Tennis Manager 2024
En ce bel été breton 2024 (en Bretagne, en été, il fait un temps idéal pour les touristes, qu’ils soient lapons, inuits ou groenlandais) quoi de mieux que de s’installer devant son ordinateur pour faire la critique d’un jeu de plein air, tel que Tennis Manager 2024 ?
J’ai joué intensivement à Football Manager 2014 (non, il n’y a pas d’erreur de frappe) que j’ai adoré, à l’époque, même si je ne suis pas fan de football, alors comme j’aime bien le tennis, je me suis dit : Tennis Manager 2024 (que l’on désignera de son petit nom TM24) si c’est comme Football Manager ça va être génial ! Alors, oui et non. Explications ci-dessous.
Le tennis est un spectacle
Première chose qui saute… aux oreilles en démarrant le jeu : la musique. Vous voudrez l’éteindre au bout d’une minute. Résister plus longtemps relève, de mon point de vue, du masochisme auditif. Par contre chapeau bas aux développeurs concernant les effets sonores durant les matchs, ils mettent bien dans l’ambiance.
Les graphismes de l’interface managériale sont fonctionnels, c’est un jeu de gestion après tout, il faut vous attendre à vous bouffer des tableaux. Et là Tennis Manager 2024 s’en sort bien, avec une interface claire, lisible et bien présentée.
Là où cela pêche un peu c’est en ce qui concerne le moteur graphique des matchs. Bon, là je vous entend déjà penser (oui la télépathie ça existe) : le gars il a joué à FM 2014 et il se plaint des graphismes de Tennis Manager 2024 ! Oui, mais c’était il y a 10 ans. Autant dire une éternité au regard de l’informatique ludique (et de la vie réelle malheureusement). Ici, si les graphismes des courts sont bien rendus, la représentation de vos joueuses/joueurs est rigide et les animations, même si, elles ont le mérite d’être variées, sont plutôt saccadées.
Donc, il y a encore matière à amélioration dans ce domaine. Cela étant Rebound est un studio français à taille humaine, pas un mastodonte et puis il s’agit avant tout d’un jeu de gestion sur lequel vous allez passer plus de temps à lire des tableaux, qui comme nous l’avons dit plus haut sont très réussis, qu’à admirer des matchs, qu’il est d’ailleurs possible d’accélérer ou de mettre en pause, voire de résoudre automatiquement.
Concernant les portraits de joueurs et joueuses, dont certains générés à l’aide d’une IA, on se dit, au vu du résultat, que finalement l’IA n’est pas encore prête à supplanter l’être humain. Ce qui en soit est une bonne nouvelle. Heureusement il est tout à fait possible de facilement remplacer les portraits par des fichiers d’images .png de votre choix pourvu qu’ils soient carrés (256×256 pixels). Il est même possible de customiser d’autres aspects du jeu.
En fait TM24 a été conçu pour être assez facilement modifiable ce qui a permis à de talentueux passionnés de mettre en ligne des mods intégrant de vrais joueurs/joueuses, avec leurs portraits, mais aussi les noms et logos de vrais tournois, de changer les panneaux publicitaires, etc. Il est également possible d’éditer la base de données du jeu.
Cette ouverture vers le modding est une excellente initiative de la part des développeurs (nous y reviendrons un peu plus loin). Pour plus d’informations n’hésitez pas à jeter un œil au site de l’éditeur.
Le tennis est un business
Dans TM24 vous dirigez une académie de tennis… ce qui ne devrait pas vous surprendre vu le titre du jeu. Si vous avez lu jusqu’ici, mais que vous vous attendiez, en fait, à la critique d’un jeu de zombies, cliquez ici.
D’abord vous créez votre personnage (oui, il y a un mini côté jeu de rôle) dont les caractéristiques impacteront la difficulté du jeu, car son expérience préalable (de novice à légende) influera ses capacités à entrainer et à gérer les joueurs. Vous pouvez également choisir votre style de management (polyvalent, stratège, communiquant, etc.). Puis, vous créez votre propre académie ou vous en choisissez une déjà existante (ce qui est recommandé lorsque l’on débute).
Ensuite vous recrutez quelques joueurs/joueuses que vous allez devoir entraîner et inscrire à différents tournois (en espérant qu’ils finissent bien placés) dans le but de vous faire de l’argent qui va vous permettre d’améliorer vos installations (salle de musculation, courts, piscine, etc.), de recruter du personnel (préparateurs divers), etc. Bien sûr, il vous faudra également gérer les contrats de vos joueurs, ainsi que ceux des sponsors et équipementiers, tout en s’assurant de la bonne santé financière et du prestige de votre académie. Tout cela en devant faire des réponses adéquates durant les conférences de presse. Du classique de la gestion sportive en somme.
On notera que comme nous n’avons pas affaire à une grosse licence, la plupart des vrais joueurs/joueuses du circuit mondial de tennis ne sont pas pris en compte. Mais, si vous suivez les compétitions, certains noms vous rappelleront probablement quelque chose, tels que Jannik Sienner (alias Jannik Sinner), Novak Djorivik (AKA Novak Djokovic), ou encore Carlos Alcatraz (Carlos Alcaraz dans la vraie vie). Je vous rassure, les développeurs ne souffrent pas d’une incapacité chronique à bien orthographier les noms propres, il s’agit simplement d’une affaire de gestion de droits. Par contre, le studio ayant noué un partenariat avec certaines marques, celles-ci sont présentes dans le jeu.
Le tennis est un engagement
Vous gérez la préparation physique et mentale de vos sportifs, qui ont des attributs qui définissent leurs capacités physiques, techniques et mentales (accélération, jeu de jambe, coup droit, revers, ténacité, sang-froid, etc.). Des attributs que vous pouvez espérer améliorer en établissant un calendrier précis des entraînements ainsi que de leurs types (séries de revers et/ou de coup droits, séries de volées, attaques de fond de court, etc.). A vous de sélectionner ce qu’il faut pour diminuer les faiblesses et augmenter les forces de vos élèves.
Vous pouvez également choisir des programmes préétablis, ce qui s’avèrent bien pratique au début car le nombre de paramètres pris en compte est souvent intimident. Ensuite, grâce à des rapports d’entraînement, vous pouvez suivre la progression (lente) de vos futurs champions et championnes.
Et c’est là que l’on rencontre le premier problème : vos joueurs/joueuses sont un peu des faignasses. Assez souvent, plus ils s’entraînent, plus leur moral baisse. Et vu que l’aspect psychologique est important, bien la solution est de leur accorder des vacances ! Au temps pour la culture de l’effort. Il faut donc savoir jusqu’où pousser vos élèves sachant qu’il est possible d’améliorer leur mental grâce à des causeries (encouragements ou réprimandes durant les matchs) et en remportant des matchs. Encore faut-il en remporter.
Dans TM24 vous inscrivez joueurs et joueuses à des tournois (il y en a des dizaines, pour tous niveaux) puis vous les coachez en temps réel durant leurs matchs, ayant défini leurs stratégies auparavant (plan de jeu grâce aux réglages stratégiques). Ensuite vous pouvez disséquer leurs matchs avec un tableau de statistiques (stats des points, des services, des retours, etc.) et grâce à un outil 3D.
Le tennis est un combat
Ce que j’aimais bien dans Football Manager c’était de prendre la direction d’un petit club, pour ensuite (essayer de) le faire arriver au sommet (ou pas). Oui, parce que dans mes souvenirs dans FM 2014 il était difficile de gagner (à moins de prendre un grand club, bien sûr). Je vous rassure, dans TM24 c’est pareil. J’ai joué au tennis, un peu, il y a certes pas mal de temps. En prenant les rênes d’une petite académie je pensais pouvoir faire bénéficier mes élèves virtuels, de ma petite expérience en terme de tactique grâce aux instructions, très variées, disponibles durant les matchs. Autant dire que je me suis auto-déçu. Dans TM24 gagner est difficile, même face à des adversaires bien moins classés.
Attendez vous, au début, à vous prendre des raclées. Est-ce un défaut ? Pas forcement, mais autant être prévenus. Cela dit il y a 4 niveaux de difficulté (de facile à extrême) ce qui permettra à chacun d’adapter l’expérience de jeu à ses capacités cognitives (finalement, moi j’ai opté pour facile !).
Le problème, à mon humble avis, est que le jeu devient assez répétitif. Entrainements, matchs (raclées), entraînements, améliorations de l’académie, matchs (raclées), la période de découverte passée on commence à s’ennuyer un peu. Je ne sais pas si les concepteurs en ont eu conscience, toujours est-il qu’ils ont rajouté une option qui augmente considérablement l’intérêt du jeu, du moins chez les personnes les plus créatives : le mode Fantasy Court.
Le tennis est un art
Le mode Fantasy Court permet de concevoir des tournois personnalisés en pouvant sélectionner leur logo, type de surface, nombre de tours, de sets, etc. Vous pouvez également créer des matchs (simples ou doubles). Les participants peuvent être édités en choisissant leurs identités, leurs attributs, leur plan de jeu ainsi que leur apparence et leur équipement. Ainsi, grâce aux capacités de modding mentionnées plus haut, et avec pas mal de recherches et de temps on peut donc recréer des tournois ou matchs historiques.
On peut aussi également simplement télécharger sur Steam Workshop des mods confectionnés avec amour par des passionnés (même si à l’heure actuelle ils ne sont pas très nombreux, le jeu étant sorti fin mai). Cela va peut-être vous paraitre bizarre (il en faut pour tous les goûts) mais de mon point de vue c’est sans doute l’aspect le plus réussi du jeu, les développeurs ayant bien compris que la meilleure façon de rajouter de la re-jouabilité et de la longévité à un jeu est de permettre aux utilisateurs de le bricoler (ou de pouvoir profiter des bricolages des autres). Au final il est heureux que TM24 ne soit pas une grosse licence, ce qui en aurait assurément bridé les possibilités créatives. Les petits studios ça a du bon !
Encouragement à la création
Que dire au final de Tennis Manager 24 ? Il y a du bon et du moins bon, mais surtout il y en a pour tous les goûts car en fait les mêmes aspects du jeu qui vont en passionner certains risquent d’en rebuter d’autres. Par contre une chose est sûre, les développeurs ont intelligemment conçu le jeu pour qu’il soit modifiable par les utilisateurs, et c’est une démarche à encourager, en particulier dans les jeux à caractère sportif. Rien que pour cela TM24 vaut le coup d’être essayé.
Genre : Gestion sportive
Développeur : Rebound CG
Editeur : Rebound CG
Date de sortie : 23 mai 2024
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur