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Rollerdrome

Quand le studio britannique Roll7, qui a développé les jeux de skate OlliOlli et le jeu de combats en arène Laser League, décide de mixer le tout, ça donne Rollerdrome. Bon, ce n’est pas totalement exact, puisqu’on n’est pas sur un skate et que Rollerdrome n’est pas un jeu multi, mais vous avez compris l’idée.

Beaucoup plus ambitieux visuellement avec son esthétique à la Moebius, Rollerdrome nous présente son univers rétrofuturiste où les corporations règnent en maître et où la violence est télévisée.

Kara Hassan est une nouvelle venue dans ce sport qui mélange acrobaties en roller et destructions massives. Dans des arènes aux allures de skate park, elle va devoir jouer du bullet time pour éliminer une ribambelle de gros durs, tout en faisant le spectacle à coups de nose grind, de 360 et autres wallrides, le tout sous un feu nourri.

On s’élance dans l’arène, curieux de voir comment ces mécaniques se marient. Et s’il faut un petit temps d’adaptation pour appréhender les contrôles qui demandent de maîtriser ses déplacements dans l’espace et la précision de ses trajectoires, ça marche bien mieux que ce à quoi je m’attendais.

Les différentes armes ont chacune leur utilité ; si le double flingues permet d’éliminer rapidement les adversaires les moins blindés, le fusil à pompe est nécessaire pour ouvrir des brèches chez les tricheurs qui utilisent un bouclier.

Le lance-grenade est bien plus délicat à manipuler puisqu’il nécessite de savoir viser en cloche (ce qui n’est pas toujours évident en plein saut), tandis que le railgun (obtenu après avoir battu une espèce d’araignée mécanique qui sert de boss) demande un temps de chargement avant d’envoyer la purée, mais aussi de viser précisément avec son tir qui rebondit sur les murs, ce qui permet, si on sait viser, de jolis enchainements. Après, viser avec une manette, hein, bon.

Les arènes sont plutôt bien pensées, certaines étant constituées de plusieurs plateformes séparées par du vide. On a toujours la place pour se lancer dans des figures, et c’est indispensable car elles font partie intégrante de la gestion de nos ressources : c’est le seul moyen de récupérer des munitions.

Dans le contexte du jeu, ce sont les spectateurs qui récompensent notre talent de patineuse en nous offrant de quoi nous défendre, et c’est bien aimable à eux parce qu’on vide nos chargeurs en un ou deux passages sous le nez des ennemis.

La dynamique est rapidement intégrée mais difficile à maîtriser ; on choisit une cible vers laquelle on s’élance, on enclenche le bullet time, on avoine autant qu’on peut en profitant de l’autolock (uniquement disponible pour certaines armes), et on attaque la rampe la plus proche pour faire le plein de munitions.

Évidemment, les ennemis ne se laissent pas faire et nous balancent tout ce qu’ils peuvent : lanceurs de missiles, snipers et autres grunts armés de battes vont tenter de nous péter les genoux. Mention spéciale aux connards équipés d’un rayon bleu qui crame tout sur son passage.

Heureusement, Kara Hassan possède une sorte de sixième sens qui lui indique quand elle est sur le point de se prendre une balle ou de sauter sur une mine, ce qui nous laisse une chance d’esquiver d’une roulade darksoulesque.

Par contre, ça fait quand même beaucoup de boutons à gérer en même temps tout ça, le saut, le tir, le bullet time, le grind, les tricks, le changement d’armes… quand on n’est pas le pingouin qui glisse le plus loin de la banquise, comme moi, on va recommencer les arènes un grand nombre de fois.

Ça se voit que ce n’est pas exactement mon genre de jeu. Gestion de l’espace, du rythme de tir, des ressources, à pleine vitesse et à la manette, forcément, je suis un peu perdu. Mais malgré ça, je m’amuse beaucoup sur Rollerdrome, qui est une belle réussite d’ensemble.

J’ai même connu quelques moments de pur flow, quand tu te laisses porter par le jeu, que tu deviens spectateur de ta propre partie et que tous tes mouvements s’enchaînent parfaitement pour finalement obtenir un très joli score (bon, c’était surtout sur les premiers niveaux).

Visuellement c’est vraiment agréable, de la petite patte graphique aux couleurs en passant par les animations, tout est maîtrisé, fluide et propre. Il y a bien quelques faux raccords, quand tu fais un trick aérien trop près du sol qui devrait faire se rencontrer ton nez avec la rampe, tu te retrouves miraculeusement sur tes patins.

La musique aussi, même si je ne l’écouterais pas en dehors du jeu, accompagne bien l’action. Il n’y a bien que les effets sonores que je trouve un peu timides, sans que ce soit un véritable défaut.

Non, si je dois reprocher quelque chose à Rollerdrome, c’est de m’obliger à grinder comme un débile. Dès que la difficulté augmente un poil, j’ai déjà du mal à finir les niveaux ; j’obtiens un score pathétique certes, mais j’ai survécu et j’ai tué tout le monde.

Sauf que ça ne suffit pas. Pour débloquer les zones suivantes, je dois accomplir un certain nombre de « tricks ». Je pensais que ces défis annoncés en début d’arène n’étaient là que pour améliorer son score et donner du grain à moudre aux complétionnistes (qui vont avoir de quoi s’éclater, pour le coup).

Mais non. Il va falloir se les farcir pour continuer dans l’histoire, et ça, ça m’ennuie terriblement. Certains sont simples, comme esquiver tant de fois telle attaque, tuer tant d’ennemis avec telle arme…

D’autres sont bien plus velus, demandent de bien connaître l’arène ou de maîtriser les figures, et c’est là que ça devient pénible pour moi. Relancer plusieurs fois les mêmes niveaux juste pour valider un défi me casse gentiment les noisettes.

Même si un run ne dure que quelques minutes, je ne suis pas très client du concept. J’ai parfaitement conscience que ça pourrait être indolore pour un joueur plus doué ou plus intéressé par ce genre de challenge, mais à titre personnel ça m’a un peu coupé dans mon élan.

Mais j’ai quand même passé de très bons moments dans les patins de Kara, surtout qu’entre chaque série d’arènes on nous en dit un peu plus sur l’univers du Rollerdrome et ses dessous pas toujours bien propres.

En résumé : gros coup de coeur lors de mes premiers pas hésitants, bonne dynamique une fois les bases comprise, mais petit coup de meh en me heurtant aux limites de mon skill.

Rollerdrome est un jeu au gameplay très bien pensé, à la réalisation impeccable, mais pas très accueillant avec les casual gamers de jeux d’action. Pour les autres, foncez et éparpillez-moi ces pignoufs de snipers sur les murs.

Genre : Action shooter

Développeur : Roll7

Editeur : Private Division

Plateforme : Steam – également sorti sur PlayStation

Date de sortie : 16 août 2022

Prix : 29,99€

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.