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Three Minutes To Eight

J’aime les jeux basés sur les boucles temporelles. Que ce soient des petits jeux qui bouclent à une minute, ou ceux plus ambitieux qui bouclent en quelques heures ou en quelques jours. Three Minutes to Eight fait partie de cette longue liste de jeux tels que Minit, Zelda – Majora’s Mask, Night Loops, Outer Wilds, j’en passe et des meilleurs. Je suis un très gros client de ce genre de proposition. Je n’en connais pas réellement les raisons, mais j’aime me plonger dans ces jeux où l’on progresse pas à pas, méthodiquement, dans une routine qui semble aliénante mais où chaque détail, chaque nouvelle expérimentation va nous permettre d’avancer un peu plus, jusqu’à ce qu’on découvre enfin quoi faire pour s’en libérer dans un moment tout aussi court mais grandiose. Three Minutes to Eight est un jeu basé sur cette même idée de boucle temporelle. Il a étrangement choisi la voie du Point&Click pour nous permettre de l’explorer.

Mais voici que j’aperçois la fin du paragraphe…

Bis repetita

J’aime les jeux basés sur les boucles temporelles. Que ce soit des petits jeux qui bouclent à une minute, ou ceux plus ambitieux qui bouclent en quelques heures ou en quelques jours. Three Minutes to Eight a choisi de boucler en 24 minutes. En effet, vous commencez votre aventure à 19h33 et vous la finirez, quoi qu’il arrive, à 19h57. D’où le titre, oui bravo.

Donc, vous vous réveillez à 19h33, et un peu désorienté, de ce qui semble être une sieste. Vous êtes sur votre canapé et on sonne à l’interphone. Vous allez répondre et, dans un magnifique clin d’œil à Lost Highway de David Lynch, une voix bien familière vous annonce que la fin du monde approche et que seul vous pouvez l’empêcher. Diantre ! Il est déjà 19h34 ! Comme le temps file, et si on allait acheter à manger ? Oui, mais pour ça, il faut sortir de l’appartement et notre personnage ne sait pas où il a mis ses clefs.

Je ne vais évidemment pas aller plus loin dans le « pitch » de l’aventure, la découverte, les essais et les erreurs font partie intégrante du plaisir de ce genre de jeu. Je peux toutefois vous donner un contexte : notre héros habite dans une ville clairement rétrofuturiste aux accents cyberpunk et où il pleut tout le temps. Oui, comme dans Blade Runner et oui, c’est encore une référence cinématographique. J’espère que vous aimez ça parce qu’il y en a tout du long.

Il y a beaucoup, beaucoup de clins d’œil dans ce jeu. Que ce soit des personnages, des situations, des allusions, le jeu fourmille d’easter eggs. Il y a aussi de plus ou moins subtils changements entre chaque run, ce qui nous oblige à encore plus d’attention aux détails. Les découvrir fait évidemment partie du plaisir de jeu, c’est pour ça que je ne m’étendrais pas.

Surtout qu’on arrive en fin de paragraphe…

Bis repetita

J’aime les jeux basés sur les boucles temporelles. Que ce soit des petits jeux qui bouclent à une minute, ou ceux plus ambitieux qui bouclent en quelques heures ou quelques jours. Three Minutes to Eight a pris le parti de l’aventure Point&Click époque Lucasart. Ce style d’aventure implique de longs textes à choix multiples mais également une fouille minutieuse de chaque lieu. Il était donc impossible pour les créateurs de concevoir un temps réel, les 24 minutes disponibles auraient filé beaucoup trop vite.

Ils ont donc trouvé une solution élégante (et j’aime les solutions élégantes) : tant que votre personnage reste dans une « pièce » (à comprendre au sens large, ça peut être une pièce de son appartement, mais également la rue dans son ensemble ou juste l’ascenseur) le temps est figé. Vous pouvez donc explorer la zone à loisir, parler avec des gens, revenir sur vos pas, commenter chaque objet, etc. Au passage, le click droit sert à regarder et le click gauche à interagir. Je vous avais dit qu’on était dans du classique.

Si par contre, vous changez de zone, alors le temps avance d’une minute ou deux. Ainsi passer de votre appartement à la rue vous coûtera de 3 à 5 minutes (voire plus si vous explorez toutes les pièces de votre taudis). Comme vous vous en doutez, revenir sur vos pas sera littéralement une perte de temps, malheureusement souvent nécessaire. Toujours dans le style Lucasart, vous avez un inventaire où vous rangez vos improbables trouvailles (allant de votre porte-feuille à une ventouse ou un taser) et un carnet de notes qui vous servira de repère en notant vos réflexions. Bien évidemment, tout ceci sera remis à zéro à chaque boucle. Enfin, pas tout à fait. D’une part, vous aurez le droit de conserver un objet de votre précédente run ; d’autre part, certains objets majeurs dans la progression resteront également présents dans votre inventaire.

C’est déjà la fin du paragraphe et je n’ai pas eu le temps de…

Bis repetita

J’aime les jeux basés sur les boucles temporelles. Que ce soit des petits jeux qui bouclent à une minute, ou ceux plus ambitieux qui bouclent en quelques heures ou quelques jours. Si chaque jeu propose un environnement graphique différent, allant de la 2D en noir et blanc très simpliste à des simulations 3D détaillées et complètes, Three Minutes to Eight a choisi une représentation en fausse 2D de type pixel-art, mais avec du voxel et des effets de lumière partout. C’est moderne, c’est beau et, pour peu qu’on soit sensible au genre, on en prend plein les yeux.

Le sound-design est lui aussi de très bien choisi, que ce soit le bruit de la ville, de la pluie, des différents éléments de décors, il donne une présence à l’ensemble. La musique est discrète, mais sait se faire entendre quand il le faut, pour souligner un événement par exemple. On pourra noter, en point négatif, des petites erreurs de mixage entre les voix et la musique, mais rien de rédhibitoire. La jouabilité est fidèle à ses modèles : tout se fait à la souris. Les déplacements se font de droite à gauche de l’écran, avec scrolling horizontal s’il vous plaît (c’est le turfu). Combinaison d’objets, dialogues, choix multiples et logique claquée, l’hommage est vibrant et réussi.

Oh damn ! Il semblerait que ce soit la fin du paragraphe…

The end is nigh

J’aime les jeux basés sur les boucles temporelles. Que ce soit des petits jeux qui bouclent à une minute, ou ceux plus ambitieux qui bouclent en quelques heures ou quelques jours. Three Minutes to Eight entre complètement dans cette catégorie. Certes, l’histoire est un peu cousue de fil blanc mais son univers est tout à fait sympathique, ses easter eggs sont un réel plaisir à découvrir, sa réalisation est très bonne et le ton légèrement désabusé/fataliste du héros donne une saveur particulière à l’ensemble. Ce n’est en aucun cas un grand jeu, mais c’est un Point&Click charmant qui, pour une fois, ne donne pas envie de se défenestrer de désespoir en raison d’un propos trop dur (coucou Vlad Circus). Son prix est également tout à fait raisonnable (une quinzaine d’euros), ce qui est toujours une bonne nouvelle à mes yeux.

Cette fois, on est arrivé à la fin de l’article.

Genre : Boucle temporelle en pixel-art

Développeur : Chaosmonger Studio

Editeur : Assemble Entertainment

Date de Sortie : 23 oct 2023

Plateforme : PC, Mac

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.