Lakeburg Legacies

Vous aimez les soap-opera ? Mais si ! Ces séries interminables du matin ou de l’après-midi, diffusées sur les fameuses « chaines généralistes ». C’est souvent dans une ville américaine, avec des protagonistes pleins aux as, rarement aux prises avec des problèmes vulgairement quotidiens, mais plutôt des jalousies, des trahisons, des amours secrets et des enfants illégitimes qui reviennent. C’est aussi un peu de business avec des coups fourrés entre PDG. Bref, un monde totalement fantasmatique où une personne peut vivre « le plus beau moment de sa vie » quinze fois et se marier douze fois, tout en ayant des enfants avec absolument tout le monde. Cette longue introduction pour vous parler du jeu qui nous intéresse aujourd’hui, Lakeburg Legacies donc, car il en reprend tous les ingrédients.

Les feux de l’amour

Lakeburg Legacies se déroule dans une petite bourgade paumée à une époque médiévale mal définie. Dans ce petit coin de nature, il n’y a qu’une cabane de bûcheron. Et pourtant, c’est de là que partira la plus incroyable série de drames amoureux que vous n’aurez jamais vue : la vôtre.

En effet, vous avez deux missions principales. La première est de développer et faire prospérer votre bourgade, la seconde est de faire naître et entretenir l’amour au sein de votre village. Pour vous aider, vous disposez de votre voyante personnelle experte en relations matrimoniales. C’est elle qui vous guidera pour faire se correspondre les couples au mieux et tenter de créer l’harmonie au sein de votre communauté.

Voilà pour la théorie. Dans la réalité, vos couples vont bien entendu vivre leur vie, faire n’importe quoi, se rencontrer au hasard des chemins, se fréquenter, s’aimer ou se détester, divorcer, etc. Pour rajouter du chaos à la confusion, vous pouvez même provoquer ces rencontres « fortuites », et les encourager dans leurs entreprises.

S’ajoute tout un système d’événements aléatoires qui affectent plus ou moins le village, comme des enfants qui grandissent, des décès, des coups de foudre et des haines farouches ! C’est foisonnant, c’est vivant et, soyons honnêtes, le jeu aurait pu se contenter de cette approche qu’il aurait été déjà fort réussi.

La Clinique de la Forêt-Noire

Mais Lakeburg Legacies ne s’arrête pas à cet aspect, et rajoute toute une partie construction et gestion du village. Ce dernier étant en autarcie complète, il est nécessaire de produire pour pouvoir subsister. Construire des maisons pour loger les couples, puis les familles, construire des bâtiments pour que les gens puissent travailler, prévoir des lieux d’amusement, de rencontres, et finalement proposer une ville fonctionnelle.

Dernier petit point à prendre en compte : vous vous souvenez des couples dont on parlait plus haut ? Devinez où ils vont travailler ! Et maintenant, imaginez la bonne ambiance à la ferme quand le couple se sera séparé à cause du nouveau palefrenier qui travaille justement avec eux… Ah, je ne vous avais pas parlé de la jauge d’ambiance au travail ? Oui, il y en a une aussi, c’est ballot.

Cerise sur le gâteau, la progéniture du village sera assez rapidement demandeuse d’apprentissage. Vous pourrez donc confier vos enfants à des mentors pour qu’ils ou elles apprennent un métier. Ce serait dommage de confier le fils de la boulangère au tailleur de pierre avec qui elle a une liaison dans le dos de son mari. Qui ferait ça ? Oopsy…

Des jours et des vies

Si les interactions semblent complexes, encore qu’elles feront probablement rire un habitué de Crusader Kings 3, le gameplay est suffisamment bien pensé pour que tout se déroule avec une certaine fluidité. Chaque secteur (amour, gestion, familles…) est bien identifié, et on comprend rapidement les bases du jeu. Le tutoriel, indispensable, est également très clair sur les points essentiels. Très permissif, le jeu vous permet de régler assez finement votre façon de jouer suivant que vous cherchiez à approfondir préférentiellement l’aspect gestion, la vie sentimentale, ou que vous préfériez un subtil équilibre des deux.

J’ai évoqué Crusader Kings 3, mais rassurez-vous, point de batailles épiques ou de conquêtes sanglantes. Ici, on est sur du wholesome (si on met de côté le drama bien entendu). Toutefois, on retrouve la notion de créer sa propre histoire. Il n’y a pas de « bonne façon » de jouer. Si votre village périclite, ou si au contraire il devient une belle ville, ce seront simplement deux histoires différentes qui se seront écrites. J’insiste sur ce point, car on peut parfois avoir l’impression qu’il n’y a qu’une voie à suivre. Lakeburg Legacies est un jeu bac à sable où votre matériau de base est le coeur. À vous d’en faire ce que vous en voulez.

Amour, Gloire et Beauté

D’un point de vue visuel, la DA du jeu est toute mignonne. Les couleurs sont vives sans être criardes, les personnages, générés aléatoirement, sont bien caractérisés et les différents bâtiments sont facilement identifiables. Pour la musique on est dans un thème médiéval assez classique, simple et qui vous accompagnera assez discrètement. Condition indispensable pour ce genre de jeu où vous entendrez la boucle musicale pendant des heures et des heures.

On pouvait s’en douter à l’évocation du gameplay, l’interface est touffue. Chaque recoin de votre écran regorge d’informations. En haut vos productions, en bas ce sont vos familles, sur le côté droit, sur le côté gauche, sur la carte générale, il y en a partout ! J’ai regretté de ne pas avoir un écran 4K, juste pour gagner un peu de place. Et pourtant, on s’y retrouve plutôt bien. Alors certes, l’UX/UI n’est pas parfaite et certains choix sont discutables (comme la place fluctuante de la croix pour fermer un panneau, ou le chariot de défilement horizontal pour afficher les habitants), mais dans l’ensemble une petite heure de jeu vous permet de maitriser l’interface.

La partie gestion n’est pas en reste. Et même si elle n’atteint pas les sommets de complexité de certains jeux de tapis roulant qu’affectionne particulièrement notre estimé LupusVII, elle propose quelques petites boucles intéressantes. Ainsi, pour faire des vêtements il vous faut du cuir, cuir qui ne peut s’obtenir que si on chasse ou si on élève des animaux, élevage qui ne peut se construire que si on a suffisamment de pierres, et ainsi de suite.

Et comme la productivité d’une unité dépend non seulement des compétences de chacun, mais également de l’entente entre les employés (coucou les drames), on arrive rapidement à devoir jongler entre pas mal de paramètres qui peuvent devenir des bons petits casse-têtes logistiques.

Plus belle la vie

En conclusion, et malgré ses quelques petits défauts d’interface (pourquoi ne peut-on avoir plusieurs sauvegardes en parallèle ?) qui je l’espère seront bien vite corrigés, on se prend très rapidement au jeu. Que l’on cherche l’harmonie ou que l’on préfère les tourments du coeur, que l’on souhaite une économie efficace ou que l’on s’attache à suivre la vie des familles, Lakeburg Legacies permet de le faire.

Il permet surtout de s’inventer une histoire, faite de rencontres, de crises, de naissances, de jalousie et de tromperies. Bref, une vraie telenovelas qu’on prendra plaisir à suivre pendant des dizaines et des dizaines d’heures.

Genre : RPG – Simulation – Gestion

Développeur : Ishtar Games

Editeur : Ishtar Games

Date de Sortie : 20 Juillet 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur