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Early Access: ENDER LILIES: Quietus of the Knights

S’il y a bien une chose que la Dark Fantasy sait faire, c’est poser une ambiance. Sombre évidemment, désespérée souvent, attirante pourtant, elle mêle le fantastique à l’apocalyptique, s’approche de l’horreur et flirte avec l’épique. Dans les jeux vidéo, les Dark Souls, Darkest Dungeon ou encore Dark Devotion (vous aussi vous commencez à repérer une constante ?) sont de bons exemples de l’esthétique recherchée, avec chacun sa propre patte. ENDER LILIES (un jour je comprendrais la logique derrière les titres en majuscule) vient jouer dans cette catégorie en proposant sa touche bien à lui.

J’ai tout de suite accroché à ses graphismes et ses douces animations travaillées avec soin. Elles renforcent l’impression de fragilité de l’héroïne que son teint d’ivoire et sa tenue diaphane faisait déjà fortement ressortir du décor glauque et délabré. Elle, c’est Lily, la dernière prêtresse dans cet univers corrompu par une pluie qui transforme les gens en morts-vivants. Dernier espoir de rédemption, ultime source de pureté, réveillée d’un coma hors du temps, elle part sauver le monde, pieds nus, en robe légère et sans parapluie.

Non, ce n’est pas Isabelle Balkany

Pour cela, elle va devoir combattre, ce qui, quand on fait 40 kg et qu’on ne sait pas manier ne serait-ce qu’un couteau à beurre, risque d’être compliqué. C’est pourquoi dès son réveil le spectre d’un chevalier l’accompagne et lui servira de bras armé. C’est lui qui se matérialisera pour frapper aux ordres de la manette le temps de trancher dans les chairs putréfiées.

Et c’est sympa aussi quand ça bouge

Lorsqu’on aura purifié d’autres anciens gardiens dévoués tombés au combat et transformés en maléfiques morts-vivants, on pourra les invoquer également, chacun ayant sa force et son utilité. On augmente donc ses possibilités tactiques en progressant dans le jeu, ce qui sera à la fois nécessaire et bienvenu pour renouveler l’intérêt (sans oublier les traditionnelles ressources à collecter pour améliorer certains coups).

Il s’appellait Stewball…

Sans surprise, on est donc en présence d’un platformer metroidvaniesque en 2D. Concrètement, on passe de tableau en tableau en sautant, grimpant et tatanant, pour trouver son chemin vers le prochain héros à vaincre et pouvoir sauver son âme. Comme le veut le genre, on doit parfois choisir entre plusieurs voies et certaines ne deviendront accessible que lorsque l’on aura débloqué une nouvelle capacité (double-saut pour atteindre des plateformes élevées, frappe puissante pour défoncer le sol, respiration sous l’eau pour traverser les souterrains immergés…).

De base, on dispose de l’attaque du chevalier, un combo de trois coups d’épée. Et c’est tout. Pas de coup vers le haut ou le bas, pas de garde / riposte, simplement une esquive qui consiste pour Lily à littéralement plonger vers la droite ou la gauche, ce qui la rend intouchable et lui permet de traverser des attaques. Petit plus rigolo (et à mon avis involontaire), en l’absence d’ennemi on peut la faire plonger dans des flaques d’eau dans un mouvement qui prend une tournure assez ridicule.

Je n’invente rien

Les ennemis sont particulièrement importants dans ce genre de jeu pour en juger l’intérêt. Si dans ENDER LILIES chaque boss est plutôt bien foutu avec les traditionnelles phases successives avec ses propres patterns et méthodes pour en venir à bout (ces combats sont LE point fort du titre et c’est grâce à eux que je garde une impression positive de mes sessions de jeu), c’est moins le cas des adversaires « de base ». Leur rôle est d’être de la chair à canon tout en offrant un minimum de challenge et certains sont particulièrement pénibles. Pas dans le sens ardus, mais bien relous / mal pensés.

Mais celui-là est cool, c’est une version revisitée du coffre qui t’attaque dans Dark Souls

Rien d’insurmontable, pourtant quand on sait que chaque traversée de tableau, même déjà vidé précédemment, nous refout les mêmes ennemis dans les pattes, ça décourage fortement. On peut se déplacer instantanément d’un point de sauvegarde à un autre, mais on doit tout de même régulièrement repasser par certains lieux et ça m’a clairement fatigué de devoir me fader à nouveau ces combats qui manquent sérieusement d’intérêt.

Si j’ai déjà salué la qualité de l’ambiance graphique, la bande son n’est pas en reste ; douce et mélancolique, dans un style si japonais avec ces voix et ces mélodies aux claviers (piano, clavecin…) qui accompagnent l’action. C’est à la fois très surprenant parce qu’on est loin de l’ambiance Dark Fantasy, et très réussi, une prise de risque que je salue. Elle est signée Mili, groupe japonais (à retrouver ici) qui a déjà signé un grand nombre de bandes sons de jeux et d’animés.

Allez, faites plaisir à vos oreilles, en plus vous aurez droit à du gameplay qui bouge

Par contre les bruitages sont eux vraiment ratés. On les croirait sortis d’une banque de sons libres et sont rarement adaptés aux actions, trop forts, trop criards, trop artificiels. Mention spéciale aux battements d’ailes des corbeaux, parfaitement scandaleux. C’est vraiment dommage vu la qualité des musiques, mais on m’annonce dans l’oreillette du communiqué de presse qu’ils ne sont pas définitifs, ce que je leur souhaite.

Pas mécontent d’être de l’autre côté de la porte

Publié par Binary Haze Interactive, un éditeur japonais dont c’est le premier jeu, je tenais à préciser qu’ENDER LILIES propose une traduction française, de bonne qualité de surcroit. L’accès anticipé ne propose qu’une demi-douzaine de boss et tout de même plus d’une vingtaine de tableaux, ce qui correspond aux trois premiers niveaux. Dans l’état actuel, je dirais qu’il faut être conscient que malgré l’enrobage réussi et travaillé (en dehors donc des bruitages), le cœur du jeu n’est ni révolutionnaire ni même très profond.

Les points de sauvegardes sont des bancs, des lits, des chaises, et celui-ci est particulièrement accueillant

J’ai joué récemment au remake de Wonder Boy: The Dragon’s Trap, et j’y ai trouvé plus d’idées de gameplay. ENDER LILIES est finalement un plateformer assez basique. J’ai fini par chasser les boss en traversant les niveaux au plus vite, fuyant ces combats chronophages et sans intérêt contre ces ennemis qui repoppent à chaque fois qu’on sauvegarde.

J’attends de voir ce que va proposer la suite du contenu (au delà des cinq niveaux supplémentaires annoncés), mais je n’ai pas trop d’espoirs que cette partie du gameplay évolue, alors sachez où vous mettez les pieds pour ne pas repartir frustrés en pensant y trouver quelque chose de plus subtil. Les combats contre les boss sauvent bien l’ensemble mais c’est à garder en tête avant de claquer les 20€ demandés pour les cinq heures de jeu accessibles à l’heure où j’écris ces lignes.

Genre : Metroidvania à la mode Dark Fantasy

Site officiel

Editeur : Binary Haze Interactive

Plateforme : Steam (sera disponible également sur toutes les consoles)

Prix : 19,99€ sur Steam

Date de sortie en Early Access : 21 janvier 2021

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.