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Tiny Thor

« Tiens tu tombes bien toi ! » C’est toujours très mauvais signe quand Harvester vous interpelle. Il n’y a pas 36 solutions, soit vous avez fait une connerie, soit il veut vous refiler un travail à faire. Mais voyez plutôt : « Je n’ai personne sous la main pour tester Tiny Thor, et je me suis laissé dire que c’était tout à fait ton genre de jeu », me lança-t-il en ce beau matin caniculaire de printemps.

« Heu non, mais moi tu sais les jeux de plateforme c’est pas… », essayais-je de répondre.

« Mais si voyons ! Et puis c’est sympa comme tout ! Ça se passe chez les Vikings, tu aimes bien ça les dieux nordiques et tout le bordel », renchérit-il de sa voix enjouée.

« Ben c’est-à-dire que pas spécialement, moi tu sais les vikings c’est pas trop mon… », tentais-je vainement.

« Bon et bien parfait, tu me testes ça pour la semaine prochaine, et puis de toute façon j’ai que toi là », conclut-il en me fourrant le jeu dans les mains. « Allez, amuse-toi bien, heureux homme ! Moi je retourne jouer à Diablo IV, je l’ai reçu avec ma Nvidia RTX4090 », ajouta cet impitoyable bourgeois.

Et c’est comme ça que je me suis retrouvé à faire le test de ce jeu de plateforme retro mais néanmoins avenant. Alors faisons contre mauvaise fortune bon cœur et voyons un peu ce qu’il a dans le ventre.

Le Thor-ment des jeunes années

Le jeu commence à l’anniversaire du dieu Thor, ou plutôt de l’enfant de 8 ans qui va devenir le dieu du tonnerre bien connu des fans de mythologie et de Marvel. Son papa (Odin, qu’on surnomme « Le Borgne », voire « Neunoeil » quand on est ivre) lui offre un joli marteau qui rebondit et virevolte quand le petit Thor l’envoie valser (le marteau, pas Odin, essayez de suivre). Puis le père, probablement occupé à des tâches plus sérieuses comme scier du bois ou faire une sieste, dit à son rejeton blond d’aller se faire pendre ailleurs et d’explorer la région, ça lui fera des aventures.

Voici donc notre jeune Thor, accompagné par son fidèle marteau et sa bonne humeur, qui part à l’aventure dans un décor en pixel art de fort belle facture. Il rencontrera en chemin un mystérieux enfant qui l’enverra affronter diverses bestioles plus dangereuses les unes que les autres. Le héros blond, et un peu niais, n’y verra pas malice et s’empressera de parcourir le monde pour éliminer toute la faune locale à grand coup de masse dans la tronche. S’en suivra tout un tas de péripéties, prétexte et habillage pour un gameplay d’hommage aux années 90, ciselées avec soin.

A Thor et à cris

Le jeu est un plateformer tout en 2D et en scrolling horizontal. Thor peut sauter sur la tête de ses ennemis pour les éliminer, comme un bon petit Mario, il peut aussi balancer son célèbre marteau qui aura, entre autres, le même effet. Au fur et à mesure de la progression, on gagnera des capacités (double saut, plus de dégâts, etc.) pour soi, mais également pour Mjölnir (c’est le nom du marteau). Dans tout bon jeu de plateforme moderne il faut ajouter un peu de Castelvania. Tiny Thor n’échappe pas à la règle et nous permet parfois de retourner chercher quelques gemmes inaccessibles dans les précédents niveaux.

La carte, très belle et détaillée, vous rappellera les meilleurs plateformer-action des années 90 comme Ghost’n Gobelin ou Donkey Kong Country. Vous progressez de niveau en niveau, de biomes en biomes, tout en collectant différents types de récompenses (les gemmes rouges, 3 par niveau, et les gemmes bleues, au nombre variable). À l’instar d’autres jeux du même genre, des niveaux alternatifs peuvent se débloquer au cours de votre progression, vous offrant alors d’autres bonus. Petite mécanique de gameplay rarement vue ailleurs : vous pouvez, quelque part dans le niveau (souvent pas loin du début), récupérer un coeur. Ce dernier fonctionne comme le champignon de Mario et vous autorise à être touché une fois de plus. Si cela arrive, il sort de vous et se balade sur l’écran. Vous avez alors entre 6 et 9 secondes pour le récupérer. Sans ce coeur, le moindre contact signifie la mort et vous recommencez au dernier point de contrôle.

À la fin de chaque groupe de niveaux, vous affrontez un boss. Là encore le jeu a fait le choix de la barre de vie, qui nécessitera plusieurs coups de marteau pour en venir à bout, et de phases (en général 4) où les patterns changent. La plupart d’entre eux vous demanderont d’appliquer ce que vous aurez appris précédemment. S’il n’y a pas à proprement parler de routes alternatives, la rejouabilité du titre est assurée par la collection des gemmes, le timing et les niveaux cachés.

Mjölnir montant, mais oui madame

Techniquement le jeu est très propre. Les commandes répondent au doigt et à l’oeil. Vous pouvez jouer au pad, ou au clavier si vous êtes un grand malade. Le jeu demande de la précision, surtout dans les sauts ou les doubles sauts, mais reste tolérant sur certaines actions. Les ennemis sont variés, même s’ils restent classiques. Abeilles tueuses, guerriers casqués, serpent venimeux, plantes carnivores, Tiny Thor convoque l’ensemble des jeux de plateforme de ces 40 dernières années.

Toutefois, la grande star et l’originalité de ce jeu sont sans nul doute l’utilisation de Mjölnir, le marteau légendaire. En effet, ce marteau a plusieurs caractéristiques. Vous pouvez le lancer aussi loin que vous le voulez, il reviendra toujours dans votre main. Soit de lui-même, soit en appuyant sur un bouton. Au moment de son « rappel », il devient immatériel et passe donc à travers les obstacles sans faire de dégâts (ceci pourra être modifié par la suite). Enfin, Mjolnir rebondit. Mais il ne se contente pas uniquement de ça, ce serait trop simple. Quel que soit le lancé, il ne perd aucunement sa force de rebond. Il se transforme donc en boule de billard, ramassant les gemmes et détruisant les ennemis sur son passage.

La mécanique du marteau sera utilisée tout au long de l’aventure, permettant de régler les affrontements, mais également de résoudre quelques puzzles venant émailler la progression. Que ce soit pour pousser des caisses, déclencher des trampolines, dégager le passage ou actionner des interrupteurs, Mjölnir est un véritable objet à tout faire et, de ce fait, votre meilleur allié. Là encore, les contrôles sont particulièrement agréables et bien pensés pour avoir le maximum d’efficacité. Après une petite période d’adaptation, le marteau vous sera tellement utile qu’il vous manquera quand vous aborderez d’autres jeux du même type. Si ça, ce n’est pas un gage de qualité !

Le Thor, haut, par les cornes

Du pixel art 16bits de qualité qui fleure bon la nostalgie, un gameplay qui demande de la précision, mais qui n’est pas non plus (trop) punitif, une excellente jouabilité au pad, des puzzles qui demandent un peu de réflexion et une utilisation amusante et originale du marteau, il n’en fallait pas plus pour que ce jeu, malgré mes réticences initiales, m’emmène dans son univers tout au long de sa trentaine de niveaux découpés en trois mondes distincts.

Alors oui c’est dur, oui j’ai vraiment pesté devant certaines situations, et oui la musique (d’époque elle aussi tellement elle n’a aucun rapport avec l’action) a été coupée assez rapidement (par contre, gardez les sons, ils sont très sympas). Mais au final, j’ai passé un très bon moment en compagnie de ce mini-thor et de son univers mythologique de poche.

Si vous êtes en manque de jeux de plateforme à l’ancienne, difficiles, mais suffisamment bien fichus pour vous faire dire « allez, j’essaye encore une fois », alors Tiny Thor est pour vous. Son prix, tout à fait raisonnable de 20€, finira de vous convaincre.

Genre : Plateforme-Action, Retro

Développeur : Asylum Square

Editeur : Gameforge 4D GmbH

Date de Sortie : 5 juin 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.