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A Gest of Robin Hood

Vous êtes des centaines à quotidiennement contacter la rédac – ou même m’aborder dans la rue – pour poser les mêmes questions : avez-vous enfin reçu A Gest of Robin Hood ? Est-ce que le jeu confirme tout le bien dit sur lui il y a maintenant plus de trois ans ? Quelle impatience mes (plus très) jeunes amis ! A toutes cela je répondrai oui et encore oui !

Pour les trois du fond qui n’ont pas suivi, j’ai participé à un tournoi en ligne sur un jeu en cours de développement, dont l’auteur français, Fred Serval, est maintenant une rock star après son très bon Red Flag Over Paris. Le jeu était suffisamment avancé pour faire un article le présentant et interviewer son auteur. Je vous conseille donc d’aller lire ça avant de continuer, histoire que vous soyez à l’aise et que je n’ai pas à tout réexpliquer.

Car si A Gest of Robin Hood a évolué pendant toutes ces années, les bases sont toujours les mêmes. Passé dans la série Irregular Conflict Series (alors qu’il était au départ un COIN) dont il est le deuxième volume, le premier étant Vijayanagara: The Deccan Empires of Medieval India, 1290-1398, que nous avons essayé avec Mitchpuru (spoiler alert: il est très bien), il illustre à merveille l’esprit de la série : des jeux plus courts que les COINs normaux avec des règles simples tout en gardant une grande profondeur.

C’est un peu la peur que l’on pourrait avoir devant un « petit » jeu : que l’on tourne très vite en rond du fait des limitations imposées par le format. Je pense notamment à Flashpoint: South China Sea, que j’aime beaucoup mais dont on pourrait facilement se lasser. Pas de cela avec A Gest of Robin Hood, il y a suffisamment d’événements et de stratégies différentes pour jouer un paquet de parties sans s’ennuyer, surtout que les camps étant asymétriques il faut quelques parties pour les maîtriser.

J’avais promis de ne pas le faire mais je vais quand même m’y coller et vous faire un petit récap, je ne rentrerai cependant pas dans le détail, il y a suffisamment d’articles et de vidéos qui le font bien mieux que moi. Le Sheriff de Nottingham et Robin des Bois s’opposent donc pendant 3 balades comprenant chacune 6 événements normaux (pour autant de tours) ainsi qu’un événement spécial (s’appliquant obligatoirement aux deux joueurs) et finissant par une inspection royale. Le but du Sheriff est de gagner des points d’Ordre, celui de Robin des points de Justice.

Chaque joueur va, à son tour, choisir entre plusieurs actions selon ce qui est encore disponible : il peut jouer un simple Plot, l’événement de la carte tirée (il y a pour chaque une partie favorable à Robin et une pour le Sheriff) ou enfin un Plot & Deed, bien plus puissant. Le fait est que ces actions sont classées de la moins à la plus puissante et qu’elles déterminent qui aura l’initiative au tour d’après. Si vous y allez comme un gros bourrin et ne faites que des Plots & Deeds (si vous avez les moyens), attendez vous à subir et courir après votre adversaire, même si vous lui ferez quand même mal.

Car il faut parfois faire des concessions et se contenter d’actions limitées, qui peuvent s’avérer gênantes pour votre adversaire, plutôt que d’essayer de dérouler aveuglément votre plan. Il m’est arrivé, contre Mitchpuru, de voir ma stratégie s’effondrer car l’événement tiré annulait les bénéfices de mes actions prévues. Il faut donc parfois sacrifier un tour pour gêner l’autre et récupérer la main ou l’obliger à jouer quelque chose de très limité.

Les actions possibles pour chaque camp sont très variées et reposent sur une planification souple, car il n’est que rarement possible de faire un gros coup. Il est bien plus efficace de mettre son adversaire devant un choix cornélien l’obliger à faire un sacrifice, tout en profitant bien entendu de ses erreurs. C’est pour cela qu’il faudra bien souvent laisser le joueur débutant prendre les commandes du Sheriff et ses sbires, plus conventionnels à jouer.

Les règles ont été peaufinées par plusieurs années de développement et de test – on appréciera l’excellent travail de Joe Dewhurst à ce niveau – et on peut très facilement lire le livret de règles qui ne fait que 11 pages bien aérées et commencer à jouer dans la foulée.

Surtout que pour les plus débutants, un playbook très clair est lui aussi disponible dans la boîte bien remplie. Le jeu est très fluide, il y a très peu de raisons de retourner jeter un coup d’œil dans les livrets une fois que la partie a débuté.

Tant que nous en sommes à parler de la boîte, allons y avec notre réserve légendaire : oui A Gest of Robin Hood est beau, très beau même. L’illustration de la boîte est superbe, tout comme les cartes événements et que dire de la carte montée ! Grande, aérée et superbement illustrée, c’est un régal pour les yeux.

Le reste des composants est de qualité, avec de nombreux cubes, cylindres et autres machins et bidules en bois et même des petits paravents. Seul petit reproche, on aurait aimé des aides de jeu présentant les actions possibles de chaque camp, histoire de savoir ce que l’adversaire a la possibilité de faire.

Alors oui, tout cela a un coût que certains peuvent trouver un poil élevé pour un « petit » jeu à deux joueurs. Mais pour moins de 70€, vous avez un excellent produit, bien fini, pas surproduit pour une fois et qui plaira au plus grand nombre par son thème et son aspect. Il y a de nombreuses boîtes tout aussi chères qui sont bien plus vides ou qui contiennent des jeux bien moins peaufiné que celui-ci.

On me signale que Joe Dewhurst a mis un point un mode solo dont il vous parle sur Inside GMT.

J’ai aussi lu ici et là que certains le trouvent trop compliqué pour son positionnement de jeu simple et rapide. Alors oui c’est vrai que malgré ses règles simples, A Gest of Robin Hood oblige à la réflexion, ce qui peut mener à des temps morts quand un des deux camps tente de trop anticiper. Le fait est que cette planification montre très vite ses limites, notamment du fait des événements qui peuvent tout chambouler. Avec deux adversaires connaissant le jeu, nul doute qu’un aller-retour est largement possible dans l’après-midi, pause-café comprise.

Alors, devez-vous vous jeter sur A Gest of Robin Hood ? Si vous voulez un jeu facile à enseigner mais qui demande quand même de réfléchir, si vous voulez un jeu qui plaira à vos petits cousins ou neveux et nièces, votre partenaire (ou même ses parents !) par son thème et qui les séduira par son matériel de qualité, si vous en avez marre de tous ces thèmes historiques trop sérieux, alors ne cherchez pas plus loin !

A Gest of Robin Hood est à mon avis parfaitement positionné dans la série ICS, après un Vijayanagara, accessible mais pour 3 joueurs et un Cross Bronx Expressway (lui aussi pour 3) qui s’annonce plus conséquent.

Avec sa chaîne Youtube, son podcast, Red Flag Over Paris et maintenant A Gest for Robin Hood, Fred Serval démontre qu’il occupe désormais une place de choix sur la scène internationale des jeux d’histoire et qu’il faut maintenant compter sur lui, surtout s’il est épaulé par Joe Dewhurst, avec qui il forme une excellente équipe.

Et sachez que si vous préférez les jeux en Français, Nuts! Publishing a obtenu les droits pour la VF du jeu, tout comme ils avaient obtenu ceux pour Red Flag Over Paris. Mais il va falloir être patient…

Auteur : Fred Serval

Artistes : Robert Altbauer, Terry Leeds et Chechu Nieto

Editeur : GMT Games

De 45 à 90 minutes

2 joueurs

Page officielle

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...

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