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Knights of Honor II: Sovereign

Knights of Honor premier du nom est un jeu qui m’a profondément marqué à sa sortie, rien que sa cinématique était époustouflante pour l’époque mais le jeu proposait un gameplay riche qui mélangeait grande stratégie et RTS (certes un côté RTS basique mais où le joueur pouvait faire une réelle différence) avec une interface efficace et des graphismes super mignons pour l’époque. Bref autant dire que je lorgnais sur le deuxième opus, Knights of Honor II: Sovereign, depuis un bail.

Paradoxalement c’est l’autre moche qui a pris la clé et moi qui me colle l’écriture du test (ah l’exploitation des Belges a encore de beaux jours devant elle) (NdHarvester : je confirme !) mais il était clairement impossible pour moi de passer outre la sortie du jeu, c’est dire vu le peu que je joue encore.

Alors évidemment faire une suite d’un jeu culte c’est toujours un peu risqué. Ici les développeurs n’ont pas tenté de réinventer la roue mais plutôt de reconstruire les éléments qui ont fait le succès du titre à l’époque.

Comme ça, ça semble simple mais ce n’était pas un choix évident car au final comment transposer efficacement le gameplay d’un jeu de 2005 en 2022 (ben oui on a un peu de retard et alors ?).

De l’or, encore de l’or toujours de l’or

Bon le principe est assez simple et parlera à tous ceux qui ont essayé un jeu de grande stratégie ces dernières années : vous sélectionnez un pays/une région et vous en prenez le contrôle. Il vous faudra gérer différentes ressources (or, piété, livres, capacité de marchandage, nourriture), construire des bâtiments qui vont influer sur le développement de vos comtés, votre influence, des ressources rares en plus de celles mentionnées ci-dessous et bien sûr la production de troupe.

Pour faire tout cela et tout comme dans le premier opus, vous serez épaulé par des conseillers que vous pourrez recruter (soit parce que ce sont des membres directs de votre famille, soit contre monnaie sonnante et trébuchante), chaque conseiller a un rôle bien défini (tout comme votre suzerain) : marchand, espion, maréchal (général quoi) ou prêtre et donnera différents bonus ou permettra certaines actions.

Bon au final il n’y a que le premier héritier et ceux que vous recruterez comme conseiller qui importent…ah et les mariages.

Malgré les similitudes avec Crusaders Kings 3, le jeu se focalise réellement sur votre royaume et ses provinces plutôt que sur les interactions entre personnages. Il est certes possible de capturer certains espions ou rebelles, de marier vos enfants à des fins politiques mais ça s’arrête un peu là. Ce qui correspond à peu prêt à ce qu’offrait le premier opus.

On se focalise tellement sur le suzerain qu’à chaque passage de flambeau à la mort du suzerain actuel on ne garde que peu de liens familiaux à part les enfants. Contrairement au premier opus, pas question de permettre certains postes aux personnages féminins, elles n’ont qu’un rôle reproducteur. Mais ce que je trouve dommage c’est surtout que seul votre suzerain et ses enfants vont vieillir.

Toulouse Stronk!

Pourquoi dommage ? Parce que vous allez investir dans chaque personnage, le voir passer de niveau, lui choisir des compétences qui vont avec son rôle principal mais au final le personnage le plus important est le seul qu’il faudra remplacer régulièrement.

Les autres ça dépendra de vos envies et généralement on a peu de raisons de remplacer un personnage bien installé par un autre. Bref malheureusement, l’attrait premier suscité par le fait d’avoir une gestion familiale et des personnages à gérer reste quand même un peu décevant.

Kaboom!

Et malgré un charme certain, une prise en main aisée et un gameplay agréable, Knights of Honor II: Sovereign a ainsi plusieurs systèmes qui manquent un peu d’intérêt sur le long terme ou dont l’équilibrage n’a pas été pensé de manière assez poussée. Je vous parlais des ressources plus haut, les livres servent principalement à faire monter vos personnages en compétence (vous l’aurez compris on arrive vite au bout), la piété est totalement anecdotique, la capacité de marchandage qui est importante pour augmenter vos revenus mais demande de sérieux investissements, la nourriture pour la gestion de troupe et enfin l’or.

L’or qui est utilisé pour tout et rien, non stop. L’or qui vous obligera à attendre, vous en aurez besoin pour les bâtiments, le recrutement, le renforcement, les traditions familiales qui permettent d’acquérir des bonus sur le long terme, les missions, les actions et puis l’IA qui en demande pour la moindre action. Résultat, on le garde pour le principal, on ignore les events, on ignore les croisades, on se focalise sur tout ce qui peut renforcer votre économie, l’apport de main d’œuvre pour vos troupes et les troupes.

En 2022 on peut pas dire que ça épate, alors en 2023…

Car les batailles sont, au final, le seul moyen un peu fun de faire bouger les choses. Surtout que l’IA est assez agressive et va faire des alliances défensives et offensives. Raids sur vos implantations (chaque province a un certain nombre de « colonies » qui permettent de mieux spécialiser la province pour l’une ou l’autre tâche), attaque de vos villes et vous pourrez bien sûr rendre la pareille. Ici aussi, Knights of Honor II: Sovereign tente de reproduire ce qui était offert par le premier opus, malheureusement ici en tentant aussi de se coller sur cet ersatz de RTS qui aurait mérité mieux de nos jours.

Ici aussi on est très loin d’un Total War. Les combats ne sont pas très intéressants et pire ils sont peu utiles à gérer soi même. L’équilibrage étant encore un peu bancal entre troupe, le manque d’animations modernes diminue encore le sentiment de faire une quelconque différence, la charge de cavalerie se colle à une unité ennemie comme un cake cuisiné par Harvester plutôt que d’avoir un quelconque impact visuel (et dans le cas du cake d’Harvester je suppose gustatif) et la seule manière efficace de mener le combat est de prendre le contrôle d’un point de capture ennemi avant que celui-ci ne fasse de même avec les vôtres.

Plus de France, le monde va mieux. Dixit un Français que je ne citerai pas.

Bref on apprend vite à faire confiance au nombre et à la résolution automatique des combats. Et c’est un peu comme ça pour tout, Knights of Honor II: Sovereign c’est un Knights of Honor au look moderne mais dont tous les éléments de gameplay manquent de l’impact qu’avait eu le premier à l’époque.

Même chose pour la carte qui, malgré son charme, ne peut être admirée convenablement par manque de zoom de recul (je suppose pour raison de performance mais avoir l’option n’aurait pas fait de mal). Même les modes supplémentaires qui permettent de voir les relations ou les royaumes où vous pourrez marier vos rejetons n’ont pas le charme de l’époque, on se retrouve avec un code couleur et des hachures qui font un peu tristounet.

Certaines régions ont des troupes spécifiques

Alors, voilà, ça ne fait pas pour autant de Knights of Honor II: Sovereign un mauvais jeu, loin de là. Le tout est agréable à prendre en main, la musique est jolie, la carte aussi, on a un système diplomatique intéressant et rien n’est foncièrement mauvais, c’est juste que malgré l’effort pour jouer sur la carte nostalgie il n’arrive pas à faire revivre les expériences de l’ancien opus et peine ainsi à proposer quelque chose de réellement nouveau.

On a donc un jeu sympathique, qui plaira probablement à tout ceux qui trouvent que CK3 ou Total War c’est trop complexe et ça prend trop de temps, un jeu sur lequel on prend plaisir quelques heures mais qui n’arrive pas à laisser l’envie d’y retourner même des années après comme son prédécesseur.

Développeur : Black Sea Games

Editeur : THQ Nordic

Date de sortie : 6 Décembre 2022

Genre: Grande Stratégie light, RTS

Prix : 44,99€

Page Steam

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.