Retro Revengers
Hey, Baalim, espèce de vieux débris, c’est pas toi qui aime le retrogaming ? Il y a pas à dire, il n’y a plus de respect dans cette rédaction et ce gros rustre de Harvester, rédacteur en chef, le prouve une nouvelle fois avec un brio qui semble hors d’atteinte pour le commun des mortels. Avant que j’ai eu le temps de dire quoi que ce soit, je me prends une clé PS5 en pleine face pour Retro Revengers, un nouveau titre qui voudrait surfer sur la mode du retrogaming.
« Le retrogaming (ou rétro gaming pour Monsieur Toubon) qu’est-ce que c’est ? » me demande benoîtement le plus candide de nos lecteurs (accessoirement, ce dernier représente probablement 50 % de notre lectorat et de nos ressources publicitaires).
Le retrogaming, les amis, je vais vous expliquer en quoi ça consiste puisque mon job de pigiste sous payé m’impose de rendre service au plus grand nombre pour pas un rond. Le retrogaming, donc, est une pratique étrange qui conduit certains des joueurs actuels à se réfugier dans le passé (parce que c’était mieux avant) pour jouer plus ou moins exclusivement à d’anciens jeux sortis sur les consoles 8 et 16 bits ou les sur les bons vieux micro-ordinateurs, de préférence avec des gros pixels tout moches.
Je plaisante, j’aime beaucoup les jeux en pixel. Il y a de vraies merveilles, que ce soit sur les consoles de l’époque à l’image du sublime ActRaiser ou sur les machines actuelles où l’on peut trouver de véritables références visuelles à l’image d’Ori ou de Hadès. Bref, pour le retrogamer, le plaisir de jouer à un jeu vidéo tient bien plus au gameplay qu’à l’enrobage sonore et/ou visuel, pour aussi contestable que soit cette affirmation.
Bien évidemment, le succès du retrogaming, largement alimenté par le milieu plus ou moins gris de l’émulation et la réédition de nombreux classiques adulés par les joueurs de l’époque ou fantasmés par ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de les découvrir à leur heure de gloire, a logiquement attiré de nombreux développeurs qui se sont engouffrés dans la brèche et se sont mis à produire, surtout dans la sphère indépendante, des jeux inspirés de ceux qui sortaient à l’époque sur les Famicom, Master system, Megadrive ou Super Nintendo.
Bien évidemment, la bonne majorité de ces nouveaux jeux loupe le coche car leurs développeurs ont beaucoup de mal à saisir et à traduire à l’écran tout ce qui faisait le sel des productions d’antan (ça et le fait qu’à l’époque, on ne pouvait imaginer l’importance et l’ampleur des évolutions technologiques qu’allait connaître le secteur).
C’est donc dans ce contexte que débarque ce Retro revengers qui se veut une production bien méta et satirique, stylistiquement proche des anciens Wonderboy et autres platformers de l’époque. On pense bien évidemment beaucoup au plus ou moins récent Astergo en prenant la manette, jeu qui, lui aussi, tentait de faire renaître l’esprit de la légendaire série Wonderboy avant que Monster Boy and the Cursed Kingdom ne débarque pour mettre tout le monde d’accord).
Au niveau du scénario, il n’y a pas grand-chose à signaler, les développeurs s’amusant à singer le principe de Jumanji (Rhoo Robin Williams, jeu de plateau, Joe Johnston, tout ça, tout ça ?) pour l’appliquer au retrogaming.
Nous avons donc 5 amis, Ossan, Mao, Taicho, Matchan et Notchi, plus ou moins nerds (plutôt plus que moins) qui se sont réunis pour tester une nouvelle cartouche de jeu particulièrement obscure (vade retro CD satanas, la cartouche est la sacro-sainte relique des retrogamers. Je ne parle même pas des jeux en téléchargement sans support physique qui sont un peu le pire cauchemar des amateurs).
Bien évidemment pour ceux qui ont vu le ou les films, la cartouche va rapidement aspirer nos « héros » dans un monde imaginaire où chacun d’entre eux va se trouver doté de pouvoirs exceptionnels (lévitation, gerbes de flammes qui rappelleront des souvenirs aux amateurs de Ghouls & Ghosts, cercle de protection etc..) et devoir jouer le rôle des personnages de jeux vidéo qu’il affectionne. Un conseil, ne rêvez jamais, mais alors vraiment jamais, d’être Super Mario.
Ce sera donc l’occasion de placer nos quatre protagonistes dans un jeu de plate-forme assez classique où chacun d’entre eux disposera de compétences qui lui sont propres et évoluera dans des décors plus ou moins variés et liés à sa personnalité. Jusque-là, tout va bien, le jeu est gentiment satirique et le visuel pas trop laid pour ne pas décourager les moins jusqu’au-boutistes des joueurs PS5.
Les deux premiers stages permettront de découvrir un jeu plutôt pas désagréable mais qui n’a pas inventé le fil à couper le beurre et qui se trouve qualitativement assez loin de ses illustres modèles.
Si l’on pense bien évidemment aux différents épisodes de la saga Wonder Boy de Sega/Westone, à Golvelius de Toaplan ou encore au monstrueux Legend of Tonma d’Irem, le jeu est cependant nettement moins réussi que ses modèles, que ce soit au niveau des décors simplistes, de sa palette de couleurs un peu tristoune ou de ses ennemis qui multiplient les clins d’œil et autres easter eggs (Bub, c’est toi ?) sans pour autant impressionner.
Classiquement, chaque niveau se termine par un combat contre un boss où l’on découvre assez rapidement qu’il va s’agir d’exploiter un gimmick pour l’emporter plus facilement. Pour autant, le jeu, bien que classique et vendu à un prix très raisonnable, n’est pas désagréable à jouer. Là où le bât blesse, en revanche, c’est au niveau de la maniabilité. Et ça, ça ne pardonne pas dans un jeu de plateforme.
Sans être foncièrement mauvaise, on ressent dans la maniabilité une certaine latence qui s’avère particulièrement désagréable quand on a l’habitude des jeux comme Super Mario ou Bonze Adventure Taito) où le personnage répond au doigt et à l’œil et où les sauts sont extrêmement précis.
Autre problème : le jeu, bien que tournant sur Playstation 4 et PlayStation 5 pour les besoins de ce test, rame de temps à autre, chose qu’on a du mal à expliquer au regard de ce qui est affiché à l’écran et qui s’avère particulièrement désagréable lorsque ça conduit à se prendre des coups voire un game over impromptu.
À l’arrivée, il nous reste un petit jeu sympathique, joyeusement narquois, vendu à 10€ à peine, et qui n’est pas déplaisant à jouer.
Pour autant, peut-on réellement recommander un tel titre quand il existe tellement de classiques facilement abordables au gré des rééditions, remasters (Wonderboy : the dragon’s Trap, Klonoa Adventure ou encore Wonderboy 6) et des sorties de compilation orientées retrogaming (les gargantuesques Capcom Arcade Stadium I & II) ? J’avoue ne pas encore avoir de réponse définitive à apporter à cette question.
Genre : Jeu de plateforme meta
Développeur : Happymeal/Undercoders
Editeur : RATALAIKA GAMES SL
Date de sortie : 23 juillet 2024
Prix : 10€
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur