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Varney Lake

Ah, l’été, adolescent, à la campagne. Les jeux entre amis, les premières amourettes, les soirées sans fin à observer le ciel, les films d’horreur regardés en cachette, les rencontres avec un vampire…

Varney Lake nous emmène dans ce territoire propice aux histoires fantastiques, la campagne américaine, popularisée par de nombreuses œuvres de ciné et de télé, de Ça à Stranger Things en passant par E.T. et les Goonies. On y retrouve Jimmy, Christine et Doug, un trio d’ados qui a formé le club des enfants uniques.

Un peu à part, plus incompris que rejetés, ils se retrouvent pour partager un dernier été aussi tragique qu’inoubliable. A travers les regards de Jimmy et Christine, accompagnés de Doug, on suit donc leurs aventures dans ce coin paumé où ils passent leurs vacances.

Contrairement à Mothmen 1966 dont Varney Lake est la suite indirecte (je vous invite à lire mon article pour savoir de quoi il retourne), l’ambiance est d’abord ensoleillée. Bien que la tension ne soit pas absente de leurs relations, sans compter la présence des petites brutes qui les harcèlent dès qu’ils en ont l’occasion.

Doug, un brin immature, invente des jeux, Christine pense à son petit-ami et Jimmy n’ose pas lui avouer ses sentiments. Mais l’ambiance va soudainement prendre une autre tournure au détour d’une rencontre avec un vampire qu’ils vont sauver des mortels rayons du soleil.

Se retrouver soudain en 1981 sous la pluie nocturne dans un café sordide en compagnie de Lou, l’écrivain qui racontait l’histoire dans Mothmen 1966, est une surprise aussi sympathique qu’inattendue.

On va donc revivre avec Jimmy et Christine désormais adultes, sous la forme d’aller-retours entre 1954 et 1981, leurs souvenirs et traumas, servis par une écriture de qualité et de plus très bien traduite en français.

Le style graphique radical des Pixel Pulps proposés par LCB Game Studio fonctionne toujours aussi bien pour retranscrire l’ambiance de chaque scène, passant de l’insouciance à l’horreur d’un savant dosage de couleurs, pourtant tirée d’une palette volontairement limitée.

Mais Varney Lake n’est pas qu’une copie de la formule du premier titre du studio appliquée à une autre histoire. L’horreur y est déjà bien moins présente à l’écran ; bien que des évènements tragiques aient eu lieu cet été là, nous n’en serons qu’auditeurs du récit qu’en feront Jimmy et Christine et non plus acteurs comme dans Mothmen.

Cela crée un décalage, non dans l’implication émotionnelle du joueur, mais sur le gameplay. Le format est celui d’un visual novel assez classique, entrecoupé de mini-jeux.

S’il était nécessaire de les réussir pour survivre et progresser dans Mothmen, dans Varney Lake ils ne sont là que pour participer à l’ambiance et sont tout à fait optionnels.

Ils ne sont pas dépourvus d’influence sur le récit, mais vu l’ergonomie toujours aussi discutable de l’interface, je n’ai que rarement poussé l’expérience aussi loin que le jeu le demandait.

Je pense par exemple à ce jeu de course de dés (au concept intéressant) qu’il faut répéter un grand nombre de fois pour atteindre l’objectif que se sont fixés les jeunes, que j’ai vite abandonné vu sa répétitivité et le nombre décourageant d’actions nécessaires.

S’il est moins linéaire que Mothmen, du moins au début de l’aventure, le gameplay laisse un goût d’inachevé avec ces mini-jeux laborieux qui s’apparentent plus à du remplissage.

Et c’est dommage, parce que l’ambiance colle parfaitement au récit que j’ai dévoré. Sans être une véritable suite à celui de Mothmen 1966, on y retrouve quelques références et personnages qu’on comprendra seulement si on y a joué.

Si la direction artistique de LCB Game Studio me plait toujours autant, je regrette donc certains choix de gameplay qui ne servent pas le récit aussi bien que dans leur jeu précédent, et j’attends maintenant Bahnsen Knights, la prochaine aventure de la trilogie des Pixel Pulps, de pied ferme.

Genre : Fiction interactive

Développeur : LCB Game Studio

Editeur : Chorus Worldwide Games

Plateforme : Steam

Prix : 8,99€

Disponible en version française

Date de sortie : 28 avril 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.