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Naheulbeuk’s Dungeon Master

J’ai beaucoup aimé le jeu de rôles basé sur le Donjon de Naheulbeuk, l’Amulette du Désordre lorsqu’il est sorti il y a trois ans. La franchise était très bien exploitée, le jeu très plaisant et on vivait une aventure aussi idiote que prévu. C’est pourquoi lorsque Naheulbeuk’s Dungeon Master a pointé son nez je me suis frotté les mains.

Les développeurs étaient les mêmes, ils avaient enfoncé le clou avec un très bon DLC, sorti un agréable Forgotten City, les sorties en jeux du genre assez rares et j’étais en manque d’humour idiot malgré la présence de Cekter dans les couloirs de la rédac’.

Et à me lire, vous vous dites que si je précise tout cela, c’est que je suis tombé de ma chaise, que le jeu est nul et que vous allez vous le faire rembourser dès maintenant. Que nenni mes amis, retenez donc ce mulot rageur et laissez-moi vous présenter Naheulbeuk’s Dungeon Master.

Plutôt que de partir à l’aventure de sombres donjons pour y gagner gloire et fortune, Naheulbeuk’s Dungeon Master nous propose plutôt de latter tous ces sagouins d’aventuriers qui viennent saloper votre beau donjon et, si vous avez le temps, de faire la une des magazines spécialisés.

Et oui, changement de cap avec cette production, vous êtes maintenant devant un Dungeon Keeper-like comme… Dungeons pour ne citer que le plus connu et récent. Dont le quatrième vient de sortir, tu parles d’un sens du timing.

Vous allez donc devoir développer un joli petit donjon de manière tout à fait classique et construisant des piaules, cuisines, salles à manger et autres salles d’entraînement pour vos sbires afin de les rendre heureux. La campagne permet de gentiment débloquer tout cela petit à petit, en expliquant de manière… un peu bancale tout ça.

Heureusement, le gameplay ne se limite pas à cela et il faudra aussi être capable de mener des raids pour piller vos voisins et concurrents. Qui ne se priveront pas de vous attaquer en représailles. On s’amuse donc à débloquer les étages du donjon, ajoutant ici une prison, là des toilettes avant de s’apercevoir que bonnes et mauvaises idées se bousculent un peu.

Commençons par les bonnes choses : l’univers est une fois de plus respecté, l’humour idiot est toujours présent et on s’amuse à écouter les sbires vaquant à leurs occupations. Techniquement c’est propre et fluide et les musiques, sans être fabuleuses, sont agréables. Pour un DK-like c’est propre, les sbires sont variés de part leurs races mais aussi emplois.

Voir des Nains se joindre à toutes les grèves possibles (parce que bon, ce sont des chieurs, rappelez-vous !), des Elfes se plaindre de la saleté des toilettes réservés aux Peaux-Vertes ou écouter vous conseillers se disputer est un plaisir et il y a toujours un petit détail à remarquer ou une réplique bien placée qui fuse. Il n’y a pas à dire, les développeurs ont bien étudié le genre.

Cependant, il y a pas mal de points noirs qui me font hésiter. Si la gestion est assez simple, les sbires ont des besoins qu’il faut combler, l’implémentation de ceux-ci est un peu bancale. Ils vont en effet passer de heureux à grévistes ou démissionnaires très vite sans que l’on sache toujours pourquoi. Ils se plaignent de ne pas être payés ? La salle du trésor est deux couloirs plus loin. Pareil pour la propreté des pièces : ils s’entêtent à aller dans une pièce qui ne leur est pas destinée.

Alors on assiste, impuissant, à des vagues de départ. On ne comprend pas vraiment ce qui ne va pas, il n’est pas possible de garder certains écrans ouverts, comme les notifications. Il faut donc cliquer, beaucoup, partout, dans une interface qui gagnerait à être simplifiée. On essaie de regarder partout à la fois, on n’y arrive pas, on s’énerve un peu et on embauche simplement de nouveaux sbires.

On râle aussi sur l’IA. Des aventuriers pénètrent dans votre donjon sans déclencher d’alarme ? Ils pourront massacrer vos sbires un à un alors qu’il faudrait qu’ils arrivent tous en même temps. C’est frustrant.

La construction n’est elle aussi pas exempte de défaut, du fait encore une fois d’outils pas toujours pratiques. Il est heureusement possible de déplacer des salles entières sur d’autres niveaux. C’est d’ailleurs un point qui n’est pas vraiment abordé dans le tutoriel : vaut-il mieux des salles gigantesques ? Ou plein de petites disséminées ici et là ?

Naheulbeuk’s Dungeon Master a, comme vous pouvez le constater, de nombreux défauts. Mais heureusement ce sont des défauts qu’il est facile de corriger avec quelques lignes de code. Enfin je dis ça et peut-être qu’ils vont y passer deux mois sans dormir… Toujours est-il que les fondations du jeu sont saines et qu’il faut un sacré coup de polish pour que le titre soit exempt de toute frustration.

En l’état, Naheulbeuk’s Dungeon Master est une expérience en dents de scie. Avancer dans la campagne est très agréable, les dialogues sont croustillants et le rythme tranquille, nous permettant de faire mumuse.

Cependant, le manque de clarté de certains mécanismes, l’idée idiote de devoir passer deux plombes à décorer CHAQUE PIECE pour faire monter le Prestige (sérieux il faut arrêter avec l’omniprésence et l’importance de la déco dans les jeux du genre) et la sensation, quand ça part en vrille, que l’on ignore pourquoi vont me pousser à vous conseiller d’attendre un peu avant de vous lancer.

Le prix est rikiki et le jeu sera sûrement fantastique mais… dans quelques mois. Dans quelques patches. Et surtout, Dungeons 4 vient juste de débarquer sur mon disque dur et je suis plutôt confiant, ayant adoré les précédents.

Donc oui, gardez Naheulbeuk’s Dungeon Master en haut de votre wishlist, surtout si vous êtes fan de l’univers. Mais laissez-lui le temps de gagner un peu en maturité.

Genre : Dungeon Keeper like

Développeur : Artefacts Studio

Editeur : Dear Villagers

Date de Sortie : 15 Novembre 2023
Site officiel

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...