DystosealJeux vidéoJouer

Shardpunk: Verminfall

Comme tous les propriétaires esclaves de chats, quand je me pose devant l’ordi, je suis assailli par une meute qui demande exige des câlins. Mes maigres tentatives pour défendre mon espace genoutal se soldent par des échecs cuisants et je me retrouve à attendre qu’ils aient fini de se foutre sur la gueule pour que le vainqueur réquisitionne ma main gauche en ronronnant bien fort pour exprimer sa supériorité sur les autres poilus, mais surtout sur moi.

Me rappelant que le matin même, j’avais ramassé une offrande constituée d’une moitié de mulot ramené du jardin sur le carrelage de la cuisine (l’autre moitié ayant été astucieusement planquée sous le canapé du salon), j’ai lancé un jeu dans lequel on extermine des rats : Shardpunk: Vermintide.

Je le suivais depuis des années, son pixel-art aux animations soignées m’avait tapé dans l’œil. J’avais déjà testé la démo lors d’un précédent Steam Next Fest qui m’avait convaincu, et c’est tout naturellement que je me le suis procuré à sa sortie.

Requiem en rat mineur

L’univers Steampunk s’est transformé en post-apo avant même le début de l’aventure. Une invasion de rongeurs géants dressés sur leurs pattes arrières et armés de fusils a déjà ravagé la capitale du royaume. En infériorité numérique, les défenseurs étaient faits comme des rats.

A la tête d’une petite équipe de survivants, à travers les rues jonchées de cadavres, je vais tenter de rallier le palais, dernier espoir de l’humanité. On va y aller par étape, chaque niveau se terminant par un bunker dans lequel on pourra trouver un peu de réconfort et panser nos blessures.

Le système de jeu en tour par tour de Shardpunk: Verminfall est assez proche de celui des XCOM modernes, qui n’a pas ma préférence, mais dont les subtilités le rendent agréable à utiliser. Avec nos deux points d’action à chaque tour, on peut se déplacer, tirer parti du couvert offert par le décor, tirer, lancer une grenade… Le fait d’utiliser son arme ne termine pas le tour du personnage, on peut donc tirer plusieurs fois si on ne se déplace pas, et ça c’est déjà une grosse qualité.

Dans cet univers Steampunk, on n’utilise pas de munitions mais nos armes chauffent à chaque tir. On doit donc les ventiler régulièrement, ce qui sert de mécanique de rechargement. Mais il existe des moyens de prévenir la surchauffe pour dératiser sans risquer de voir notre pétoire nous sauter au visage.

Sauté de vermine à la vapeur

Chaque personnage dispose de capacités propres : un sniper qui a une plus longue portée et des bonus d’overwatch, une épéiste qui découpe du steak de rat à la chaine, un fan de Ash d’Evil Dead qui a monté une tronçonneuse sur son fusil…

Lors de notre progression à travers les ruelles dévastées, on ramasse des ressources bien utiles, des soins, des grenades, ou encore de quoi réparer l’automaton, un robot à vapeur qu’on doit à tout prix protéger puisque lui seul pourra sauver la situation. Il aura aussi son mot à dire en combat avec ses grenades incapacitantes ou sa capacité à refroidir les fusils de notre équipe.

Certaines actions d’éclat, que l’on découvre lorsqu’on les accomplit (tuer plusieurs rats d’une seule grenade, passer à deux doigts de la mort, frapper un même ennemi à distance et au corps à corps lors du même tour…) accordent des points de groupe qui nous permettent de débloquer d’autres capacités, bonus ou même nouveaux personnages qui seront disponibles lors de prochains runs.

La partie tactique de Shardpunk: Verminfall ne manque donc pas de subtilités ni de façon de faire évoluer notre arsenal pour faire face aux vermines qui ne manqueront pas elles aussi de devenir plus résistantes, plus retorses ou plus meurtrières.

Contemple l’envergure du rongeur

Les simples rats du début sont ainsi vite rejoints par des kamikazes qui portent des barils explosifs, de gros tanks bien pénibles avec leur sacs de points de vie, des assassins aux dagues meurtrières et autres toxiques qui lancent des nuages de poison.

Une fois atteinte la porte du bunker de fin de niveau, il faudra patienter quelques tours pour l’ouvrir (sauf à utiliser une ressource) et des vagues d’ennemis débarqueront pour nous empêcher de fuir.

Dans la sécurité du bunker, comme lorsqu’on campe dans Darkest Dungeon, vient le moment de panser nos blessures, d’affuter nos lames, de crafter quelques grenades et stimpacks, et aussi de faire redescendre le stress accumulé lors des combats qui peut faire paniquer nos troupes au pire moment.

On continue ensuite notre chemin sur une petite carte (avec deux embranchements seulement, le choix est limité) jusqu’à la fin du chapitre où nous attend un combat différent, avec un objectif qui apporte un changement bienvenu et une difficulté bien supérieure.

Si la narration n’est pas le point fort de Shardpunk: Verminfall, elle est distillée par petites touches à travers des cinématiques ou quelques évènements. Ce sont plutôt les décors que l’on traverse qui racontent le mieux cette cité autrefois florissante et aujourd’hui dévastée dont les habitants ont été massacrés.

Le doux parfum du rat crevé au petit matin

Si je devais exprimer quelques reproches à Shardpunk: Verminfall, ce ne serait donc pas sur les graphismes en pixel-art bien animés qui suintent la désolation avec brio. Ni sur l’ambiance sonore soignée, avec les pas lourds des rats tanks, les détonations des armes à vapeur ou la musique plutôt réussie.

Et encore moins sur la difficulté bien dosée, jamais insurmontable mais qui nous maintient dans un état d’urgence permanent en nous faisant ressentir que notre petit groupe est la proie et non le chasseur de ces hordes incessantes de rongeurs.

Mon unique remarque sur ce tactical en tour par tour avec quelques éléments de RPG et de roguelike portera sur la durée des missions. Atteindre la sortie avec notre groupe en vie nécessite de peser chaque déplacement avec attention, de prendre le temps de se mettre à couvert et de veiller à garder un membre de l’équipe en overwatch pour intercepter la vermine qui ne manquera pas de surgir de là où on l’attend le moins.

J’ai parcouru le jeu par sessions de deux heures (de quoi finir deux, voire trois niveaux), arrivant à saturation parce que si le gameplay s’étoffe au fur et à mesure, il est exigeant et chronophage. Mais sa solidité et la satisfaction qu’on obtient quand on parvient à s’extraire sans trop de dégâts me donnaient vite envie de continuer la dératisation.

J’ai atteint une première fin au bout de 13h de jeu, une durée de vie tout à fait raisonnable, surtout qu’elle est renouvelable. Je ne suis pas un complétionniste acharné, mais ayant débloqué de nombreuses capacités et personnages durant mon run, j’ai l’intention d’aller tester les nouveautés et accomplir toutes les actions qui accordent des points de groupe, preuve que j’ai pris mon pied dans Shardpunk: Verminfall, et que j’en redemande.

C’est sans hésitation que je lui colle un Dystoseal d’autant plus mérité qu’il s’agit du premier jeu de Clockwork Pile, studio polonais composé du dev solo Slawomir Brik. Même si je ne peux pas m’empêcher de penser que s’il y avait eu plus de chats dans cet univers, l’invasion des rats aurait été facilement repoussée.

Genre : Tactical en tour par tour

Développeur : Clockwork Pile

Editeur : Retrovibe

Plateforme : SteamGoG

Non disponible en français

Prix : 11,79€

Date de sortie : 13 avril 2023

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.