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Stray Souls

Je vous pose la question par pure politesse, mais je connais déjà la réponse : avez-vous déjà vu des nanars ? Bien sûr que oui, on en connaît tous au moins un. Il y a même un site spécialisé qui en parle. Pour les deux du fond qui n’ont rien suivi, un nanar est un mauvais film, mais fait avec conviction, ce qui le rend sympathique, voire même attachant. Mal foutu, avec des situations absurdes, des dialogues abscons et une histoire tellement claquée au sol que l’ensemble en devient presque poétique. Et bien Stray Souls a tout pour devenir un vrai nanar du jeu vidéo. Sauf que…

Stray Souls se présente comme un survival-horror en vue TPS. Comme j’ai la flemme de paraphraser, je vais vous copier tel quel un extrait de la page Steam du jeu : « Faites l’expérience inédite de la peur à l’état pur avec la puissance brute combinée d’Unreal Engine 5 et de la technologie MetaHuman. […] Les éléments de gameplay, inspirés du combat d’horreur classique et à la précision « Souls-like », revisitent de manière moderne le genre horreur-action. »

C’est presque convaincant. Malheureusement, et pour citer le talentueux Boulet, « dur est le parpaing de la réalité sur la tartelette aux fraises de nos illusions ». Ou alors l’expérience de la peur, c’est quand on rigole beaucoup et qu’on se face palm… Mais voyez plutôt.

Tout commence quand notre héros (un post-ado qui ressemble à un acteur connu, mais en fait non) hérite de la maison de sa grand-mère (qu’il ne connaissait pas) dans un coin quelconque des USA. Des événements étranges vont lui arriver dès sa première nuit, ce qui le forcera à se poser plein de questions pertinentes et à prendre d’excellentes décisions. Bien sûr que non : il va se laisser porter par le vent en faisant des « oh, mais qu’est ce que c’est » et agir comme un imbécile.

Au cours des 5 pauvres heures que dure l’aventure, on passera de la maison hantée par une vieille peau (celle de l’affiche) qui joue à pick-a-boo en haut des escaliers (véridique), à une forêt mystérieuse dans laquelle on se perd (comme dans Blair Witch Project), puis à un cimetière avec des zombies (on n’était pas si perdu finalement), puis à un lac et puis encore un peu la forêt et une grotte et… Bref, vous l’avez compris, les situations et les endroits s’enchaînent, vaguement soutenus par un fil rouge totalement idiot.

Je vous livre quand même la scène qui m’a fait le plus me taper le front contre mon clavier (il y en a plein, mais celle-là est collector) : notre héros, dont c’est l’anniversaire (retenez bien ce point), vient de découvrir qu’il a une sœur. Ladite sœur, qui le draguait sur une appli de rencontre (oui oui), l’envoie faire je-ne-sais-plus-quoi dans la forêt. Forêt où il affronte des créatures monstrueuses qu’il dégomme avec un gros flingue qu’elle lui a confié (vous suivez toujours ?).

Il en sort enfin et là, surprise, il voit un feu d’artifice. Il appelle alors sa sœur grâce à son smartphone et la remercie pour cette magnifique surprise qui le touche beaucoup. Elle lui souhaite un joyeux anniversaire, il est ému, et le jeu continue…

Si vous avez trouvé ça débile et incohérent, sachez que tout le jeu est comme ça jusqu’à la fin. C’est totalement idiot et pas flippant pour deux sous. Le problème c’est que ce n’est pas un nanar non plus, car le jeu n’est à aucun moment sympathique. Il est juste nul.

Techniquement, il n’y a pas grand-chose à dire non plus. L’UE5 devrait faire des jolies images. Ici, il souligne surtout l’indigence de l’ensemble. Il y a des artefacts, des bugs absurdes (la lampe torche qui ne suit pas là où regarde le personnage, mais là où je pointe ma caméra), des problèmes d’éclairage et des variations aléatoires du son. Le personnage se tourne avec la légèreté d’un 38 tonnes.

Les animations de recharge du flingue « gèlent » parfois les ennemis, qui attendent donc que vous ayez fini pour continuer leurs attaques, ou pas. C’est la surprise (et ça a l’air de dépendre du type d’ennemi, je vous avoue que je n’ai pas creusé la question). Il y a des munitions et des postes de soin partout (littéralement tous les trois mètres) ce qui fait qu’on ne se sent jamais en danger et qu’on n’est jamais à court de munitions.

Je vous cite la description du jeu faite par les développeurs : « Le système de combat simplifié sans temps de chargement massif met l’accent sur l’élaboration de stratégies de combat élaborées et la gestion des ressources. » On a envie de rire. Ou de pleurer, c’est au choix.

Bref, rien ne va dans ce jeu. Il n’est évidemment pas flippant pour deux sous, et il est beaucoup trop poussif pour être intéressant. J’avais au moins espéré qu’il soit drôle malgré lui (le début donnait un peu d’espoir en ce sens.) mais même pas. J’avais juste envie que ça finisse, comme cet article.

P.S. Ah oui, il y a des énigmes aussi. Du même niveau que le reste donc.

Genre : Survival-Horror 

Développeur : Jukai Studio

Editeur : Versus Evil

Date de Sortie : 25 oct 2023

Plateforme : PC

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.