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Mothmen 1966

Disclaimer : non, je n’ai pas l’intention de vous infliger le jeu de mots « mochemen » dans cet article. Ah, zut, trop tard.

Des jeux d’aventure, j’en ai vu de toutes sortes ; des colorés, des dérangés, des joyeux, des faciles, des généreux, des linéaires, des inventifs et quelques chefs d’œuvres. Mais Mothmen 1966 sort du lot.

Je ne pensais pas voir en 2022 une telle prise de risques graphique. La direction artistique est retournée dans les années 80 avec une palette de couleur limitée au vert, au rouge et aux nuances turquoises.

J’aime beaucoup le pixel art, mais là ça pousse le bouchon. On n’est pas loin du rendu CGA, ce qui devrait parler aux plus vieux. Et malgré ça, il parvient à garder une cohérence et une lisibilité inattendue.

Nos yeux maintenant habitués, revenons au sujet. Dans Mothmen 1966, on va suivre Victoria, Holt, Lee et Lou, dans une aventure plongée dans la mélancolie, avant de basculer dans l’horreur pulp d’un mythe très américain, celui du Mothman.

Ces êtres cauchemardesques sont apparus dans les récits qu’on se raconte au coin du feu après les témoignages de différentes personnes qui ont déclaré en avoir vus entre 1966 et 1967 en Virginie Occidentale.

Décrits comme des créatures aux yeux rouges, dotés d’ailes et attirés par la lumière, ils ont pénétré le folklore et la culture des USA, et au lieu de leur première apparition se déroule même un Mothman Festival annuel. Oui, j’ai lu la page Wikipédia.

Mothmen 1966 est une libre adaptation de cette nuit de Novembre 1966, proposant une explication, mélangeant mythologie et astrologie, à leur apparition. Et pas seulement à celle des « hommes-mites ».

Racontée par Lou, l’écrivaillon du coin, ce conte qui remonte à l’aube de l’humanité va rythmer les chapitres qui s’enchaînent en changeant de protagoniste. Notons au passage que Mothmen 1966 dispose d’une traduction en français (même si j’ai surtout joué sur la version anglaise).

Cette alternance de points de vue est une bonne idée de narration, elle nous permet de mieux nous attacher aux personnages, à leurs motivations, à leurs réactions. Mais nous sommes dans un jeu vidéo, et il va falloir s’intéresser au gameplay.

C’est là que je suis plus partagé. On retrouve le même minimalisme que dans les graphismes, avec une trame linéaire ponctuée de puzzles. Un échec, et c’est le game over.

Ils sont heureusement vite résolus, aidés en cela par le fait de revenir juste avant la « mauvaise » décision à chaque défaite. Mais on a peu d’indices sur ce qu’il faut faire et la plupart devront être « brute forcés » à coups d’essais / erreur.

De mon point de vue, le scénario reprend le dessus et fait passer la pilule, mais il faut tout de même mentionner l’interface qui date environ du Moyen-Âge.

Pensé pour une interface textuelle, la souris ne sert qu’à choisir entre différentes propositions. Vous n’irez jamais cliquer sur un élément de décor ou un pixel.

Et la couleur est annoncée dès la première interaction, lorsqu’on doit ranger des boites sur des étagères. Il faut d’abord choisir l’objet, puis l’étagère, puis l’emplacement sur l’étagère, en multipliant les clics.

Impossible d’expédier la tâche d’un cliquer / déplacer salvateur. Pareil lorsqu’on joue au Solitaire (oui, comme dans les jeux Zachtronics, il y a un Solitaire, mais celui-ci est une torture). De quoi gentiment péter un câble.

Et pourtant, j’ai beaucoup aimé la proposition de Mothmen 1966. Le scénario, la musique (elle aussi tout droit sortie des années 80 avec ses bips), la tension, la mort qu’on va rencontrer maintes fois…

Et surtout cette fin post générique qui vient conclure en beauté l’aventure. Je n’en attendais rien, je craignais la blessure oculaire, j’ai cru que j’allais rage quit devant l’absence d’ergonomie de l’interface, mais j’ai été bluffé par la cohérence des personnages et la qualité de l’ambiance.

Très court (je l’ai terminé en une paire d’heures, en passant un peu de temps sur le Solitaire), ce jeu des Argentins de LCB Game Studio est le premier d’une série nommée Pixel Pulps.

Le second s’appellera Varney Lake, est annoncé pour cet automne. Après le Mothman, ils s’attaqueront au mythe du vampire, et j’ai hâte.

Genre : Aventure Pulp

Développeur : LCB Game Studio

Editeur : Chorus Worldwide Games

Plateforme : Steam (est également sorti sur Switch, XBox et Playstation)

Prix : 7,99€

Date de sortie : 14 juillet 2022

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.