeurs du mythique IREM. Au final (ahem) le contrat est partiellement rempli avec un shoot’em up pas forcément très beau mais tout à fait digne d’intérêt même s’il s’avère très (trop) semblable à ses prédécesseurs.

C’est à peine deux ans plus tard que débarque, désormais sur Playstation 5, ce R-Type Final 3 Evolved qui nous intéresse (oui, je reconnais que j’ai pris mon temps pour y arriver). Et là, vous sentez un peu l’embrouille (quoique, pas autant que les joueurs PlayStation 4). Une suite aussi peu de temps après ? Comment est-ce donc possible ?

La photo qui suit vous donnera probablement un aperçu de la réponse. En réalité, ce R-Type Final 3 Evolved est une version de R-Type Final 2 portée sur Playstation 5 par Granzella et disposant de niveaux exclusifs à la machine, l’ensemble devenant ainsi le troisième titre de la série. Le passage à la nouvelle génération de consoles s’accompagne également d’un portage du moteur du jeu sur le célèbre Unreal Engine 5.

Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas forcément à ce jeu que vous penserez en premier lorsque vous voudrez épater vos invités grâce à la puissance cumulée de la Playstation 5 et l’Unreal Engine 5. Sans être moche, le jeu reste, hélas, visuellement perfectible mais nous y reviendrons un peu plus tard.

Question lisibilité, on a déjà fait mieux

Au delà du changement de moteur 3D et des niveaux exclusifs à la Playstation 5, R-Type final 3 Evolved espère vous motiver à passer à la caisse en proposant divers bonus (Time attack, scores en ligne, -nombreux- vaisseaux déblocables, niveaux inédits, customisation des vaisseaux etc.).

Sur le fond, R-Type Final 3 Evolved est tel que vous l’imaginez pour peu que vous soyez un peu familier avec la série. Les armes qui ont fait la gloire du titre sont pratiquement toutes là (Charged shot, laser rebondissant, Tir longeant les parois etc.), de même que le célèbre bouclier de la série.

Derrière les noms ronflants, on retrouve pas mal d’armes bien connues des amateurs de la série

Pour ceux qui ignoreraient totalement l’existence de la série et auraient néanmoins réussi à ne pas décrocher jusque là, rappelons que R-Type est un shoot’em up à défilement horizontal dans lequel vous pilotez un vaisseau disposant d’un tir rapide et d’un tir chargé bien plus dévastateur et qui s’active en maintenant le bouton de tir pressé.

Détruire certains ennemis spécifiques permettra d’obtenir divers bonus parmi lesquels l’essentiel bouclier qui a fait la réputation de la série. Ce bouclier qui peut être désolidarisé du vaisseau, se place à l’avant et à l’arrière, protégeant ainsi le joueur de la majeure partie des tirs. Son maniement et placement constitue des éléments de gameplay absolument essentiels. Accessoirement, il peut être lancé dans la tronche de vos adversaires.

En plus de ce bouclier, le joueur pourra, s’il survit assez longtemps, obtenir un satellite, des missiles ainsi que différents types de laser aux effets bien spécifiques. Ainsi, l’un d’entre eux balaiera les parois tandis qu’un autre pourra rebondir dessus. Bien évidemment, les différents types de laser seront plus ou moins efficaces en fonction des ennemis et de l’environnement.

Fort heureusement, le jeu aura régulièrement tendance à vous procurer l’arme la plus adaptée à la situation. S’agissant de ce nouvel opus, certains niveaux et ennemis évoqueront immédiatement ceux d’antan, à l’instar de ces fleurs géantes ou de ce cuirassé géant qui constitue un niveau à lui-seul.

L’essentiel bouclier, véritable emblème de la série

Les patterns des ennemis sont également très reconnaissables à l’image de ces escadrilles ennemies au début du premier niveau issu de R-Type Final 2 et dont les mouvements renvoient au premier niveau des deux premiers R-Type arcade (en réalité, de tous les R-Type).

Le nouveau moteur permet au développeur de multiplier les effets de lumière et les jolies explosions mais cela se paie néanmoins par un framerate parfois vacillant qui doit certainement plus à un manque d’optimisation qu’à un manque de puissance de la machine.

On pourra regretter que les effets de lumière et le choix des couleurs rendent certains passages moyennement lisibles (et, par voie de conséquence, assez mortels). Le jeu propose plusieurs niveaux de difficulté allant de « Practice » à « R-Typer ».

Autant vous dire que ce dernier niveau de difficulté va vous en faire voir de toutes les couleurs dès le deuxième niveau (ou stage pour nos amis anglophones), d’autant que le jeu est généralement assez dur, même dans les niveaux de difficultés les plus faibles.

Renoncer à se battre n’est pas toujours une mauvaise idée.

La clé de la survie tiendra bien souvent à une bonne connaissance des patterns et du décor. En effet, comme dans tout bon shmup à l’ancienne, pas de barre de vie. Une rencontre avec un projectile ou un élément du décor signifie une mort immédiate.

Et ce salaud de décor ne vous veut pas du bien. Je suggère aux plus rageux de se rappeler le prix d’une manette Playstation 5 avant de la jeter contre le mur après une énième collision mortelle (d’autant ça rebondit moins gracieusement que les anciennes manettes Super Nintendo).

La version collector. Comptez 20 € de plus pour les goodies.

Et les gentils développeurs n’ont clairement pas manqué d’imagination pour placer toutes les embûches possibles sur votre chemin et vous faire crever de toutes les manières possibles tout au long des divers niveaux que propose ce nouvel opus. A ce sujet, il convient de noter que le jeu propose de jouer alternativement les 7 niveaux revenus de R-Type Final 2 ou les 7 niveaux exclusifs à ce R-Type Final 3 Evolved. Les meilleurs joueurs auront l’occasion de découvrir ultérieurement divers niveaux portant leur nombre à une vingtaine.

Au final, ce R-Type Final 3 Evolved n’est pas le plus beau Shmup jamais réalisé (la palme revenant peut être à Gradius V) ni le meilleur R-Type jamais fait mais il n’en reste pas moins une des productions récentes les plus soignées et le feeling de la série est bien présent. Même si le ticket d’entrée peut sembler un peu élevé (une perception probablement un peu biaisée), les amateurs auraient bien tort de se priver d’une des meilleures productions modernes et d’une des séries qui a permis au genre de perdurer.

Genre : Shoot’em up

Développeur : Granzella

Éditeur : NIS America Inc.

Date de Parution : 28 avril 2023

Prix : 49.99 €

Plateforme : Playstation 5

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.