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Uragun

J’ai un souci avec Uragun. Mon éthique de chroniqueur jeux vidéo (si, si, je vous jure que ça existe) est clairement mise à mal par cette production indépendante qui coche toutes les cases du Twin stick shooter mais qui oublie, en cours de route, de se forger une identité propre.

Si je devais choisir d’illustrer le terme avec un jeu générique, c’est probablement à lui que je penserai. Je m’explique ! Dans Uragun, vous jouez le rôle d’une IA qui a perdu son pilote et qu’il recherche désespérément. Vous êtes donc une sorte de ChatGPT qui pèse 6 tonnes et ressemble à un Mech tout droit sorti de Super Fortress Macross (vous savez, ce truc américain vraiment génial qui a été retapé n’importe comment par les américains…).

Visuellement, c’est sympathique mais ça manque un peu d’identité

Fraîchement éveillé, vous découvrez que vous avez été largué sur une planète hostile et que votre brave pilote est aux abonnés absents. Bien évidemment, votre premier objectif sera de mettre la main sur l’élément humain, histoire de prendre des décisions encore plus irrationnelles.

Le jeu consistera donc à progresser sur une carte divisée en de multiples zones peuplées, bien évidemment, d’adversaires robotisés éminemment agressifs et quelque peu chafouins (un peu comme une joyeuse bande de jeunes sous contrat d’insertion rencontrée dans le 93, passé les deux heures du mat,).

La meilleure technique : la fuite stratégique

Histoire de commencer gentiment, les premières zones consisteront en un tutoriel déguisé destiné à vous apprendre les bases du fonctionnement de votre mecha, lequel est capable de sauter et d’effectuer des dash (oui monsieur Toubon, il s’agit bien de d’esquives rapides) qui, ultérieurement, vous sauveront la mise.

Si les tous premiers niveaux consacrés à la découverte de votre robot se déroulent sans armement, vous mettrez rapidement la main sur une Gatling (AKA grosse méchante mitrailleuse. Allez donc relire Outlaw dans la série Les Tuniques Bleues) puis sur des missiles qui vous permettront de ramener à la raison les mécréants qui souhaitent empêcher de belles et joyeuses retrouvailles avec votre pilote.

Vous aurez alors rapidement l’occasion de découvrir le type d’adversaire qui va régulièrement se mettre sur votre chemin et qui va de la Horde robotisée, rapide mais faible, aux monstres métalliques surarmés en passant par les miradors lourdement équipés. Soyons clairs, le bestiaire n’est pas ultra varié.

La progression ne sera pas de tout repos et se trouvera, régulièrement, entrecoupée de séquence de combat contre des boss parfois assez coriaces. Heureusement, votre mecha sera customisable (dès le premier retour ad patres à la base) et la progression dans le jeu permettra de débloquer de multiples bonus susceptibles d’améliorer vos chance de survie.

A noter également l’existence d’une attaque de zone, parfois bien pratique pour calmer les petits salopards robotisés qui vous harcèlement en bande organisée ainsi qu’un super pouvoir qui décuple, très provisoirement hélas, votre puissance de tir et votre vitesse. Du classique donc, mais du classique bien exécuté.

Les graphismes, bien que peu détaillés, restent très agréables à l’œil malgré un aliasing un peu prononcé même dans les plus hautes résolutions, les commandes sont très réactives et le mecha répond au doigt et l’œil.

Enfin, les sensations de tir sont bonnes et les séquences de combat sont -heureusement- fluides et dynamiques. A noter que le jeu tente quelques pointes d’humour, pas forcément malvenues, dans ce genre de softs via les mises à jour de l’humeur de l’IA. Alors, il est où le problème ?

Le dash permet de passer à travers certains obstacles. Oui, très exactement comme cette porte blindée

Le problème, cher Monsieur, ou chère Madame, est justement que le jeu, aussi plaisant soit-il, reste quand même étonnamment générique. C’est tout à fait le type de jeu auquel vous jouerez avec plaisir mais que vous aurez oublié aussi sec quelques jours plus tard.

A la question posée par mon rédac chef du futur au Baalim du futur en 2033 : « Hey, tu te rappelles de ce jeu mythique sorti en 2023 ?« , Je suis à peu près certain qu’il/je/nous ne pensera/penserai/penserons (nous sommes plusieurs dans ma tête du futur et ça rend la syntaxe compliquée) pas à Uragun.

Le stand de tuning et le hub central du jeu.

Du coup, comment justifier l’achat d’un titre certes plaisant mais qui manque de personnalité et d’un grain de folie quand il existe des alternatives autrement moins chères ou plus survoltées comme Nuclear Throne, Nex Machina ou Enter The Gungeon ?

Bref, nous sommes ici face à un élève appliqué et compétent mais qui se contente de ressasser les bases sans pour autant chercher à faire avancer le Schmilblick (oui, je suis conscient d’avoir perdu tous les lecteurs de moins de 30 ans avec cette référence de boomer).

Copie correcte mais élève qui peut manifestement mieux faire. A vous de voir si la gâchette vous démange suffisamment pour vous délester de la quinzaine euros demandés par Kool2Play. En tout cas, une chose est sure : Uragun, sorti le 30 mars dernier sur steam, ne mérite clairement pas de se retrouver plus de deux semaines plus tard sans la moindre évaluation.

Genre : Twin stick shooter / arena shooter
Développeur : Kool2Play
Editeur : Kool2Play
Prix : 14.99 €
Date de sortie : 30 Mars 2023
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.